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La Nouvelle Calédonie s'enfonce dans la crise

Chronique d'un assistanat catastrophique......

La Nouvelle Calédonie s’enfonce dans la crise


L'entreprise de Koniambo Nickel SAS (KNS), l'usine de nickel dirigée par le FLNKS, d’où sortaient chaque année 30 000 tonnes de nickel, va fermer. Les 1 200 salariés de l’usine pyrométallurgique et de la mine qui y est adossée pointent au chômage depuis le 31 août, faute de repreneur, rejoignant les 600 salariés de la sous-traitance déjà sans emploi. Comment une entreprise traitant un minerai indispensable à l'industrie mondiale a-t-il pu arriver à une telle faillite ? Chronique d'un assistanat catastrophique.


Une promesse du général de Gaulle


L'usine de la province nord était le fruit d'une promesse faite en 1966 par le général de Gaulle. Les indépendantistes en avaient fait un préalable en 1997 afin de signer l’accord de Nouméa de 1998. Les indépendantistes pensaient alors que seule l’activité métallurgique permettrait de créer un rééquilibrage entre le Nord rural et indépendantiste et le Sud loyaliste dominée par la capitale Nouméa, qui concentre alors toute l’activité économique et désormais une grande partie de la population. En fait la construction n'a commencé qu'en 2010. Pour la plus grande fierté des indépendantistes l'usine KNS avait mis au point un procédé inédit, le « nickel smelting technology » la technologie de fusion du nickel. L'activité de l'usine a créé un bassin de vie essentiel pour la région nord. Pourtant l'usine n'a jamais été rentable à cause de choix de transformation désastreux. Elle a englouti 13,5 milliards d'euros entièrement privés et supportés par le groupe anglo-suisse Glencore, qui a décidé, en février, de jeter l’éponge. Actionnaire à hauteur de 49 % de KNS, assumait les pertes absyssales, au terme du pacte d’actionnaires qui le lie à la Société minière du Sud Pacifique, qui représente les intérêts de la province Nord actionnaire à 51%. Mais jamais les pouvoirs publics n'ont jamais eu le courage de forcer la main des responsables et ont continué au contraire d'abonder ce tonneau sans fond.

La province sud rentable


Car l'extraction du minera et sa transformation situés dans la province Sud, KNS a été une réussite. L’agglomération de Voh-Koné-Pouembout, sur laquelle l’usine est implantée, compte aujourd’hui plus de 4 000 entreprises contre 2 500 en 2005. Les retombées économiques sont énormes : 5 milliards d’euros depuis 2005. Du coup, la population des trois communes du sud est passée de 9 685 habitants en 2009 à 13 752 au recensement de 2019 alors que la Nouvelle Calédonie perdait sa population. C'est cette crise non pas du nickel mais de la gestion du nickel qui a été à l'origine des émeutes qui se sont transformées en guerre civile larvée provoquant un effondrement de l'économie calédonienne.

Une concurrence féroce


La gestion de l'usine du nord n'est pas la seule explication en cause. En concurrence avec les producteurs des pays émergents à commencer par l’Indonésie, terre d’investissement de la Chine, les entreprises du monde dit développé s'effondrent. Glencore a donc mis en vente son nickel calédonien de Koniambo ; BHP, IGO ou First Quantum ont mis en sommeil des mines australiennes. L'Indonésie qui pratique une sorte d'esclavagisme salarié pourrait disposer dans cinq ans des trois quarts du nickel de la meilleure qualité. Néanmoins la gestion calédonienne est le facteur sur lequel il était possible de jouer. A plusieurs reprises, la Cour des comptes avait alerté l’Etat sur le coût de ce soutien et son inefficacité. Rien que pour la défiscalisation, la juridiction financière estimait lors de son dernier contrôle, en 2020, que la filière coûtait environ 45 millions d’euros par an. En visite au mois de mars 2023, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a rappelé qu’en six ans l’Etat a soutenu le secteur à hauteur de 2 milliards d’euros, et avertissait qu'il ne donnerait plus d'argent aux usines de Nouvelle-Calédonie tant qu’il n’y aura[it] pas de projet industriel pensé et réfléchi, le problème essentiel étant le manque de productivité de l'usine du Nord et l'absence d'adaptation au marché. Près des deux tiers du nickel mondial sont désormais transformés par la Chine et ses partenaires comme l’Indonésie pour un nickel destiné aux batteries de véhicules électriques. Or pour des raisons de conservatisme culturel, les indépendantistes ont désiré conservé la transformation du nickel sur place créant un métal destiné à des marchés périmés alors qu'il aurait fallu l'exporter vers des usines métropolitaines. Le résultat est catastrophique à la fois d'un point-de-vue écologique ce qui a été négligé et d'un point-de-vue économique. Les indépendantistes eux-mêmes se retrouvent dans une nasse et soumis à la dépendance chinoise dans un archipel en partie ruiné. En octobre, les hauts fourneaux de l'usine nord seront définitivement éteints et ne seront vraisemblablement jamais rallumés. L'état français est lui aussi placé devant des contraintes qu'il va être difficile de régler. Si aucune solution n’est proposée la crise va déboucher sur une guerre civile ouverte.

GXC
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