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Ce qui a été renaît des cendres du passé

Ne pas oublier ce qui se disait et s'écrivait il y a seulement un demi siècle......

Ce qui a été renaît des cendres du passé



A croire le Nouveau Front populaire, le RN ne serait pas loin des positions des ligues fascistes d’avant-guerre. Sans mésestimer le racisme de nombreux adhérents de ce rassemblement, c’est oublier ce qui se disait et s’écrivait il y a seulement un demi-siècle.

Du contrôle de l’immigration à l’antiavortement


En 1938, le président du Conseil Édouard Daladier, radical de gauche, ancien ministre des Colonies du Cartel des gauches, artisan du Front populaire, partisan du pacte de Munich, mais aussi de la préférence nationale en matière d’emploi, est à l’origine d’un décret-loi sur la police des étrangers qui prévoit l’internement de tous les « étrangers indésirables », mais aussi « de tout individu considéré comme dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». La loi fait obligation à tous les propriétaires de déclarer l’hébergement de toute personne non française. Ce sont essentiellement les Juifs venus d’Europe centrale qui sont visés, mais aussi les Polonais qui sont renvoyés chez eux par wagons entiers. Les apatrides sont internés. Il fait de la lutte contre l’avortement un de ses oriflammes afin de favoriser « la répression des vices et la lutte contre les fléaux sociaux qui constituent autant de dangers pour l’avenir de la race ». L’aile droite du RN n’aurait pas osé.

Le mythe des races supérieures


Au début de son accession au socialisme, pour des raisons stratégiques regrettables, Jaurès a emprunté la doxa antisémite de l’époque. L’antisémitisme était présent dans les milieux ouvriers, où les juifs étaient considérés comme responsables de l’écrasement du prolétariat par la « finance juive », et ce bien qu’il y ait de nombreux juifs au sein du prolétariat ouvrier. Il a changé avec l’affaire Dreyfus, mais il était auparavant dans la droite ligne de Karl Mark qui dans sa Question juive pratiquait l’amalgame entre les forces de l’argent et les Juifs dans leur ensemble. Lors d’un discours prononcé en 1925 devant l’Assemblée nationale, Léon Blum, chef de file des socialistes déclare : « « Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler aux progrès réalisés grâce aux efforts de la science et de l’industrie. »

De Gaulle et l’Islam


Le général De Gaulle se méfiait de l’Islamsi on en croit Alain Peyrefitte et son ouvrage C’était de Gaulle. Et il exprimait ce sentiment sans ambages, avec un certain racisme. « Les musulmans, vous êtes allé les voir ? demande de Gaulle à Peyrefitte. Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français. » Et le Général de servir sa célèbre parabole : « Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. » Des propos qui aujourd’hui seraient condamnés par la justice. Mais il va plus loin, car il est littéralement obsédé par le « coût » financier et spirituel de la colonisation et, surtout, par la démographie galopante des musulmans. Si on laisse ces derniers s’installer sans limites en métropole, ce qui serait la conséquence logique de l’Algérie française, « mon village, dit-il, ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ». On ne saurait mieux faire en matière de langage racialiste comme dirait la gauche aujourd’hui. L’intégration est pour de Gaulle, « une entourloupe pour permettre que les musulmans, qui sont majoritaires en Algérie à dix contre un, se retrouvent minoritaires dans la République française à un contre cinq [...]. Avez-vous songé que les musulmans se multiplieront par deux, puis par cinq, pendant que la population française restera presque stationnaire ? C’est un tour de passe-passe puéril ! [...] Vous voyez un président arabe à l’Élysée ? » Du Houellebecq dans le texte. L’influence du monarchiste Charles Maurras sur de Gaulle n’est pas contestable. L’un et l’autre étaient des partisans d’un État fort et d’un nationalisme intégral que ne renieraient pas aujourd’hui les plus radicaux des Rnistes.

Le bruit et les odeurs


Qui se souvient de l’envolée lyrique de Jacques Chirac en 1991 sur « le bruit et les odeurs » qui seraient l’apanage des immigrés lors d’un dîner-débat organisé à Orléans par le RPR et ovationné par la petite foule. En 1990, les états généraux de la droite (RPR et UDF) réunis à Villepinte prônent une politique d’assimilation stricte, la fermeture des frontières, l’expulsion rapide des clandestins, la limitation du droit d’asile et du regroupement familial et proclament urbi et orbi l’incompatibilité entre l’islam et nos lois. « L’islam n’apparaît pas conforme à nos fondements sociaux et semble incompatible avec le droit français ». Les signataires se nomment Chirac, Giscard, mais aussi Sarkozy, Bayrou ou Juppé. Dans un article publié en septembre 1991 dans Le Figaro, intitulé « Immigration ou invasion », l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing préconise l’abandon du droit du sol au profit du droit du sang et mélange l’immigration et une invasion. C’est aujourd’hui un motif à mise en examen. Le monde change et très paradoxalement si la pensée des dirigeants s’édulcore, la foule elle reste en partie fidèle à des idées du millénaire dernier, un décalage qui explique peut-être cette furieuse montée des extrêmes, un phénomène qui touche le monde entier.

GXC
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