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Un grand banditisme sous les feux de la JIRS et du procureur Bessone

Le dcossier traîne dans de nombreuses rédactions comme d'habitude .......
Un grand banditisme sous les feux de la JIRS et du procureur Bessone


Le dossier traîne dans de nombreuses rédactions comme d’habitude, mais il revient au Nouvel Obs d’en avoir dévoilé certaines pages. Il est intitulé Email Diamant et relate dans le détail l’enquête portant sur le blanchiment d’argent du Petit Bar ce gang ajaccien qui a fait parler de lui dans de nombreuses affaires d’assassinats et de racket et prépare une sorte de maxi procès du Petit Bar au cours duquel seront jugés des voyous, des membres de la société civile et des intermédiaires.



La pénétration du monde économique, politique et judiciaire



La lecture du volumineux dossier fait apparaître une sorte de stéréotype mafieux puisque ce gang criminel a réussi dans le microcosme ajaccien à jouer des trois piliers d’un système mafieux : la connexion entre les mondes politiques et affairistes sous la coupe d’un cerveau criminel. C’était déjà le cas pour la Brise de mer à Bastia dont l’ébauche débute à la fin des années 1970 à l’occasion de la guerre à Marseille entre Gaetano Zampa et Jacky Imbert dit le Mat. Mais le véritable envol du gang date de 1981 avec l’assassinat de Louis Memmi, juge de paix du milieu pour la Haute Corse. L’État est alors omnibulé par la lutte contre le FLNC et s’occupe marginalement de la voyoucratie. La Brise de Mer, dûment cornaquée par Richard Casanova, un ancien du FLNC, met au point un système de tontine criminelle. Tous les gains sont distribués à parts égales entre les membres du groupe. C’est cette cohésion qui va permettre à la Brise de Mer de se hisser en haut du podium et d’investir à l’étranger. Dans le sud de l’île, le monde de la truanderie est peu à peu rongé par la Brise de Mer et ne doit sa survie qu’à la présence de Jean Jé Colonna qui s’efforce de maintenir un fragile équilibre qui ne saurait masquer les conflits latents à Ajaccio entre ce qu’on a abusivement appelé le clan Orsoni notamment incarné par Antoine Nivaggioni et la montée en puissance d’autres forces désireuses de mettre la main sur la poule aux œufs d’or que représente la CCI. C’est la mort accidentelle de Jean Jé Colonna le 1er novembre 2006 qui va précipiter la guerre déjà en germe.



Meutres en série


Le 25 août 2004, Roger Polverelli, figure du grand banditisme corse, a vraisemblablement été exécuté pour un différent avec le Petit Bar. Le 14 mars 2005, Francis Castola gérant du Petit Bar ; est abattu vraisemblablement en guide de réponse à l’assassinat de Polverelli. Paul Giacomoni, ancien du Canal habituel, désormais délinquant de droit commun, est tué le mercredi 13 septembre, par un tireur isolé dans la périphérie d’Ajaccio. Le 10 mars 2006, Robert Feliciaggi dit l’Africain, proche de Jean Jé Colonna est abattu sur le parking de l’aéroport ajaccien. En août suivant, Jean-Jacques de la Foata est abattu à Mezzavia par un tireur d’élite. Déjà le conflit avec d’anciens du FLNC Canal habituel a fait de nombreuses victimes. C’est d’ailleurs la neuvième en un an. En mai 2006 c’est au tour de Paul Corticchiato dit le Pharaon, ancien du Canal habituel de tomber sous les balles d’un tueur que les enquêteurs soupçonnent d’être proche du Petit Bar sur fond de bataille pour les boîtes de nuit des Sanguinaires.


Un édifice qui s’effondre



La mort de Jean Jé Colonna précipite le chaos. Grâce à ses amitiés dans le Niolu il avait réussi à préserver un équilibre entre bandes. Or le Petit Bar s’est monté sans son aval. Son lieutenant Ange Marie Micchelosi a profité de ses absences causées par ses périodes de clandestinité pour prendre des initiatives audacieuses et notamment le rapprochement avec Francis Mariani, un des barons de la Brise de Mer qui en veut de façon pathologique à cet autre baron Richard Casanova qu’il soupçonne d’avoir voulu l’assassiner. Jean Jé décédé, c’est la guerre de tous contre tous qui culmine avec l’assassinat de Richard Casanova à Porto Vecchio le 23 avril 2008. Or ce jour-là plusieurs membres du Petit Bar sont aperçus dans la Cité du sel. Selon eux, ils se trouvent là par hasard pour faire la fête. Pour les amis de Richard Casanova, ils sont partie prenante de l’attentat. Ce qui est, selon plusieurs renseignements, inexact. Mais le monde de la truanderie est paranoïaque et il paraît logique que les nouveaux amis de Mariani l’ait aidé dans son entreprise. Il va s’en suivre de nombreuses éliminations qui décapitent en partie le Petit Bar et laisse le champ libre à Jacques Santoni alias Tahiti, tétraplégique, mais dirigeant hors pair de la petite dizaine de sicaires qu’il dirige d’une main de fer. Le gang manque trébuche après les assassinats du président de la CCI Jacques Nacer, celui de l’avocat Antoine Sollacaro le 16 octobre 2012 et la tentative sur Charles Cervoni le 1er septembre 2012. Il est à l’inverse durement touché quand après l’assassinat d’Antoine Nivaggioni, un membre du gang, Patrick Giovannoni devient le premier repenti français et dévoile les conditions de ce crime.


Le mystère du Petit Bar



La croissance du Petit Bar est mystérieuse. Voilà une bande de quelques individus parfaitement connus des services de police, mis sous écoute depuis environ deux décennies, dont on n’ignore plus grand-chose jusqu’à leur utilisation de la machine à billets et qui parviennent néanmoins à s’en tirer au prix de quelques séjours en prison. Le fameux rapport dont il est question en début de cet article porte sur l’opération Email Diamant. Elle aurait débuté « un peu par hasard » dixit Jacques Follorou du Monde. « Alors que les enquêteurs travaillent sur la tentative d’assassinat, en 2018, d’une figure de la pègre ajaccienne, Guy Orsoni, leur attention est attirée par des bruits enregistrés par des micros-espions placés au domicile parisien de son rival, le chef du Petit Bar, Jacques Santoni. « Cette sonorisation permettait d’entendre la manipulation de billets de banque », raconte le réquisitoire définitif. Entre 2017 et 2020, « le comptage des billets révélait des mouvements financiers d’environ 2 millions d’euros », écrit le parquet de Marseille. » On croit rêver. Le 21 février 2013, par exemple en début de soirée, les policiers surveillent un rendez-vous de Micka Ettori, un des lieutenants de Jacques Santoni au George V. Il y rencontre un certain Grégory Zaoui, un des artisans de la gigantesque fraude à la TVA opérée sur le marché du carbone dans les années 2000. Une enquête préliminaire est ouverte, le 14 novembre 2017, par le parquet d’Ajaccio. Jacques Santoni et Pascal Porri habitent à Ajaccio des appartements luxueux dans la résidence Albert Ier, construite face à la mer par le groupe Perrino, dirigé par un ami de longue date, Antony Perrino, un des grands promoteurs de la région ajaccienne, qui fera quelques mois de prison. Pour la JIRS « Antony Perrino permettait de faire le pont entre l’occulte et le visible ». Le rapport fait notamment état d’investissements du Petit Bar à Courchevel après un passage par une entreprise de blanchisserie financière de Hong Kong avec un pied-à-terre à Aubervilliers (93). Comment se fait-il qu’après l’accumulation d’autant d’éléments le Petit Bar continue d’exercer des activités qu’on peut, pour le coup, qualifier de mafieuses ? Les services de l’État auraient-ils joué d’une bande contre une autre pour ensuite s’attaquer aux survivants ?


Racket et intimidations



Le parquet dirigé par le procureur Bessone indique que l’argent sale a servi « « à acheter le silence, des informations et à corrompre des représentants locaux, fonctionnaires de police voire des magistrats, à organiser la défense pénale du clan et même à distribuer des espèces à des bandes qui n’étaient ni proches ou alliés, voire à des groupes nationalistes. » Également dans le collimateur de la JIRS, les Federici plus communément appelés « les bergers braqueurs de Venzolasca » avec à la clef la mise en examen de Pierre Louis Montet, fondateur de trois sociétés de sécurité qui gèrent entre autres choses l’aéroport de Bastia et une partie de celui d’Ajaccio. Pierre Louis Montet est mis en examen pour extorsion de fonds, blanchiment, abus de biens sociaux, travail dissimulé en bande organisée avec interdiction de rejoindre la Corse. Curieuse île où les créateurs des sociétés qui veillent sur la sécurité des objectifs stratégiques que sont les aéroports apparaissent tous dans le dossier du SIRASCO, sorte de fichier du grand banditisme.

Triste normalité


En guise de conclusion voici la parole d’un entrepreneur corse racketté par l’une des bandes ci-dessus mentionnée.
« Ce qui peut paraître à vos yeux et aux yeux de la justice comme du « racket » nous permet d’exercer en toute sérénité, car les destinataires des fonds sont des gens respectés et n’usent d’aucune menace à mon encontre. Le fait que je donne en fonction de mon budget et quand je le peux démontre que je n’ai aucune crainte vis-à-vis de ces gens-là. De plus sans vous décourager, la nature ayant horreur du vide, dès qu’une équipe est condamnée, immédiatement une autre se met en place et personne ne sait si la prochaine n’usera pas de méthodes plus radicales. » Et voilà les voyous devenus une sorte de joyeuse compagnie d’assurance. Et c’est ainsi qu’en plaine orientale et dans la région ajaccienne sévissent des racketteurs parmi lesquels d’anciens nationalistes, de nouveaux et de vieux voyous. Quand un camion ou un engin de terrassement brûle, c’est qu’il y a racket. Racket, drogue et immobilier sont devenus les trois mamelles de ce mal endémique qui ronge notre société.

Alors la Corse terre mafieuse ?
En tous les cas ça y ressemble. Les liens entre la voyoucratie, le monde des affaires et celui de la politique se côtoient et parfois se mélangent dangereusement.


GXC

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