Calv'in Blues du 11 au 13 juillet
Un festival sous les étoiles
Calv’in Blues
Un festival sous les étoiles
Toutes les déclinaisons du blues voilà ce que propose Calv’in Blues. Une manifestation à l’initiative du batteur-chanteur Charly Ménassé et de Jean Sicurani, organisateur des Rencontres musicales de Calenzana… Promesses de belles soirées sous les étoiles.
On dit de Charly Ménassé qu’il est au croisement du jazz, du blues, de la soul et de la chanson française puisqu’il chante dans la langue de Voltaire sur ses compositions. Ses mots évoquent des problèmes de société, dénoncent les injustices. Il sait user du rire pour surmonter les travers humains. Batteur-chanteur il s’entoure de Fifi Chayeb à la basse et de Max Raffo à la batterie. Son dernier album s’intitule, « Ce que sont les hommes ».
Fred Chapellier est l’autre point fort de la soirée du 12 juillet. Chanteur et guitariste son blues est léché et sophistiqué. Il soigne très finement ses arrangements. Par l’esprit et son niveau technique élevé il produit une musique très aboutie. En tant que musicien outre ses récitals il a participé à moult enregistrement d’artistes. Son ultime CD se nomme « Live in Paris ». Sur la scène calvaise il est accompagné de trois guitares, de trois cuivres et d’une rythmique. C’est un musicien solide dont le succès va grandissant.
De White Feet emmené par Nasser Ben Dadoo le journal « Le Monde » a relevé la voix puissante et grave qui a l’originalité de faire dialoguer le blues d’Afrique et celui du Mississipi. On remarque encore chez White Feet des créations aux parfums d’émancipation sociale. D’où un jazz que d’aucuns qualifie de moderne et voyageur.
La soirée du 13 juillet va conclure Calv’in Blues en beauté avec le Gospel Voices et du pianiste du groupe. Rien d’étonnant à ce que Charly Ménassé et Jean Sicurani aient invité un groupe de gospel car ce genre religieux au départ repose sur la même structure musicale que le blues, les voix étant là pour apporter de la couleur. Gospel Voices chante du traditionnel et des créations. L’ensemble a été formé par Max Zita originaire de la Guadeloupe venu parfaire sa culture musicale à Paris. Il a collaboré avec Céline Dion, Christophe Maë, Lara Fabian, Rhoda Scott, Johnny Halliday.
Max Zita a également fondé le chœur, « Gospel pour 100 Voix » au moment de la commémoration des 150 ans de l’abolition de l’esclavage.
Le festival commence le 11 juillet pour des raisons de timing on n’a pas pu parler du récital de Medi. Nous nous rattraperons lors d’un autre de ses passages en Corse. Medi, auteur-compositeur- réalisateur- interprète-producteur vient de sortir l’album, « Friend » aux accents soul, blues, gospel et folk.
Les organisateurs de Calv’in Blues ont aussi proposé une prestation de Scemusica System en langue corse. On attend le premier enregistrement de ce groupe cet hiver, que nous guettons avec impatience.
Michèle Acquaviva-Pache
- · 12 / 07 Charly Ménassé et Fred Chapellier
- · 13 / 07 White Feet et Gospel Voices
ENTRETIEN AVEC CHARLY MÉNASSÉ
Pourquoi et comment avez-vous lancé Calv’in Blues avec Jean Sicurani ? Qui de vous deux a eu cette initiative ?
J’avais cette idée depuis un bon moment. Je suis de Calenzana mais mon village ne me paraissait pas évident. Il est trop petit. Calvi me semblait plus envisageable. En 2022 j’ai proposé à Jean Sicurani d’expérimenter un concert de blues aux Rencontres musicales de Calenzana qu’il organise. Il a accepté et le public était au rendez-vous. Parallèlement le maire de Calvi a demandé à Jean de lui faire une proposition de manifestation. Résultat en 2023 nous avons concrétisé notre projet axé sur le blues.
Pensiez-vous alors à l’ancien et très célèbre festival de jazz de Calvi ?
Bien sûr. Le festival organisé pendant des années par René Caumer était une magnifique institution. Ce festival renaît d’ailleurs depuis peu et j’y ai joué. Cette manifestation s’est terminée le 30 juin. On a pris soin qu’il n’y ait pas d’interférence avec elle en commençant le 11 juillet et en sachant que les aides et subventions publiques sont plutôt à la baisse ! Revenu en Corse en 2016 le batteur-chanteur, que je suis, est ravi de pouvoir se produire sur l’île et d’y jouer dans de bonnes conditions, en particulier au Calv’in Blues. A noter qu’Aurelia Sicurani, présidente du festival nous donne un grand coup de main en s’occupant de l’organisation en amont ce qui est primordial.
Vos concerts sont en plein air. Où cela se passe-t-il ? C’est bon de se produire sous les étoiles ?
En plein air on peut accueillir plus de monde car il y a plus d’espace. En soirée on bénéficie aussi de belles lumières et de d’un excellent éclairage. Jouer sous les étoiles est magnifique. Féérique. Le festival se déroule dans le théâtre de verdure situé à l’ancien port de commerce de la ville.
De quelle manière avez-vous composé votre programmation ? Quel dosage de styles musicaux avez-vous recherché ?
On s’est voulu éclectique. Le blues est le pivot du festival mais il est décliné de plusieurs façons et nous proposons également du gospel.
Vous avez aussi mis à l’affiche un nouveau groupe de création récente, « Scemusica Soul Sytem ». Qui a l’originalité de joindre blues et langue corse. Pouvez-vous nous en dire plus ?
« Scemusica Soul System » qui allie soul, rythm‘n blues et corse représente un véritable challenge que nous avons relevé. Nous avons voulu montrer que la langue corse peut résonner avec toutes les musiques et donc avec le blues… sans tomber dans l’italien. On a réussi à surmonter les difficultés. J’ai misé sur le vieux répertoire insulaire dont j’ai réarrangé les musiques. J’ai repris deux titres des « Varans », groupe de rock des années 90 dont les textes sont fantastiques et m’ont emballé. Letizia Giuntini nous a écrit des textes en corse ainsi que Silvia Mamberti.
Vous êtes un batteur-chanteur reconnu dans le monde du jazz. Quel est votre parcours ?
J’ai commencé tout jeune comme beaucoup d’entre nous en jouant dans les bals, puis j’ai accompagné des chanteurs et j’ai participé à des enregistrements. J’en suis ensuite venu à composer des musiques pour moi et des paroles en français. J’ai monté un trio où j’ai jazzifié les Beatles que j’aime beaucoup mais en respectant la structure de leurs textes
Maintenant vous êtes un retraité très actif !
Jouer tant que l’on peut est une hygiène de vie qui entretient le cerveau. Et puis jouer c’est en moi, je continue à le faire dans ma maison de Calenzana deux à trois heures par jours. Dans mon itinéraire de musicien j’ai travaillé le piano mais je ne suis pas un professionnel. Par contre je suis un vrai batteur. En 2016 j’ai retrouvé ma mère au village et je n’ai plus eu envie de repartir à Paris où j’ai fait carrière. A Calenzana je suis très bien, car je connais les gens depuis toujours.
Accorder le français et le jazz est-ce facile ?
Pas très !... Parce qu’en français contrairement à l’anglais ou à l’italien il y a peu d’accents toniques. Mais Nougaro prouve que c’est possible. Il est un maître en la matière. Henri Salvador aussi. Aznavour dans certaines de ses chansons est également très jazzy.
Dans vos chansons vous incluez le rire, la dérision. Pourquoi ?
J’aime l’humour noir qui est provocateur. J’exorcise ainsi mes soucis… Dans mes chansons je traite de problèmes graves avec légèreté. J’ai fait, par exemple, un texte sur la pédophilie dans l’Eglise après avoir entendu le cardinal Barbarin s’exclamer « Ce ne sont que des hommes ! ». Je dénonce les extrêmes, le racisme, les travers. Je suis un fan de Brassens. Son « Mort au gorille » est remarquable. J’aime encore Boby Lapointe dont les paroles les plus enlevées comporte toujours des piques.
Comment s’est passé la première édition de Calv’in Blues ?
Le public a été très content même si on a eu un problème avec André Ceccarelli qui est tombé malade et n’a pu venir. Cependant les deux autres musiciens de son trio ont assuré le concert.
Votre manifestation convoque bon nombre d’instrumentistes. N’est-ce pas compliqué de les faire venir en début d’été ?
Pour inviter des musiciens de talent on a pris nos précautions. On les a contacté avant qu’ils n’aient bouclé leurs tournées d’été… J’ajoute que sans la participation de la CdC on n’aurait pu recevoir autant de musiciens réputés.
Propos recueillis par M. A-P