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Internaziunale : Baléares / Catalogne

HIspanophobie

Baléares : le catalan supplante l’espagnol


Près de 80% des familles de l’archipel préfèrent le catalan pour éduquer leurs enfants. Vive réaction des espagnolistes.

Le Ministère de l'Éducation de la communauté autonome des Îles Baléares (un statut d’autonomie acté en 1983 et adapté en 2007 est reconnu à l’archipel) a consulté les familles des élèves de 4ème année d'éducation préscolaire (équivalent de la maternelle en France). Il a été demandé à ces familles d’indiquer si elles souhaitaient que leurs enfants soient éduqués en catalan ou en espagnol. 78,5% d’entre elles ont choisi le catalan, 16% l’espagnol (5,5% n'ont pas répondu). Ce résultat peut apparaître surprenant car, selon les dernières données connues et publiée, l’espagnol serait la langue maternelle de 47% des habitants de l'archipel, devançant ainsi le catalan (40,5%) et d'autres langues. Ce résultat a provoqué une vive réaction de la plateforme associative Hablamos Español (Parlons l’espagnol).

Nationalisme linguistique, ingérence, hispanophobie

Hablamos Español a contesté le bien fondé de la question posée. Selon la plateforme « au lieu de focaliser la question sur la préférence linguistique », il aurait fallu « demander aux familles quelle est la langue maternelle de leurs enfants » et les informer « des inconvénients liés à la scolarisation des enfants de cet âge dans une langue autre que leur langue maternelle ». Hablamos Español a insinué que les réponses révélaient de l’irresponsabilité et du renoncement : « L'éducation maternelle est fondamentale dans l'enseignement. Nous regrettons que tant de familles renoncent à offrir à leurs enfants une éducation dans la langue propice à l'acquisition de connaissances ». Hablamos Español a accusé les communautés autonomes d'Espagne de pratiquer « l’endoctrinement » et le « nationalisme linguistique ». Enfin, Hablamos Español a mis en cause une ingérence politique et financière hispanophobe de la Generalitat de Catalunya : « Ce type de politique est présent depuis des années dans les Projets linguistiques des centres éducatifs, dans les campagnes institutionnelles et dans le travail réalisé par tout type d'entités hispanophobes, dont beaucoup sont subventionnées par le gouvernement de Catalogne ».

Groupe de pression espagnoliste

Hablamos Español, quésaco ? En 2017, des associations réunissant notamment des parents d’élèves, des professeurs et des fonctionnaires, ont mis en place cette plateforme dans toute l’Espagne. Hablamos Español revendique lutter contre « la discrimination » affectant la langue espagnole dans les communautés autonomes d’Espagne ; agir pour « garantir les droits linguistiques des hispanophones » ; intervenir pour « défendre les droits linguistiques des hispanophones » en exigeant « une politique linguistique comparable à celles des pays ayant plusieurs langues officielles, c’est-à-dire basée sur le libre choix de la langue ». En réalité, bien que s’affichant non partisane, Hablamos Español est essentiellement un des groupes de pression espagnolistes qui, dans différents secteurs des institutions et de la société espagnoles, opposent une vision centraliste et uniformatrice de l’Espagne aux revendications de reconnaissance de spécificités, d’autonomie ou d’indépendance de plusieurs régions

Alexandra Sereni




Catalogne : Carles Puigdemont veut rentrer chez lui


Carles Puigdemont entend en finir avec l’exil pour participer au débat et au vote d'investiture du prochain président de la Generalitat. Et ce, quels que soient les risques judiciaires.

L'ancien président de la Generalitat de Catalunya et figure majeure du parti indépendantiste Junts per Catalunya est en exil depuis octobre 2017 (à la suite de la violente répression par l’État espagnol du referendum d’autodétermination portant sur l’indépendance de la Catalogne). Il entend rentrer en Catalogne pour participer au vote d'investiture du prochain président de la Generalitat. En effet, lors d'une récente réunion de son parti, il a déclaré : « Mon obligation est d'aller au Parlement s'il y a un débat d'investiture. J'y serai ». Carles Puigdemont a ajouté espérer que « les autorités évitent ce qui serait une détention illégale, une détention arbitraire ». Ce n’est pas gagné car l’intéressé est visé par deux procédures judiciaires dont les chefs d’accusation ne sont pas pris en compte par la loi d’amnistie en faveur des dirigeants et militants indépendantistes catalans impliqués dans l’organisation du referendum d’autodétermination.

Pistes rocambolesques ou extravagantes

Primo, un magistrat du Tribunal suprême, la plus haute juridiction espagnole, a décidé de maintenir un mandat d’arrêt concernant une accusation de détournement de fonds (il est reproché à Carles Puigdemont qui présidait alors l’institution, d’avoir affecté des fonds de la Generalitat de Catalunya à l’organisation du referendum d’autodétermination). Secundo, un magistrat instructeur de Barcelone soupçonne Carles Puigdemont et son entourage de haute trahison (contacts avec la Russie afin qu’elle reconnaisse le résultat du référendum d’autodétermination et donc l’indépendance de la Catalogne). Il convient toutefois de relever que ce magistrat : n’a encore produit aucun élément probant ; évoque des pistes dont certaines paraissent relever du rocambolesque ou de l’extravagance (tractations avec un émissaire de Vladimir Poutine portant sur l’envoi à la Catalogne indépendante de 500 millions de dollars et 10 000 soldats russes ; discussions portant sur des financements et un recours aux cryptomonnaies avec des partis d’extrême droite d’Europe et des USA ainsi qu’avec des rabbins juifs) ; poursuit ses investigations alors que ses supérieurs, en l’absence d’éléments crédibles, lui ont demandé de refermer le dossier. A suivre.

Alexandra Sereni
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