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Tourisme de masse ..... Planète en Bouillasse

Le tourisme en Corse sans véritable boussole

Le tourisme en Corse sans véritable boussole


La saison touristique s’annonce morose. Non pas que les touristes soient absents. Ils sont bel et bien là qui se concentrent dans les lieux côtiers habituels. Mais il semblerait qu’ils aient mis tout leur argent dans le transport ne dégageant pas suffisamment de fonds pour se payer des restaurants ou même des hôtels. Le constat est d’autant plus rageant que la Sardaigne, la Grèce, la Dalmatie, etc. ne connaissent pas ces problèmes.


Une lancinante ritournelle


Tous les ans les professionnels du tourisme corse se plaignent de la saison alors même qu’elle n’a rien de catastrophique. C’est que les critères sont variables et qu’au bout du compte ça n’est qu’à la fin septembre qu’on peut établir un véritable bilan. Néanmoins, cette année, le prix exorbitant du transport est venu impacter le bénéfice touristique. Pour une famille de quatre personnes, le prix du transport frôle les 2000 euros. Si cette famille décide de rester deux semaines et loue deux chambres à deux cents euros la chambre, on peut y ajouter 5000 euros. Comment veut-on que dans de pareilles conditions ces braves gens aillent au restaurant. Au Maroc on trouve un séjour en quatre étoiles pour quinze jours voyage compris pension complète pour 3000 euros. Mêmes tarifs en Dalmatie, en Tunisie, en Grèce autant de pays où les paysages n’ont souvent rien à envier à ceux de notre île.

Servir avec grâce


Scène observée quelque part en Corse. Un client et sa famille prennent place dans un restaurant chic d’une station balnéaire où un repas monte facilement à deux cents euros. Il commande du champagne et s’enquiert du prix du poisson du jour. Le serveur lui donne le prix au cent grammes qui fait que la pièce reviendra à 500 euros. Il fait remarquer au garçon qu’à ce prix là il ne le prendra pas. Le serveur, neveu du patron, explose alors avec cette expression digne d’un grand poète : « Et tu ne veux pas m’enculer pendant que tu y es. » C’est un exemple de la façon dont peuvent se comporter certains jeunes insulaires partagés entre le besoin de la manne touristique et une détestation très à la mode du « Français ». Il n’est pas rare de lire sur les murs le slogan qui a émergé après l’assassinat d’Yvan Colonna « Français de merde », belle façon d’accueillir ceux qui viennent dépenser leur argent chez nous. Mal reçus, insultés, dépouillés… Pourquoi les continentaux feraient-ils le forcing pour venir chez nous alors qu’ailleurs en Méditerranée ils sont souvent accueillis avec bienveillance ?

Un surtourisme dévastateur


Les Catalans, les Canariens, les Basques ont manifesté contre un surtourisme qui, en définitive, apporte des miettes au citoyen lambda et ne fait qu’enrichir quelques chaînes hôtelières. Le problème des locations sauvages n’est pas que Corse. On le retrouve désormais partout dans le monde de façon plus ou moins légale. Autrefois en pays anglophone, on nommait cela le bed and breakfast. Ce qui a changé ? Le nombre d’abord. La génération du baby-boom, la plus nombreuse et la plus riche de toute l’histoire de l’humanité aime les migrations vacancières. Elle se répand par tous les moyens possibles grâce à la démocratisation des transports aériens. Mais il est tout de même un rien paradoxal de se plaindre quand les touristes sont absents et de les stigmatiser quand ils arrivent. Il est plus encore stupide d’insulter « les Français » sachant que l’argent qui permet à la Corse de vivre vient du budget national, que la plupart de nos dirigeants nationalistes reçoivent l’argent de la France et que tous sans exception possèdent des biens touristiques qui n’existent que grâce à l’argent de « ces maudits Français ». D’autant que désormais la concurrence est rude en Méditerranée et que la Corse n’est indispensable à personne.

Créer une feuille de route


La Corse donne le sentiment de n’avoir écrit aucune feuille de route pour ce qui concerne la plupart des domaines fondamentaux pour la vie quotidienne : transports de marchandises et de personne, énergie, déchets, eau, etc. Pourtant les crises s’accumulent et il devient plus qu’urgent de se fixer des buts. Face à l’afflux touristique comment gérer l’eau et l’énergie ? Comment faire en sorte que l’accès à. la Corse ne devienne pas le plus coûteux de toutes les îles méditerranéennes ? Et quel tourisme désirons-nous accueillir ? Faut-il mettre des quotas saisonniers ? Augmenter les taxes ? Bref autant de sujets qu’il aurait fallu traiter depuis un bon bout de temps plutôt que d’attendre du ciel la venue d’une autonomie censée régler tous les problèmes. Si cela n’est pas fait, il ne fait aucun doute que les problèmes vont devenir toujours plus difficiles à résoudre. Et puis peut-être qu’avec une Collectivité dotée de plus de 5000 fonctionnaires, un exécutif qui n’a de cesse d’autocélébrer son rôle historique qui remonterait à Pasquale Paoli, les Corses sont en droit d’attendre quelques résultats. Ça serait bien là la moindre des politesses. Sinon, il faudra se résoudre à changer de dirigeants et mettre aux manettes des professionnels qui connaissent les règles de l’économie et oublient un peu l’idéologie passéiste.

GXC
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