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Écosse : tout va mal pour le Scottish National Party

Une grave crise interne

Écosse : tout va mal pour le Scottish National Party


Le parti indépendantiste qui dirige l’Écosse depuis 2007, a subi deux années de déboires, vient de perdre 38 des 47 sièges qu’il occupait à la Chambre des communes, et est secoué par une grave crise interne.

Au Royaume-Uni, lors des élections générales qui ont eu lieu le 4 juillet dernier, le Scottish National Party a subi une lourde défaite. Le parti indépendantiste qui dirige l’Écosse depuis 2007, a perdu plus de 500 000 voix et 38 des 47 sièges qu’il occupait à la Chambre des communes où l’Écosse est représentée par 57 députés. Ceci a bénéficié au Labour (Parti travailliste, gauche britanniques) qui, par ailleurs, a gagné les élections et repris le pouvoir. Cette déroute électorale s’ajoute à une série de déboires subis par le Scottish National Party depuis deux ans. En 2022, Nicola Sturgeon, Premier ministre d’Écosse et leader du parti, a essuyé un refus du gouvernement britannique concernant l’organisation d’un deuxième référendum sur l’indépendance de l’Écosse (le premier ayant eu lieu en 2014 et ayant donné lieu à une victoire du Non) et la Cour suprême britannique a estimé qu’une telle consultation ne pouvait être organisée sans le consentement de la Chambre des communes. En février de l’an passé, Nicola Sturgeon a démissionné pour convenance personnelle de la direction du parti et du poste de Premier ministre d’Écosse. Le 29 avril de cette année, Humza Yousaf qui avait succédé à Nicola Sturgeon aux deux fonctions, a lui aussi renoncé du fait d’une fronde des quelques députés du Scottish Green Party qui assuraient à son gouvernement une majorité absolue au Parlement d’Écosse. Enfin, depuis quelques mois, le parti est l’objet d’embarrassantes enquêtes judiciaires concernant ses finances, dont l’une met en cause son ancien directeur général qui n’est autre que l’époux de Nicola Sturgeon. Étant confronté à un agenda politique qui fixait les élections à la Chambre des communes au début de ce mois, le Scottish National Party a dû faire dans l’urgence. Le 6 mai dernier, il a porté à sa tête John Swinney, politicien chevronné (leader du parti de 2000 à 2004) et gestionnaire expérimenté (vice-premier ministre du gouvernement écossais de 2014 à 2023). Le jour suivant, les députés du parti ont élu John Swinney Premier ministre d’Écosse. La première mission du nouveau dirigeant était de contenir la progression annoncée du Labour lors des élections générales. On l’a vu, il a échoué.

Grave crise politique interne

Affaibli par ses déboires et sa déroute électorale, le Scottish National Party l’est aussi par une grave crise politique interne. En effet, de nombreux militants reprochent à John Swinney de détourner le parti de la démarche indépendantiste ou de faire passer celle-ci au second plan. Cette contestation s’est dessinée dès l’accession de l’intéressé à la tête du parti et au poste de Premier ministre quand il a déclaré que pour tenir compte de la demande forte d’une partie de la population et contenir le Labour, il convenait que le gouvernement écossais traite en priorité les dossiers sociaux (accès aux soins, lutte contre la pauvreté…) Cette contestation a été confortée par le fait que les médias ont mentionné un changement d’orientation. « Le divorce avec le Royaume-Uni ne semble pas figurer parmi les priorités du nouveau Premier ministre d’Écosse » a notamment relevé le quotidien écossais de centre-gauche The Herald. Aujourd’hui, John Swinney répond aux contestataires que le Scottish National Party doit tenir compte de deux réalités : le message fort adressé par l’électorat qui, en votant majoritairement Labour, a exprimé la demande d’une politique priorisant le traitement de la question sociale ; l’impossibilité pour le gouvernement écossais, du fait de la déroute électorale, de demander au gouvernement britannique une reprise immédiate des discussions visant à obtenir l’organisation d’un nouveau referendum sur l’indépendance. Que semble loin le 18 septembre 2014, jour du référendum sur l’indépendance dont le résultat avait été jugé prometteur par le Scottish National Party (à la question « Should Scotland be an independent country ? », plus de 44% des votants avaient répondu Oui). Que semble loin le 23 juin 2016, jour durant lequel, tout comme le préconisait le Scottish National Party, plus de 62% des électeurs d’Écosse ont rejeté le Brexit. Que semble loin mai 2021, mois durant lequel le Scottish National Party a manqué de peu l’obtention de la majorité absolue en sièges au Parlement écossais et construit cette majorité avec les élus écologistes eux aussi favorables à l’indépendance de l’Écosse. A ce jour, pour le Scottish National Party, tout va mal. Pour en sortir, il va au moins devoir apporter une réponse rapide, concrète et satisfaisante à la question suivante : comment de concert traiter la question sociale et avancer vers l’indépendance ?

Alexandra Sereni
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