Pascal Lelarge, préfet de Corse : "considérer que c'est à la police de faire le travail est une vision infantile et immature"
Appelle à la solidarité et à la responsabilité collective pour affronter la deuxième vague de la pandémie de la covid-19
Pascal Lelarge, préfet de Corse, appelle à la solidarité et à la responsabilité collective pour affronter la deuxième vague de la pandémie de la covid-19. En plus des contrôles, il ne s’interdit pas de recourir à la voie réglementaire si ce second confinement n’est pas respecté.
La Corse a vécu son premier week-end de confinement et les restrictions sont moins drastiques qu’au mois de mars. C’est parce que vous avez plus d’expérience ?
En effet, le dispositif tient compte de l’expérience du premier confinement mais également du déconfinement. Un certain nombre de dispositions ont été prises pour permettre de continuer à travailler et à vivre avec le virus que ce soit à l’école ou au travail.
Aujourd’hui, le principe qui prévaut c’est le maintien autant que possible des activités, même si un certain nombre s’exercent en télétravail et que des commerces sont fermés. Globalement, par rapport à ce qu’il s’est passé la première fois, l’activité et l’école sont maintenues. Ce sont des changements considérables par rapport à la première phase du confinement. Pour laquelle, d’une part, nous n’étions pas du tout préparés et d’autre part, nous ne maîtrisions pas les gestes barrières et les protocoles n’étaient pas parfaitement en place. Aujourd’hui, nous disposons d’un accès plus aisé aux équipements de protection individuelle.
Forcément, la deuxième période de confinement ne ressemble pas beaucoup à la première.
Le Premier ministre a appliqué une tolérance pour le week-end de la Toussaint. N’avez-vous pas peur que les limites ont été dépassées ?
Cette tolérance est faite, d’une part pour que les gens qui étaient en week-end puissent rentrer chez eux. Il faut bien leur laisser un peu de temps pour prendre le bateau ou encore l’avion. Par ailleurs, pour un certain nombre de compatriotes, cette fête religieuse est très importante. Plutôt que de tout fermer d’un coup d’un seul, nous avons laissé quelques jours avant de suspendre provisoirement les cultes public. Même chose concernant les cimetières. Si tout le monde fait n’importe quoi, évidemment que cela va poser des problèmes, mais je pense qu’il faut faire un minimum confiance aux personnes qui se déplacent dans les cimetières pour se recueillir. Ce n’est pas un moment spécialement ludique et plutôt une situation sérieuse.
A priori, on devrait pouvoir faire confiance aux gens. De toute façon, la question des gestes barrières est largement partagée par la population, même si ce n’est pas suffisant, puisque si nous en sommes là aujourd’hui, c’est aussi parce que les choses ont dérapé…
La semaine suivante sera plus stricte ?
Nous nous assurons que les gens comprennent, mais malheureusement il y a encore trop d’imprudences. A titre d’exemple, tout à l’heure, j’étais à l’aéroport et j’ai demandé à ce que l’on verbalise un certain nombre de personnes assises sous le panneau qui indiquait l’obligation de porter un masque. Aucune ne le portait, et tous ont prétendu qu’ils ne le savaient pas.
A un moment donné, il faut que cela s’arrête. Nous ne voulons pas serrer la vis, nous faisons en sorte qu’il n’y ait pas d’abus. La population doit prendre conscience de la gravité de la situation et de la nécessité de respecter la règle du jeu. Le confinement est suffisamment destructeur pour ne pas le faire à moitié. Mieux ce sera fait, plus solidaire on sera et plus rapidement nous verrons la sortie de tout cela.
Au niveau des contrôles, les effectifs seront-ils renforcés ?
Les effectifs ne sont pas extensibles à l’infini. Les policiers et les gendarmes sont sur le pont en permanence, nous sommes en plus en situation d’alerte attentat qui est extrêmement préoccupante car la Corse n’est pas épargnée. Il faut être très vigilant ici comme partout ailleurs en France et cela demande beaucoup de moyen. Les policiers sont donc très présents mais cela ne les empêchera pas de contrôler aussi ce qu’il se passe pour le confinement. De toute façon si pour faire respecter des règles de bon sens il faut passer par la police, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas.
Comment seront organisés les contrôles ? Quels sont les dispositifs mis en place ?
Le principe du contrôle, c’est que nous ne disons pas aux gens ce que l’on va faire. Nous avons bien compris qu’un certain nombre de personnes n’ont pas forcément l’intention de jouer le jeu. Typiquement, il y a un ensemble d’activités interdites comme la chasse. Il est certain que si nous nous apercevons que ce n’est pas respecté, cela va forcément mal se passer. Et nous mettrons donc davantage de contrôle. Si, pour des motifs divers et variés, beaucoup de gens circulent en essayant d’utiliser toutes les souplesses du décret, le préfet peut durcir la réglementation locale. Nous allons donc nous renseigner auprès des maires, observer les comportements, et on corrigera le tire, non par des contrôles, mais par voie réglementaire. C’est l’idée. Les contrôles permettent d’apprécier comment notre comportement s’adapte à la situation et repérer les zones sur lesquelles il faut aller plus loin dans la réglementation.
De nombreuses personnes se sont rassemblées la veille du confinement, comme si c’était maintenant ou jamais. Craignez-vous une recrudescence de l’épidémie ces prochains jours ?
On est déjà en train de le payer. Le coup est partie, le mois de novembre est déjà engagé. Il n’y a pas que dans la sphère privée que ça a dérapé. Nous avons notamment observé un certain nombre d’établissements qui n’ont pas été corrects. Avec ceux-là, de toute façon, nous réglerons nos comptes après. Certains professionnels sont très rigoureux. On ne peut donc pas accepter que tout le monde paye parce que quelques-uns ne jouent pas le jeu. Des procédures sont d’ores et déjà engagées. Ils risquent des fermetures sur décision préfectorale. De ce fait, ils ne pourront pas prétendre aux aides de l’État.
De toute façon, ce qui compte aujourd’hui, c’est la période de confinement engagée. Cette période durera un certain moment, c’est un combat de longue haleine…
Un déconfinement au 1erdécembre est-il envisageable ?
Nous verrons bien. Si les choses ne se passent pas comme prévues, nous devrons malheureusement prolonger voire même durcir les dispositifs. Il faut coûte que coûte stopper la fièvre. Aujourd’hui, nous sommes dans la crise de la fièvre aiguë. Nous allons devoir faire face à une mortalité tout à fait incroyable, sans compter les dégâts humains sur les autres pathologies.
J’en appelle à la solidarité de tout le monde. Et surtout, il ne faut pas considérer que c’est à la police de faire le travail. Penser cela serait une vision infantile et immature.
Noël à six ? Ou les rassemblements seront possibles ?
Pour le moment, je n’en sais rien …
Rendez-vous dans trois semaines pour voir comment la situation va évoluer.
La Corse a vécu son premier week-end de confinement et les restrictions sont moins drastiques qu’au mois de mars. C’est parce que vous avez plus d’expérience ?
En effet, le dispositif tient compte de l’expérience du premier confinement mais également du déconfinement. Un certain nombre de dispositions ont été prises pour permettre de continuer à travailler et à vivre avec le virus que ce soit à l’école ou au travail.
Aujourd’hui, le principe qui prévaut c’est le maintien autant que possible des activités, même si un certain nombre s’exercent en télétravail et que des commerces sont fermés. Globalement, par rapport à ce qu’il s’est passé la première fois, l’activité et l’école sont maintenues. Ce sont des changements considérables par rapport à la première phase du confinement. Pour laquelle, d’une part, nous n’étions pas du tout préparés et d’autre part, nous ne maîtrisions pas les gestes barrières et les protocoles n’étaient pas parfaitement en place. Aujourd’hui, nous disposons d’un accès plus aisé aux équipements de protection individuelle.
Forcément, la deuxième période de confinement ne ressemble pas beaucoup à la première.
Le Premier ministre a appliqué une tolérance pour le week-end de la Toussaint. N’avez-vous pas peur que les limites ont été dépassées ?
Cette tolérance est faite, d’une part pour que les gens qui étaient en week-end puissent rentrer chez eux. Il faut bien leur laisser un peu de temps pour prendre le bateau ou encore l’avion. Par ailleurs, pour un certain nombre de compatriotes, cette fête religieuse est très importante. Plutôt que de tout fermer d’un coup d’un seul, nous avons laissé quelques jours avant de suspendre provisoirement les cultes public. Même chose concernant les cimetières. Si tout le monde fait n’importe quoi, évidemment que cela va poser des problèmes, mais je pense qu’il faut faire un minimum confiance aux personnes qui se déplacent dans les cimetières pour se recueillir. Ce n’est pas un moment spécialement ludique et plutôt une situation sérieuse.
A priori, on devrait pouvoir faire confiance aux gens. De toute façon, la question des gestes barrières est largement partagée par la population, même si ce n’est pas suffisant, puisque si nous en sommes là aujourd’hui, c’est aussi parce que les choses ont dérapé…
La semaine suivante sera plus stricte ?
Nous nous assurons que les gens comprennent, mais malheureusement il y a encore trop d’imprudences. A titre d’exemple, tout à l’heure, j’étais à l’aéroport et j’ai demandé à ce que l’on verbalise un certain nombre de personnes assises sous le panneau qui indiquait l’obligation de porter un masque. Aucune ne le portait, et tous ont prétendu qu’ils ne le savaient pas.
A un moment donné, il faut que cela s’arrête. Nous ne voulons pas serrer la vis, nous faisons en sorte qu’il n’y ait pas d’abus. La population doit prendre conscience de la gravité de la situation et de la nécessité de respecter la règle du jeu. Le confinement est suffisamment destructeur pour ne pas le faire à moitié. Mieux ce sera fait, plus solidaire on sera et plus rapidement nous verrons la sortie de tout cela.
Au niveau des contrôles, les effectifs seront-ils renforcés ?
Les effectifs ne sont pas extensibles à l’infini. Les policiers et les gendarmes sont sur le pont en permanence, nous sommes en plus en situation d’alerte attentat qui est extrêmement préoccupante car la Corse n’est pas épargnée. Il faut être très vigilant ici comme partout ailleurs en France et cela demande beaucoup de moyen. Les policiers sont donc très présents mais cela ne les empêchera pas de contrôler aussi ce qu’il se passe pour le confinement. De toute façon si pour faire respecter des règles de bon sens il faut passer par la police, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas.
Comment seront organisés les contrôles ? Quels sont les dispositifs mis en place ?
Le principe du contrôle, c’est que nous ne disons pas aux gens ce que l’on va faire. Nous avons bien compris qu’un certain nombre de personnes n’ont pas forcément l’intention de jouer le jeu. Typiquement, il y a un ensemble d’activités interdites comme la chasse. Il est certain que si nous nous apercevons que ce n’est pas respecté, cela va forcément mal se passer. Et nous mettrons donc davantage de contrôle. Si, pour des motifs divers et variés, beaucoup de gens circulent en essayant d’utiliser toutes les souplesses du décret, le préfet peut durcir la réglementation locale. Nous allons donc nous renseigner auprès des maires, observer les comportements, et on corrigera le tire, non par des contrôles, mais par voie réglementaire. C’est l’idée. Les contrôles permettent d’apprécier comment notre comportement s’adapte à la situation et repérer les zones sur lesquelles il faut aller plus loin dans la réglementation.
De nombreuses personnes se sont rassemblées la veille du confinement, comme si c’était maintenant ou jamais. Craignez-vous une recrudescence de l’épidémie ces prochains jours ?
On est déjà en train de le payer. Le coup est partie, le mois de novembre est déjà engagé. Il n’y a pas que dans la sphère privée que ça a dérapé. Nous avons notamment observé un certain nombre d’établissements qui n’ont pas été corrects. Avec ceux-là, de toute façon, nous réglerons nos comptes après. Certains professionnels sont très rigoureux. On ne peut donc pas accepter que tout le monde paye parce que quelques-uns ne jouent pas le jeu. Des procédures sont d’ores et déjà engagées. Ils risquent des fermetures sur décision préfectorale. De ce fait, ils ne pourront pas prétendre aux aides de l’État.
De toute façon, ce qui compte aujourd’hui, c’est la période de confinement engagée. Cette période durera un certain moment, c’est un combat de longue haleine…
Un déconfinement au 1erdécembre est-il envisageable ?
Nous verrons bien. Si les choses ne se passent pas comme prévues, nous devrons malheureusement prolonger voire même durcir les dispositifs. Il faut coûte que coûte stopper la fièvre. Aujourd’hui, nous sommes dans la crise de la fièvre aiguë. Nous allons devoir faire face à une mortalité tout à fait incroyable, sans compter les dégâts humains sur les autres pathologies.
J’en appelle à la solidarité de tout le monde. Et surtout, il ne faut pas considérer que c’est à la police de faire le travail. Penser cela serait une vision infantile et immature.
Noël à six ? Ou les rassemblements seront possibles ?
Pour le moment, je n’en sais rien …
Rendez-vous dans trois semaines pour voir comment la situation va évoluer.