• Le doyen de la presse Européenne

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Association " Donna di Corsica " n'est pas contre les hommes
J’ai eu de la chance de m’en sortir, alors je me suis dit que je devais aider


Partie de la ville de la plaine orientale où elle vivait l’enfer des violences intra-familiales, Laetizia Constantini est arrivée en fuyant le conjoint qui la maltraitait, un jour septembre 2019 dans la petite commune de Pietranera dans le Cap. Posée, seule face à la mer, sentant enfin la libération du poids psychologique et physique de la maltraitance, et consciente d’être une miraculée, l’évidence s’est imposée à elle : Elle devait faire tout ce qu’elle pouvait pour sauver ceux et celles qui étaient confrontées à ce terrible fléau.


A l’époque il n’y avait aucune structure officielle ou association vers lesquelles se tourner pour trouver de l’aide. Complètement isolée, son fils sous le bras, qu’elle avait réussi à préserver de de ces souffrances, le hasard la fait s’installer à côté de Jean-Paul, coiffeur historique de la petite commune et sensibilisé au VIF par ces anciennes activités dans le milieu du show-business. Jean Claude va alors immédiatement l’épauler dans son combat. Sans argent et sans soutien, Laetizia crée en novembre 2020 Donne di Corsica. Dans son petit appartement, elle imprime des flyers et va les distribuer dans les rues de Bastia. Bouteille à la mer ? L’important était d’agir et transmettre aux victimes qu’elles n’étaient plus seules face à leur détresse. Jean-Paul et elle lancent dans la foulée le site internet et la Page Facebook de l’association (60 000 Personnes)

Ils sont alors contactés par Lucien Douib, dont la fille a été froidement abattue par balle par son conjoint à l’Île-Rousse le 3 mars 2019. Ce père meurtri à désespérément besoin d’une aide de confiance sur l’île. Le cas de Julie Douib a largement dépassé les frontière de la Corse. Son retentissement, qui a gagné toute l’Europe, est devenu le symbole de la lutte contre les féminicides. Et il se trouve que si Laetizia a eu le courage de sortir de son enfer, c’est qu’en apprenant le décès de Julie elle s’est dit qu’elle serait la prochaine. Laetizia et la famille Douib vont alors se soutenir dans leur lutte pour Julie, et pour les autres victimes. Intensément liés d’amitié, ils mènent aujourd’hui ensemble ce combat primordial. Julie a sauvé beaucoup de femmes, concède Laetizia avec tristesse ; mais aussi avec un grand respect, et une forme d’espoir. Car l’assassinat atroce de cette jeune femme lui a malheureusement donné, grâce au combat de sa famille et de l’association, une forme d’éternité ; et le pouvoir de sauver de nombreuses victimes.

Laetizia prend alors rendez-vous avec la maire de Pietranera Marie-Hélène Padovani, qui sans hésiter va immédiatement lui attribuer un local et une petite subvention, afin que Donne di Corsica soit plus efficace. Malheureusement, contrairement à La Maire de Pietranera, cette lutte est encore à cette période-là souvent envisagée avec le voile du déni par les pouvoirs publics. Selon les propres mots d’une ancienne ministre pourtant d’origine insulaire lors d’une réunion officielle, à qui elle demandait de l’aide, Laetizia s’était vu retourner « Il n’y a pas d’inceste en Corse »

Si la Corse n’est pas au-dessus des pourcentages moyens recensés en France et en Europe, elle n’en est pas non plus exempte. Elle se situe dans la moyenne de tous. La violence n’est pas une question de culture ou de milieu social. Elle touche tout le monde, partout. C’est une question d’héritage, de frustration, de société aussi. Et de profils psychologiques précis, eux-mêmes souvent dans le déni « Pour exprimer une forme de regret, encore faut-il en avoir conscience » Pendant des années, l’entourage familial ou social des victimes a souvent fait l’autruche
devant des cas de VIF. Pour des raisons de proximité ; ou de paix, sociale ou personnelle. Mais aussi car ces persécuteurs du quotidien familial ont souvent en dehors de la famille un tout autre visage, inspirant confiance.


Depuis, des services comme l’ ONV (Observatoire national des violences) ont été créés. Mais de par sa fonction de recensement des VIF, il résonne forcément comme une coquille vide, car quid de l’aide aux personnes en détresse. Et, on aurait pu se réjouir par la création des MPF (Maison de protection des familles) suite au Grenelle des violences conjugales le 3 septembre 2019 : Une cellule de 4 gendarmes spécialement formés aux cas des VIF, au sein des brigades départementales ; qui se déplacent immédiatement en civil au domicile des victime pour recueillir leurs témoignages, constater les faits, et les protéger. En leur évitant l’appréhension de venir déposer plainte directement au sein d’une gendarmerie. Donne di Corsica loue avec un immense reconnaissance l’investissement de ces cellules et de leurs agents. Selon la procédure, toutes les victimes sont automatiquement dirigées vers eux, et il n’y a plus désormais, de vices de forme derrière lesquels pouvaient se réfugier les coupables. Mais les MPF ne sont joignables que de 8H à 12h et de 14h à 18h ? Une gageure, pour Laetizia Constantini. L’association, elle, est disponible 24/24 - 7 jrs/ 7 car la plupart des appels arrivent dans la nuit ou le Week-end, lorsque le coupable est débarrassé de ses apparats de la vie sociale. Tout de même, une fois passées par les MPF, les victimes sont aussi systématiquement orientées vers une UMJ (Unité médico Judiciaire) où des médecins spécialisés les reçoivent afin de déterminer le nombre de jours d’ITT et entériné la procédure judiciaire ; ensuite transmise à un magistrat Compétent. Les coupables sont alors directement mis en garde à vue, puis en examen. Au sein de l’hôpital de Bastia, l’UMJ est disponible 7Jrs/7. Laetizia Constantini avoue lui accorder une considération sans limite. Tout comme aux 4 avocates du barreau insulaire (Marie Mathilde Pieri d’abord, là dès le premier jour ; Janine Bonaggiunta, Johanna Giovanni, Linda Piperi) qui bénévolement, défendent corps et âmes les plaignant(e)s de l’association auprès des 2 tribunaux correctionnels de l’île. Les deux préfets et leurs chefs de cabinet sont eux-aussi très présents. Mais en dehors des dons à et adhésions à l’association, aucune autre aide financière de la part de l’état ou des collectivités. Pourtant il faut mener le combat sur le terrain ; loger et nourrir les victimes, qui se retrouvent sans ressources et sans toit. On met souvent la main à la poche, reconnaissent avec fatalisme Jean-Paul et Laetizia. Heureusement certains entrepreneurs comme Jean-Louis Mocchi, les ont parfois généreusement aidés. Et la Fédération nationale des violences faites aux femmes de Sylvain Grévin leur a apporté son soutien. Donne di Corsica en est le représentant officiel en Corse. Grâce à ces aides, ils ont pu confectionner des T-Shirts, lancer une campagnes d’affichage sur les murs des lycées afin de sensibiliser la jeunesse ; ou encore financer cette banderole « Justicia - Donne di Corsica » sur les grilles du palais de justice de Bastia lors de la comparution du meurtrier de Julie, et qui a déclenché le buzz
permettant à cette triste histoire de traverser les frontières et de cristalliser le combat contre les VIF.

Laetizia reconnait n’être pas très politiquement correcte et libre. Elle avoue que les institutions sont souvent soumises à des contraintes administratives « J’ai mon vécu pour moi. Je suis là pour aider les gens. Je recueille des enfants victimes d’incestes, des femmes et des hommes dans des situations dramatiques. Si j’entends des inepties, je me lève et je m’en vais » Elle tient aussi à préciser à l’époque du #metoo qu’ elle n’est pas pour un féminisme trop radical « Donne di Corsica n’est pas contre les hommes. j’ai déjà recueilli des hommes battus ou victimes de viol. Il y a une majorité d’hommes bienveillants ». Ne serait-ce que le parrain de Donne di Corsica, le Comédien Michel Ferracci, qui ne se contente pas de mettre sa notoriété au service de l’association, mais qui est un parrain très actif. Selon ses propres mots voilà ce que l’on pourrait dire d’un être humain normalement constitué « Je suis un homme, j’ai une femme, des enfants. Je suis contre la violence envers les femmes, envers les enfants, envers les hommes. Je suis contre la violence »


Peut-on voir l’avenir avec un peu plus de sérénité, étant donné certaines avancées ? Non, répond Laetizia Constantini. Car les magistrats appliquent rarement les peines prévues par le code de procédures pénales, pour des raisons d’encombrement des établissements pénitentiaires « Dernièrement, pour un cas d’inceste particulièrement extrême, la peine prévue a été divisée par 2. Et pour un homme qui avait défoncé le sternum de sa compagne à coups de pieds, 2 ans avec sursis : C’est inadmissible » De plus, avec la paupérisation de la société et l’augmentation du trafic de drogue « Droga Fora, n’est plus qu’une formule » les violences intra-familiales vont passer d’un phénomène de non-conscience intrinsèque à un phénomène de société. Paupérisation, drogue et d’alcool en augmentation exponentielle, sont le futur cocktail explosif d’une violence ordinaire « Frustrations, angoisses des fins de mois difficiles, contexte politique conflictuel, visibilité d’avenir nulle. Le Shumsex, la drogue utilisée par Pierre Palmade est déjà en train d’envahir la Corse. La Solution est politique et économique. Sociale. Mais vu la conjoncture actuelle, je sais que mon combat est loin d’être terminé »


Alors, si vous voulez répondre à l’adage de solidarité, chère à notre culture Nustrale, en aidant L’association a soutenir la quête de renaissance des victimes de VIF.
N’hésitez pas à contacter Laetizia et Jean-Paul (cf : liens ci-dessous) Car Donne e i altri di Corsica n’ont jamais eu autant besoin d’âmes de bonne volonté. E di u vostru sustegnu


Jean SOAVI
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