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Corse : hélas tout ne va pas bien !

Tout part à vau-l'eau

Corse : hélas tout ne va pas bien !



Dans une interview un rien lunaire accordée à Corse-Matin, l’ancien député de Femu, Jean Félix Acquaviva juge que le sentiment négatif porté sur la politique menée par la majorité simeoniste n’est qu’une impression causée par un déficit de communication. Quant à la croissance exponentielle de la dette, elle aurait pour origine l’héritage du passé. Alors ce sentiment largement partagé dans notre île que tout part à vau-l’eau ne serait-il qu’une impression à opposer à une réalité florissante ?


Un bilan touristique en demi-teinte


Le bilan de la période estivale n’est pas bon. Et l’écrire ainsi est un euphémisme. Pour les structures d’accueil déjà fragilisées par la crise de la COVID, il est vraisemblable que l’année 2024 représentera un coup de grâce. Cela est d’autant plus rageant que nos voisins font carton plein. La Grèce comme l’Italie ou encore la Dalmatie n’ont pas eu à se plaindre du chiffre d’affaires tout comme la côte française méditerranéenne. Serait-ce que la Corse a manqué d’arrivants ? Les chiffres affichent certes un léger fléchissement, mais rien qui puisse expliquer le bilan qui vient. Les professionnels ont mis en avant le coût des transports qui par simple soustraction aurait obéré les dépenses sur place. Vraisemblable. Autre facteur : les locations de particuliers. Mais elles ne sont pas propres à la Corse, pas même à la France. Cette ubérisation des locations touche l’Europe entière. Par ailleurs, il faut accepter qu’aujourd’hui la demande touristique soit liquide. La Corse n’est en aucun cas une destination indispensable. La clientèle qui loue aux particuliers exige plus de souplesse dans leurs dépenses. Ce sont souvent des familles qui n’ont pas les moyens de se payer plusieurs chambres à 200 euros plus le prix exorbitant de repas. À ce compte la Sardaigne est infiniment moins chère et plus accueillante.

Se remettre en cause


Il est de bon ton chez de chaque année se plaindre d’une année de qualité inférieure à la précédente. C’est parfois vrai et parfois faux. Mais surtout, on remarquera que si les observations sont le plus souvent justes, on peine à trouver des propositions réalistes et efficaces comme si la plainte saisonnière allait régler les difficultés économiques et financières. Il y a certes une responsabilité d’une direction touristique qui après avoir jugé qu’il ne fallait rien faire n’a pas su se retourner et entamer une campagne dynamique pour attirer le chaland. Encore faut-il que cette campagne s’adosse à une réalité attractive. Nous nous sommes habitués au tourisme bronze-cul qui est de plus en plus contesté tout au moins par les familles les plus jeunes. Désormais, on veut découvrir un pays, sa culture, ses coutumes. Les Corses seraient surpris par le dynamisme du tourisme sarde qui s’appuie sur des prix tirés par le bas sans que cela affecte la qualité de l’accueil, de la persistance d’une culture qui s’affiche fièrement notamment dans les fêtes villageoises, de la gentillesse des hôtes. Peut-être faudrait-il se remettre collectivement en cause.

Une île dont l’image reste introuvable une fois sur place


Nous sommes la terre qui a enfanté des hommes devenus des légendes. Sampiero Corso a été le modèle de Shakespeare pour Othello. Sa chevauchée magnifique à l’époque de la Renaissance contient tous les ingrédients d’un formidable roman historique. Le roi Théodore de Neuhoff a de quoi faire rêver tous les aventuriers. La figure tutélaire de Pasquale Paoli a émerveillé l’Europe des Lumières. Et que dire de Napoléon, le personnage le plus cité au monde après le Christ ? Et ne parlons pas de Colomba. Or que faisons-nous de ce magnifique matériau historique, culturel et intellectuel ? Rien ou, pour être juste, pas grand-chose. Nos tours fortifiées sont dans la plupart des cas abandonnées alors qu’elles pourraient servir de point de départ pour des randonnées historiques vers l’intérieur des terres. Nous n’avons pas même un musée historique alors même que notre histoire est flamboyante. Cette représentation de la Corse est introuvable une fois sur place. On trouve trop de grincheux qui espèrent la manne touristique tout en montrant une hostilié ouverte envers les touristes. Si nous ne sommes pas capables d’harmoniser nos désirs, nos envies avec les moyens mis en pratique, nous irons d’échecs en échecs.

Se mettre autour d’une table et réfléchir


La crise financière que traverse la France — et qui fait écho à celle que nous traversons localement — nous oblige à repenser notre façon de fonctionner. L’argent ne pas plus abonder au moindre signe de mauvaise humeur de la Corse. Les collectivités vont devoir se serrer la ceinture. Le tourisme est l’un de nos trois piliers. C’est aussi le seul sur lequel nous pouvons jouer. Jusqu’à maintenant, nous avons considéré le tourisme comme une rente à vie. Il convient désormais d’en faire un sujet de prospective, d’investissement et d’enrichissement pour la population tout entière.

GXC
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