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Les 30 ans du Festival de Lama , du 27/07 au 02/08

Un festival Festif et électrique

Les 30 ans du Festival de Lama, du 27 / 07 au 2 / 08

Festif et éclectiqu


Une vingtaine de longs-métrages en avant-premières, une compétition de courts-métrages, des documentaires, un focus sur la production corse, des films jeune public, des tables rondes, des rencontres, de la musique et de la danse… Bref de la convivialité. Une variété des propositions et la qualité des œuvres.


La Piscine, vaste espace de projections. L’Umbria plus intimiste. U Mercatu pour les enfants. A Casa di Lama pour les documentaires. Les lieux très agréables où admirer les fils ne changent pas. La nouvelle direction avec à sa tête, Marie Flora Sammarcelli, n’a pas bouleversé l’axe de la manifestation. Mais la devise initiale de Lama, « Chroniques villageoises » a évolué pour devenir, « Chroniques d’un village monde », synonyme d’ouverture aux autres où qu’ils soient sur notre planète, tout en gardant l’identité première du festival. « Nous nous voulons éclectique. On se refuse de nous mettre des limites pourvu que l’œuvre soit belle et percutante ».

L’équipe de Lama a sélectionné les films à voir dans cette grande fête du cinéma qu’est Lama, au dernier festival de Cannes. En compétition cannoise elle a retenu un film indien de PayalKapadia, « All we imagine as light », qui suit trois figures de femmes appartenant à la basse classe moyenne, femmes qui travaillent dur pour vivre. Les images dévoilent un pays qu’on n’a pas l’habitude de capter et le poids de la solitude que doivent affronter certaines de ces femmes. « Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde » d’Emmanuel Pàrvu nous transporte en Roumanie, au bord du Danube et aborde le sujet de l’homophobie subie par un jeune homme, au demeurant très aimé par les siens mais qui doit affronter la violence des villageois, qui le tabassent. « Diamant brut » est d’un registre complètement différent. La cinéaste, Agathe Riedinger, filme une jeune fille qui rêve d’être influenceuse dans un univers de télé-réalité.
Dans la section, « Un certain regard » les organisateurs ont choisi « Black Dog » en cinéma scope de Guan Hu qui nous embarque aux marges du désert de Gobi, dans une ville envahie par des chiens errants, une ville où la propreté doit être rétablie pour des JO, une ville où règne la mafia et la corruption. « Le Royaume » de Julien Colonna, fils de Jean Jé, est une fiction bâtie sur des faits réels. Elle démontre combien un entourage mafieux peut être pré judicieux aux enfants qui aspirent à se libérer des liens mortifères de leur parenté. « L’histoire de Souleymane » de Boris Lojkine retrace l’itinéraire d’un immigré clandestin, livreur à vélo, qui attend sa régularisation. Souleymane est incarné par Abou Sangare, magnifique dans ce rôle. Au festival d’Angers cette réalisation a reçu la prix Jeanne Moreau. Un film émouvant dénonçe une réalité indigne. . « A son image » adaptation du livre éponyme de Jérôme Ferrari par Thierry de Peretti, était programmé à La Quinzaine des Cinéastes. Clara Maria Laredo en est l’héroïne… lumineuse.

A toutes ces propositions séduisantes il faut ajouter « Riverboom », documentaire du Suisse, Claude Baechtold. Trois gars, trente ans après, retournent en Afghanistan sur le terrain de leurs anciens exploits qui tiennent beaucoup de ceux des Pieds Nickelés.

S’il y a deux films à ne pas manquer Marie Flora Sammarcelli recommande les deux réalisations corses, « Le royaume » et « A son image ».

Michèle Acquaviva-Pache



                                                    ENTRETIEN AVEC MARIE FlORA SAMMARCELLI


Vous invitez Arnaud et Jean Marie Larrieu dont le film, « Le roman de Jim » sera projeté en ouverture à La Piscine. Quelle est à vos yeux la singularité de ces deux cinéastes ?

Ce sont des amis de longue date du festival de Lama. On aime particulièrement l’atmosphère qui baigne leurs réalisations, l’humanisme qui se dégage de leurs images, les sujets qu’ils traitent. « Le roman de Jim » est centré sur la paternité : une femme enceinte est quittée par le géniteur dont elle attend un enfant. Puis elle rencontre un homme qui élève son fils comme s’il était le sien… et survient le père biologique. C’est une belle histoire adaptée d’un roman.



Judith Godrèche sera présente à Lama. Est-ce pour saluer son courage d’avoir dénoncé viols et agressions subis par les femmes ?

Elle va présenter son court-métrage, « Moi aussi », dont le sujet est le silence qui entoure les femmes blessées parce qu’elles ont été victimes de viols ou d’agressions. Avec « Moi aussi » Lama montre qu’on n’est pas hors du temps. La projection de ce film précèdera, « Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde », qui évoque l’homophobie.



Dans votre section documentaire vous proposez une rubrique, « Regards corses ». D’où proviennent ces films ?

Quatre d’entre eux ont été réalisés dans le cadre de l’émission, « Ghjente » de Via Stella dont « Suredi d’armi » de Jackie Poggioli et « I balconi » de Cathy Rocchi tourné lors de la création de bout en bout du dernier opus de A Filetta. Quant à « La chambre obscure » de Marie Pierre Valli c’est l’évocation d’une famille d’ici à partir d’anciennes photos et du parcours de ses membres du début du XX è siècle aux années vingt. Pour ce qui est des autres documentaires ils viennent de tous les horizons. Ils content le voyage, les migrations en particulier ce qui se passe dans l’enfer libyen, des agricultures différentes, l’Afrique des grands lacs. Un documentaire relate encore l’itinéraire de deux femmes, Nelly et Nadine, qui se sont connues en camp de concentration. Un comité spécial s’occupe des films documentaires.



Qu’en est-il du film sarde dont on dit le plus grand bien ?

« Anna » est une fiction basée sur des faits réels très proches de ce qu’on connait ici. « Anna » est une bergère qui doit se battre contre un groupement hôtelier qui veut s’implanter sur des terres que les siens ont toujours occupé. Les images tournées caméra à l’épaule restitue parfaitement la colère et la pugnacité de la jeune femme.



Vous programmez la copie restaurée du « Napoléon » d’Abel Gance. 7 heures de projection c’est audacieux ?

La première partie qui concerne la Corse pourra être admirée à L’Umbria. La deuxième partie doit être projetée à La Piscine où il y a beaucoup plus d’espace et où les spectateurs seront plus à l’aise pour écouter la formidable bande son de Gance sans avoir la nécessité d’une écoute au casque



Quid de la compétition de courts-métrages ?

Sept films seront en lice. Un autre réalisé par des élèves de collèges sera hors compétition. Notre thématique c’est la Corse et les îles de Méditerranée, un thème que nous devront sans doute élargir à l’avenir tant nous recevons de films venant des pays continentaux. Le premier prix est décerné par la plateforme, Allindi.



Dans votre programmation on note beaucoup de films français. Est-ce un choix ?

C’est le fruit du hasard parce qu’il y a de nombreux films qui sortent en été. Mais nous avons également à l’affiche une production indienne, chinoise, sarde, espagnole, roumaine. C’est donc un panorama assez large.



Le long-métrage le plus drôle ?

« On aurait dû aller en Grèce » de Nicola Benamou. Disons que c’est une grosse farce tournée à Porto Vecchio avec Gérard Jugnot, Virginie Hocq, Elie Semoun. Ces deux comédiens et le seront réalisateur seront à Lama. A retenir que la distribution comporte bon nombre de comédiens corses…



Penser au jeune public est-ce une de vos préoccupations ?

Les projections pour le jeune public sont très attendues. On essaie de montrer des films pour tous les âges. Ils sont visibles au Mercatu. Cette année nous avons donné une carte blanche à Mathieu Casta, le fondateur du festival. Il a choisi de braquer les lumières sur « L’Homme invisible ».



Comment être-vous organisé ?

Nous avons un conseil d’administration de neuf membres. Nos bénévoles sont des jeunes dont beaucoup sont étudiants à Corte. Des bénévoles du village nous aident également. Nous avons des stagiaires. Une personne en alternance. Un salarié à l’année ainsi que d’autres pendant le festival : régisseurs, directeurs artistiques, projectionnistes …



Le village offre-t-il assez de places d’hébergement ?

Nous avons un hôtel quatre étoiles, 80 gîtes ruraux, mais il faut réserver à l’avance. A préciser que cette année nous recevons 35 invités, ce qui est beaucoup !



Que recherchez-vous dans une réalisation ?

On souhaite être ému, bousculé, emmené ailleurs, et touché par l’esthétique.

Propos recueillis par M.A-P







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