Tourisme : le mythe du « voyageur »
Même si le tourisme a eu pour origine le « Grand Tour » élitiste qui désignait le voyage à travers l’Europe de jeunes aristocrates britanniques, je n’adhère pas au mythe du voyageur et à ses relents malsains de différenciation sociale.
Les touristes sont de retour. Leur arrivée est diversement appréciée. Les uns sont soulagés de pouvoir peut-être sauver un peu de leur chiffre d’affaires. Les autres s’inquiètent qu’un afflux incontrôlé provoque un rebond de la pandémie Covid-19 que beaucoup chez nous croient, à tort, relever du passé. Enfin, les anti-touristes primaires retrouvent, matière à pester ou dénigrer. Pour ma part, je n’adore ni ne déteste le touriste. Bien entendu, comme beaucoup, je préfèrerais que les centaines de milliers de personnes qui débarqueront en juillet et août chez nous soient toutes aisées et dépensières dans les hôtels, les bars, les restaurants et les boutiques. Mais ce n’est pas le cas. Il y a certes des touristes aisés. Mais dans leur grande majorité, comme vous et moi, ils ne disposent que de revenus plutôt modestes et de budgets vacances encadrés. Faut-il pour autant considérer « Ch'elli ùn ci portanu nunda » et les mépriser en les qualifiant systématiquement de « pumataghji » ? Je réponds clairement non même s’il advient que, moi aussi, je sois incommodée par la pression touristique ou excédée par certains comportements. Oui je n’aime pas rouler au pas des heures derrière des vélos, des camping-cars et des caravanes. Oui, quand je fais mes courses, je déteste faire la queue derrière des grappes de personnes bruyantes et dépenaillées. Oui j’admoneste vertement celles ou ceux qui viennent faire du bord-à-bord avec ma serviette sur la plage ou dont le chien s’ébroue à deux pas de moi en me couvrant de sable. Oui je suis irritée de constater que nombre « d’amoureux de la Corse » adorent tant notre île qu’ils se croient obligés de capter son eau à la moindre source, fontaine ou borne pour remplir les réservoirs d’eau de leurs camping-cars, ou de déposer un peu partout des offrandes sous forme d’ordures ménagères ou d’excréments. En revanche, généralement, je respecte celles et ceux qui en venant chez nous font preuve le plus souvent de respect et dépensent à la hauteur de leurs moyens.
Le fameux « bon touriste »
Il arrive que les ennemis déclarés du tourisme s’essaient à expliquer rationnellement leur aversion. Ils avancent alors n’avoir rien contre le « voyageur » qui serait paré de toutes les vertus et déplorer que cette espèce de visiteurs soit rare ou en voie de disparition. Ce distinguo, il convient de le souligner, trouve grâce auprès de certains de nos visiteurs. Je n’y souscris pas car il n’a rien de pertinent et relève d’une façon de ne pas dire les choses franchement. En fait, pour celles et ceux qui chez nous disent l’aduler et regretter sa rareté, le « voyageur est au fond « un bon touriste ». Traduire : un individu aisé, dépensier, affichant du savoir et affectant « comprendre les Corses ». Quant au visiteur qui se dit « voyageur » et non touriste, il n’est le plus souvent qu’animé par la volonté d’affirmer sa différence avec une multitude dont il déplore qu’elle envahisse ce qu’il croyait être son Eden et à laquelle il ne veut pas être assimilé. Or ce visiteur n’a rien d’un « voyageur ». En réalité, il affiche un statut social. Pour comprendre cela, il suffit de se référer à ce qu’exprimait le dessinateur Reiser, il y a quelques dizaines d’années, dans les planches « Les riches et les pauvres », et plus particulièrement à une d’entre elles qui faisait ressortir que si les riches vont aux bains de mer, c’est une curiosité, si les pauvres vont aux bains de mer, c’est une invasion. Alors, même si le tourisme a eu pour origine le « Grand Tour » élitiste qui désignait, au 18ème
siècle, le voyage à la fois pédagogique et initiatique à travers l’Europe de jeunes aristocrates britanniques, je n’adhère pas au mythe du voyageur et à ses relents malsains de différenciation sociale. Je préfère m’en tenir à considérer, comme le fait l’Organisation Mondiale du Tourisme, que toute personne qui arrive chez nous pour plus de 24 heures et moins de quatre mois, dans un but de loisirs, est tout simplement un touriste et à affirmer que cette personne, qu’elle soit riche ou non, est a priori en droit d’être respectée.
Le fameux « bon touriste »
Il arrive que les ennemis déclarés du tourisme s’essaient à expliquer rationnellement leur aversion. Ils avancent alors n’avoir rien contre le « voyageur » qui serait paré de toutes les vertus et déplorer que cette espèce de visiteurs soit rare ou en voie de disparition. Ce distinguo, il convient de le souligner, trouve grâce auprès de certains de nos visiteurs. Je n’y souscris pas car il n’a rien de pertinent et relève d’une façon de ne pas dire les choses franchement. En fait, pour celles et ceux qui chez nous disent l’aduler et regretter sa rareté, le « voyageur est au fond « un bon touriste ». Traduire : un individu aisé, dépensier, affichant du savoir et affectant « comprendre les Corses ». Quant au visiteur qui se dit « voyageur » et non touriste, il n’est le plus souvent qu’animé par la volonté d’affirmer sa différence avec une multitude dont il déplore qu’elle envahisse ce qu’il croyait être son Eden et à laquelle il ne veut pas être assimilé. Or ce visiteur n’a rien d’un « voyageur ». En réalité, il affiche un statut social. Pour comprendre cela, il suffit de se référer à ce qu’exprimait le dessinateur Reiser, il y a quelques dizaines d’années, dans les planches « Les riches et les pauvres », et plus particulièrement à une d’entre elles qui faisait ressortir que si les riches vont aux bains de mer, c’est une curiosité, si les pauvres vont aux bains de mer, c’est une invasion. Alors, même si le tourisme a eu pour origine le « Grand Tour » élitiste qui désignait, au 18ème
siècle, le voyage à la fois pédagogique et initiatique à travers l’Europe de jeunes aristocrates britanniques, je n’adhère pas au mythe du voyageur et à ses relents malsains de différenciation sociale. Je préfère m’en tenir à considérer, comme le fait l’Organisation Mondiale du Tourisme, que toute personne qui arrive chez nous pour plus de 24 heures et moins de quatre mois, dans un but de loisirs, est tout simplement un touriste et à affirmer que cette personne, qu’elle soit riche ou non, est a priori en droit d’être respectée.