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Un sérieux avertissement pour le mouvement nationaliste

Quel avenir pour notre île

Un sérieux avertissement pour le mouvement nationaliste


Sans véritable surprise Jean Félix Acquaviva a perdu son siège de député qu’il a laissé au candidat de droite, François Xavier Ceccoli. Les nationalistes disposent donc désormais des sièges de Bastia et de la circonscription de l’extrême sud. Cette perte d’un siège pourrait sembler anecdotique si les vainqueurs n’avaient eu besoin d’un véritable front républicain pour l’emporter. D’une certaine façon, cette élection a fragilisé le mouvement nationaliste face à une nébuleuse RN qui n’a certes pas réussi à emporter des sièges, mais s’est imposé comme une force incontournable dans une élection à dimension locale.


Les aimables ont gagné


Cela peut paraître une analyse de petite envergure, il apparaît néanmoins que les deux députés à qui chacun s’accorde à reconnaître de l’amabilité et une empathie non feinte pour leurs concitoyens l’ont emporté. La Corse est une terre où les petites blessures peuvent jouer un rôle fondamental dans le choix des urnes. Le professeur et le médecin, deux métiers honorés depuis des lustres en Corse, ont été réélus. En face, le RN a souffert de candidats décidément trop extérieurs à la société insulaire. Cela démontrait sans doute possible un ancrage plus que médiocre en termes de militants et d’appareil.

Quel avenir pour notre île


Croire un instant que dans le contexte agité qu’ouvre le nouveau parlement, la question corse va se retrouver au centre de la table, tient de la grande illusion. Le Parlement va être divisé entre trois blocs qui, dans le meilleur des cas, parviendront à ponctuellement s’entendre sur de grandes questions consensuelles. En Corse, Laurent Marcangeli va se positionner avec Edouard Philippe et Gérald Darmanin à droite, bien à droite rompant ainsi avec la démarche autonomiste et visant les présidentielles. Sur les trois quarts des problèmes, les voix vont se disperser et les alliances se former et se déformer au gré des séances. Dans une France en crise de système, la Corse va devoir apprendre à gérer son quotidien presque seule et affronter les difficultés liées aux transports, à l’énergie, à l’injustice sociale. La majorité nationaliste doit comprendre que son apparente indifférence face à l’accroissement de la misère est pour beaucoup dans la poussée de l’extrême droite en Corse comme ailleurs sans doute possible.

Le mythe du vote « allogène »

Que des continentaux installés récemment aient voté RN est une forte probabilité comme d’autres ont dû voter pour la gauche et d’autres enfin pour les nationalistes. Le sénateur Pariggi, avant même d’avoir les résultats définitifs a parlé d’électeurs pro nationalistes dans le centre de l’île et pro RN puis pro Ciccoli sur le littoral. Il oublie tout simplement qu’une étude parue dans le Figaro après les territoriales de 2015 démontrait que c’était justement un vote « continental » qui avait permis au mouvement nationaliste de briser le plafond de verre. Il oublie plus généralement que Paul André Colombani a été brillamment réélu dans une circonscription où le vote des nouveaux venus est certainement plus important que dans celle du centre. Il oublie que le député Femu de Bastia a également été réélu sans grande difficulté. Alors, quelle conclusion en tirer sinon qu’au lieu d’énoncer des balivernes, dont la seule raison d’être est le dépit, les nationalistes feraient bien d’accepter de regarder la réalité en face. Ils ont tout simplement déçu une partie de leur électorat. À eux de regagner ces voix égarées.

Un électorat corse avalé par les nouveaux arrivants ?


Il n’en reste pas moins que l’arrivée massive de nouveaux venus en partie issus des catégories sociales aisées, mais également d’une population misérable à quête d’un bonheur en forme de mirage, rebat singulièrement les cartes de la représentation insulaire. Il est exact que ce flot de nouveaux venus ne connaît rien aux problèmes que nous devons affronter, des problèmes spécifiques qu’on ne saurait confondre avec ceux plus généraux du continent. De plus, la spéculation immobilière tend à créer des poches de richesse habitée par des non-Corses et dont les intérêts diffèrent de ceux qui occupent la plupart d’entre nous. La question est cependant sans réponse, car jamais les nationalistes n’ont défini les critères de la corsité. En attendant et plutôt que de rester campés sur des positions encore et toujours idéologiques et idéologistes, nous ferions bien de prendre le taureau corse par les cornes, de relever nos manches et créer les outils pour intégrer les nouveaux venus en offrant à notre peuple une véritable dynamique d’avenir. Pour un proche avenir, il va nous falloir apprendre à voguer parmi les remous d’une France en plein désordre.

GXC
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