Le savoir voter est-il une science ou un art ?
Un retour de la liberté de parole......
Le savoir voter est il une science ou un art ?
J'étais tellement abasourdi par le résultat du deuxième tour des élections législatives en France, que j'en eu la langue coupée et la plume empêchée dix bons jours.Voilà donc à quoi avait servi une campagne électorale exaltante à bien des égards, le premier étant d'évidence le retour de la liberté de parole. Le tohu-bohu avait réinstauré le débat m’avait-il semblé, les donneurs de leçons sempiternels et solennels « Don Basile » de la farce électorale jouée comme un office, inlassable et identique, m'étaient également apparus comme usés, identiquement à la trame de leurs mensonges éculés.
Seulement voilà, comme l'on dit de nos jours, le vieux mécanisme de l'exclusion par l'épouvante et l’insulte, pour éventé qu'il soit, en plus de mensonger, a quand même fonctionné, vu l'énorme mobilisation que l'enjeu de la partie a motivé. Quelques mots d'explication s’imposent.
Tout d’abord, pour le Rassemblement National il ne s'agissait en l'occurence de rien moins qu’abolir une pratique injuste et déloyale initiée au cours des années 1990, le cordon sanitaire, pour garder le pouvoir . En effet, éloigné de celui-ci par le retour du Général en 1958, rien ne faisait plus peur au parti de la rose qu’un nouvel exil.
Le Général se souvenait fort bien quant à lui, que les premiers bataillons de parlementaires en 1940 sur lesquels Pétain avait pu s'appuyer étaient les socialistes. On ne pouvait pas la lui faire sur ce chapitre, et les rengaines à la moraline eussent été déplacées et même considérées comme scandaleuses, venant d'où elles seraient venues.
La mayonnaise de la diabolisation de la pseudo-extrême droite ne put finir par prendre, concoctée par l'habile Mitterand décoré quant à lui de la francisque à la bonne époque, qu'après le décès de la plupart des contemporains majeurs du drame et parce que le nouveau corps électoral ignorait presque tout de la réalité des événements liés à la guerre.
Une bonne pratique des cultes religieux, et la politique en est souvent un, enseigne que l'adhésion livresque des fidèles au bréviaire d'un catéchisme récité par coeur ne peut fonctionner qu'après la mort des témoins directs. C'est le cas aujourd'hui, tout récit portant sur les événements de l'occupation n'étant révélé au populaire que sous les dorures artificielles de légendes, en l'occurence blanches pour les énonciateurs du dogme et noires comme il se doit pour leurs adversaires-victimes.
On pouvait raisonnablement penser que cette imposture avait fini par faire long feu. Hélas il suffit d’écouter les injures voire les grossièretés des membres de l’horrible équipe qui s’arroge le culot de voler aux mânes du malheureux Léon Blum le titre de Front Populaire pour constater l’indécence et l’obscénité de cette bande.
Ce n'est donc pas tant à la crédibilité des mensonges proférés durant la campagne du premier tour que l'on doit l'étonnant revirement de la tendance exprimée lors du scrutin poursuivi, mais davantage à l'intérêt des formations politiques, volontairement aveugles pratiquant dans l’égout de leurs combines le bouillon des désistements contre nature, au mépris de toute morale.
Cette honte et ce vol, ils l'appellent "barrage républicain ». Ou plafond de verre ! Pourquoi pas :"bas-fonds de vers ?"
Pour se prémunir contre un tel dévoiement de la démocratie, il serait donc conseillé à l’avenir aux voteurs honnêtes de renoncer à la liberté de voter au premier tour par inclination pour réserver au deuxième le vote définitif.
Puisque le jeu consiste à transformer un scrutin majoritaire à deux tours en un ersatz de scrutin à panachage, ce qui a été formellement exclu de l'esprit de la Vème République vu le toboggan de combines, allons au plus simple en optant pour la pratique du scrutin majoritaire a un tour. Votons dès le premier tour pour la candidature de référence.
En résumé, il faut faire comme s'il n'y avait pas deux tours. Le vote pour être efficace se doit dorénavant d'exclure l'équivoque d'un deuxième tour. Il faut voter au premier comme au deuxième puisque c'est désormais la règle de la république qui s’instaure.
Il en résultera deux conséquences : lutter contre l'éparpillement des voix du premier tour, et c'est un avantage de clarification en vue du deuxième, et surtout surmobiliser l'électorat et rendre plus fréquentes les élections au premier tour, car la cause de bien des échecs du premier tour n'est pas à rechercher ailleurs que dans la prodigalité éparpillante des voteurs insouciants. Qu'on se le dise.
La politique idiote et méchante du cordon sanitaire n'est efficace qu'en matière de bloquage institutionnel pour empêcher des hommes politiques d'arriver aux affaires. Mais dans le cas où certains de ces hommes que l'on a voulu empêcher se trouvent être élus malgré tout, et même en situation de constituer un groupe parlementaire, la politique du cordon sanitaire ne sert pas à grand chose, car il est impossible pour les donneurs de leçons, professeurs de maintien et édiles du bon goût, de voter à leur place. Le vote est le leur. Prenons pour exemple la difficulté pour la représentation nationale de dégager une majorité apte à former un gouvernement, cette difficulté n'existe que dans le cas d'une coalition. Nos bons amis les donneurs de leçons oublient comme d'habitude les leçons de l’histoire, faute de l'avoir étudiée. En1924, le cartel des gauches mené par Edouard Herriot, cet irremplaçable humaniste, forma un gouvernement radical socialiste soutenu par la SFIO, ancêtre du parti socialiste, sans que ceux-ci n'y participent. On a appelé cela le soutien sans participation.
Devant l'effrayant danger que fait courir au pays les positions tourneboulées du sémaphore à roulettes de la France insoumise, le parti écarté du pouvoir par de malignes et détestables manigances gagnerait les faveurs de l'électorat raisonnable et modéré en apportant au gouvernement minoritaire raisonnable le soutien déterminant qui consisterait à ne pas le censurer, en adoptant au cas par cas les textes qui vont dans le bon sens.
Voilà dans le cas présent qui aurait l’apanage de pouvoir s’appeler voter.
Jean-François Marchi
Comme j'adore décoiffer les imbéciles et les sectaires, permettez-moi de leur rappeler l'éloge de Leon Blum à Maurice Barrès après le décès de celui- ci: "Nulle part à aucune époque il ne s'est levé un écrivain aussi parfaitement original ».
Et enfin, pour se régaler devant l'incompréhension des coyottes -hurleurs à la mort auto-déclarés « front anti-fa », (chistes j’imagine), rappelons-leur que les deux personnalités littéraires qui tinrent les cordons du poêle à la mort d'Alphonse Daudet (qui tinrent le ruban noir entourant le cercueil de part et d'autre de celui -ci) furent Emile Zola et Edouard Drumont, en pleine affaire Dreyfus !!
Et oui, tolérance et respect, politesse quoi.