• Le doyen de la presse Européenne

Un poisson est-il noyable ?

La question mérite d'être posée...........

Un poisson est il noyable ?



La question mérite d'être posée au regard des pratiques usuelles de la dénégation, telles qu'on les voit être utilisées dans le courant des affaires ordinaires de la vie publique. Il n'est de jour, de semaine ni de mois que la mécanique informatoire newstyle, « à la Macron, » (le célèbre prétorien) ne débusque une anecdote plus ou moins gênante concernant une personnalité, ce qui provoque immanquablement un déluge d'informations biaiseuses mais abondantes, de nature à égarer le quidam en quête de vérité.



Ces pratiques, toujours les mêmes, étourdissantes à force d'être répétitives et verbeuses, rappellent immanquablement les jeux de mots surréalistes en vigueur à l'époque bénie du post-dadaïsme, comme le couteau sans manche auquel il manque la lame, et les objets surprenants de la collection personnelle du frère Alphonse Allais, tels le crâne de Voltaire enfant et la passoire à un seul trou capable de passer les objets les plus divers (tige de bois poursuivie d'un cercle de métal).


La cafouillade littéraire livrée au public ébaubi s’ennoblit à chaque occasion qu'un homme ou une institution doit faire face à la divulgation d'un élément gênant d'un florilège de démentis, toujours nombreux, toujours confus, toujours, hélas, contradictoires d'une version l’autre, et c'est un régal pour l’humoriste. Il y en a foison, je n'en citerai que deux : le compte en banque étranger de tel ministre qui de réfutations en dénégations fut obligé d'abandonner la charge de ses fonctions, parmi lesquelles, quel régal, l'organisation du contrôle fiscal, et la photographie envoyée à une de ses groupies du détail de l'anatomie intime d'un haut gradé du gouvernement. Ça n'arrête jamais! Il suffit de garder précieusement dans un livret ad hoc le détail chronologique de tels affirmations et démentis pour se faire soi-même une idée précise de la manière dont la mécanique du mensonge public fonctionne, et c'est divertissant. Ne les ratez pas, c'est devenu la mode!



Comment répondre à la question liminaire, un poisson est-il noyable?


Cela dépend du succès ou de l'échec des tentatives successives de dénégation de l'évènement incriminé, au cas par cas. L'expérience démontre que plus il y a d'explications fournies pour dénier un fait unique, plus ce qui est avancé est faux, mensonger et plus simplement désinvolte. Une simple lecture comparative et attentive démasque aisément les faussaires, dont le malheur public est qu'ils se soucient comme d'une guigne d'être découverts.

Pour parler vrai, les différences émaillant la lecture des versions successives des communiqués explicatifs jetés au public comme à la presse, selon les cas, ne sont pas de simples bigarrures mais toujours des tentatives de camoufler le réel par l'avalanche d'explications fournies. C'est ce qui s'appelle noyer le poisson.

Nous y sommes.
Pauvre animal. La Fontaine parlait de noyer son chien... Bigarrures ?
Bigarre..., Bigarre … eut marmonné Louis Jouvet dans le film Drôle de drame , dans lequel il figure un évêque anglican.

Juché sur le velo-rollex de ses mensonges, le débiteur de fadaises , quand il est pris sur le vif révèle ainsi son escroquerie : plus il explique plus il ment. Et c’est toujours la même chose quels que soient les cas de figure. La lumière ne fait plus recette, même pour ceux qui font profession d'en distribuer les rayons. Adieu Voltaire et bonjour tristesse comme avait titré Françoise Sagan.
« Tu montres rollex, mais tu ne grimpes pas dans mon estime », comme eût pu l'écrire Eugene Ionesco dans la pièce « Amédée ou comment s'en débarrasser ».

Il est fastidieux de constater qu’avec la pseudo exigence de transparence voulue par les hypocrites en charge de l’information , ceux-ci sont devenus les auxiliaires patentés de la diffusion du mensonge et de la tromperie. C’est le système qui l’exige.

Cela souligne la honte que l’on peut éprouver quand ceux-là même qui sont en charge d’éclaircir les ténèbres, s’adonnent au petit jeu mesquin du mikado de l’embrouille.

Jean-François Marchi
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