• Le doyen de la presse Européenne

Emmanuelle Mariini : une vie de musique et de bienveillance

Pianiste. Concertiste. Musicologue. Enseignante. Conférencière… Emmanuelle Mariini tient tour à tour tous ces rôles…

Emmanuelle Mariini

Une vie de musique et de bienveillance


Pianiste. Concertiste. Musicologue. Enseignante. Conférencière… Emmanuelle Mariini tient tour à tour tous ces rôles… Avec engagement, assurance, légèreté, sérieux et une grâce indéniable. Autant appréciée par le public que par ses élèves.



Un jour où le ciel ne sait pas trop ce qu’il veut, où il s’amuse d’un gros nuage duveteux ou bien d’un rayon de soleil coupant, à moins que ce ne soit d’une averse gelée renvoyée net on ne sait où par une rafale de vent aigre. Hors du temps. Hors des intempéries, la nef de la cathédrale Sainte Marie à Bastia. Des notes revigorantes, claires, chaleureuses. Emmanuelle Mariini est au piano, Sandrine Luigi à la guitare. Duo à la fois surprenant et évident. Piano et guitare ne constituent pas un binôme attendu. L’oreille capte une barcarole d’Offenbach, une valse de Strauss, du ragtime ou un extrait de musique de film écrit par Ennio Morricone. Ce florilège musical réchauffe.


Piano et guitare


Les deux interprètes ont procédé à un travail vigilant d’arrangement pour que les partitions du piano et de la guitare s’harmonisent. Sandrine Luigi et Emmanuelle Mariini se connaissent depuis longtemps même si l’une – Sandrine – est plus jeune que l’autre. Leurs points communs ? La musique bien sûr et leur fonction d’enseignante. La guitariste enseigne au conservatoire Henri Tomasi de Bastia. La pianiste est professeur agrégée au collège de Biguglia et intervient au Spaziu Carlu Rocchi. « On est dans le partage. Nous n’avons pas de problème d’ego. On tombe vite d’accord sur tel ou tel morceau à jouer », souligne la pianiste.

Emmanuelle Mariini préfère toujours se produire avec des musiques variées, d’époque différentes et d’horizons géographiques divers. Mais en musique classique ses préférences vont au romantisme et comme pianiste à Chopin et Liszt surtout à ce dernier parce qu’il a cassé les codes et magnifié le piano tout en étant musicalement très universel.

Quand on demande à la concertiste si dès l’enfance elle a baigné dans une ambiance de musique, elle répond par une anecdote amusée. Vers sept ans elle habitait Sagone où une de ses petites voisines avait obligation d’apprendre le piano ce à quoi elle regimbait, ce qui n’était pas son cas à elle qui se réjouissait d’écouter l’instrument. A la longue la petite Emmanuelle demande à ses parents des leçons de piano. Tergiversations. Acquiescement. Son professeur est content et l’aiguille sur le conservatoire de Bastia. Intégration par la suite du CNR (Conservatoire national de région) de Nice. Diplôme. Maîtrise de muséologie. Capes. Double cursus Corte Sorbonne. Thèse sur « L’apport des musiques traditionnelles corses à la musique savante ». Analyses des œuvres inspirées du traditionnel de Ravel et Henri Tomasi. Les compositions de celui-ci l’enthousiasme. A chacun de ses récitals en solo elle met à son programme des œuvres de Tomasi. Pour lui rendre hommage. Pour le faire mieux connaitre. Elle et désormais vice-présidente de l’Association Henri Tomasi.


Soliste et enseignante


Emmanuelle Mariini a-t-elle jamais rencontré de difficulté au piano ? Silence. La soliste cherche… « Dernièrement à Monaco pour la cérémonie célébrant le centième anniversaire du Prince Rainier, oui ! On m’avait sollicité pour interpréter des extraits de « La chanson du mal aimé » composé par Léo Ferré, dédié au prince car l’artiste était monégasque. » Et la pianiste d’expliquer : « La chanteuse qui était ma partenaire, était Ukrainienne … et habitait l’Irlande ! Le défi était de taille à cause de la distance. Mais grâce à la vidéo on a pu travailler et ne répéter ensemble que le dernier jour… Pas simple. On s’en est bien sorti tout de même. »

La soliste se transforme-t-elle en deux temps et trois mouvements en enseignante ? « Les enfants sont ma deuxième passion. Être dans la transmission est très important. Musique et enseignement s’irriguent mutuellement ». Emmanuelle Mariini rappelle d’ailleurs qu’elle est fille d’une professeure. Si elle donne des cours individuels au Spaziu de Biguglia, eau collègde elle s’occupe de classes entières. Les collégiens ont entre onze et quinze ans, la musique n’est pas leur choix, il est donc capital de les inciter à découvrir les œuvres classiques et autres, à s’ouvrir aux styles et aux genres d’expressions musicales différentes. Pour leur faire saisir que les musiques ne sont pas que théories la professeure fait venir des artistes au collège. Lors d’échanges ils leur parlent de leurs instruments ou de leur façon de mettre au point leur répertoire. Sur ses conseils le Rectorat a signé un partenariat avec l’Opéra de Paris si bien qu’au collège les élèves peuvent écouter par visio des œuvres comme « Carmen » ou « Roméo et Juliette » ou par visio toujours entendre évoquer des métiers de l’ombre de l’opéra tel habilleuse, maquilleuses, coiffeurs et autres…


« E Stelle » et Henri Tomasi

La pianiste pratique l’enseignement depuis quelques vingt cinq ans. Qu’est-ce qui fait un bon pédagogue ? « Certes il y a une part d’inné mais il est nécessaire de savoir s’adapter aux élèves et de suivre attentivement les changements dans la société. » Qu’est-ce qui est indispensable ? « L’amour des enfants et l’amour de la musique… »

Dès son arrivée au collège, qui porte maintenant le nom d’Henri Tomasi, l’enseignante a tenu à former une chorale : « E Stelle di Biguglia » ! Cette formation recrute des élèves volontaires qui viennent chanter hors du temps scolaire, pendant la pause de midi. Pour Emmanuelle Mariini être cheffe de chœur c’est magique ! Chants favoris des élèves ? Ceux en langue corse, ceux de certaines variétés, ou issus d’autres univers qui les emportent au loin. En juin dernier les Muvrini ont contacté le collège. Ils étaient à la recherche de choristes. Après avoir écouté « E Stelle » ils ont demandé au professeure la présence des jeunes sur huit chants de leur prochain CD.

Sur l’année scolaire la quarantaine de collégiens d’« E Stelle » donnent cinq à dix concerts en public au Spaziu Carlu Rocchi et à l’Ehpad voisin. « E Stelle » se produit les week-ends ou durant les vacances, ses activités se déroulent en dehors des heures de classe ce qui traduit l’attachement des enfants à cette chorale.


Chorale et conférences


Autre corde à l’arc d’Emmanuelle Mariini : conférencière. Jocelyne Casta, responsable des bibliothèques publiques de Bastia lui a proposé de penser à un cycle de conférences s’adressant aux amateurs de livres. Ces causeries sont au programme de la Bibliothèque Patrimoniale gérée par Linda Piazza. La pianiste traite à ces occasions de thèmes divers : « La symphonie des oiseaux en musique » ; « Les Femmes musiciennes » ; « La mort dans la musique », comment le jazz, par exemple, s’empare de cette thématique de manière à exalter le vivant ; « Les instruments insolites » d’où qu’ils soient proches ou du bout du bout du monde.

Votre rêve en tant que concertiste solo ? « Trouver plus souvent un piano à queue ».
Votre vie rêvée comme enseignante ? « Amener le plus d’enfants possibles à la musique. On a créé une classe à projets artistiques et culturels au collège : A faire vivre amplement ! »
La caractéristique de votre personnalité ? « L’enthousiasme ».
Votre faiblesse ? « Être trop hyper sensible, cela a du bon mais il ne faut pas que ça prenne de trop grandes proportions… A gérer. »
La qualité que vous revendiquer pour vous et chez les autres ? « La bienveillance ».

Michèle Acquaviva-Pache


Partager :