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Visite de Christiane Taubira en corse

Concernant la Corse, l’action de Christiane Taubira n’a malheureusement pas été à la hauteur des principes démocratiques et de justice plus humaine qu’elle a souvent défendus avec courage et détermination sous bien d’autres cieux.

Visite de Christiane Taubira : devoir de mémoire



Concernant la Corse, l’action de Christiane Taubira n’a malheureusement pas été à la hauteur des principes démocratiques et de justice plus humaine qu’elle a souvent défendus avec courage et détermination sous bien d’autres cieux.



Christiane Taubira, ex-Garde des sceaux, ministre de la Justice, figure emblématique de la gauche française, a été accueillie en grande pompe ces derniers jours à Aiacciu, à l'invitation de Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif, et de Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse. Le 11 septembre, elle a échangé avec les élus de l'Assemblée de Corse. La question de l'autonomie a bien entendu été abordée. Le lendemain, elle a été l’invitée d’honneur de l’Universita di Corsica à l’occasion de la rentrée de la Faculté de Droit. L’ancienne Garde des Sceaux sera la marraine de la promotion. Cela s’est fait à l’initiative de la professeure et constitutionnaliste Wanda Mastor. Au cours de ses différentes prises de paroles lors de sa visite et de tous les échanges ayant suivi, Christiana Taubira a dit tout le bien du processus visant à doter la Corse d’un statut d’autonomie qui a été initié et développé durant le processus Beauvau. Rien de vraiment surprenant car Christiane Taubira a débuté son parcours politique en militant pour l’indépendance de la Guyane dont elle est originaire. Rien de vraiment surprenant car Christiane Taubira n’a jamais renoncé à son identité guyanaise et à la défense des intérêts et des populations originaires de Guyane (autochtones ou importées à des fins d’esclavage, métissées ou non). En ce sens, on peut notamment retenir qu’au début des années 1990, elle a participé à la création d’un parti politique guyanais ; et qu’en qualité de députée de la Guyane (1993 à 2012), elle a été à l'origine de la loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité. Concernant la Corse, l’action de Christiane Taubira n’a malheureusement pas été à la hauteur des principes démocratiques et de justice plus humaine qu’elle a souvent défendus avec courage et détermination sous bien d’autres cieux. En effet, si elle ne s’est jamais opposée à des évolutions institutionnelles et a même soutenu les actions en ce sens de Paul Giacobbi alors président du Conseil exécutif et de François Hollande alors président de la République, elle a représenté une des causes de l’arrêt du processus de Matignon voulu par Lionel Jospin, n’a pas manifesté une grande volonté politique de régler la question du rapprochement des prisonniers politiques et n’a pas su préserver les prisonniers nationalistes de l’étiquette terroriste. Un devoir de mémoire s’impose.


Ne pas oublier que…



Ne pas oublier qu’ayant en avril 2002 été candidate du Parti Radical de Gauche (PRG) lors du scrutin présidentiel et ayant obtenu 2,32 % des suffrages, Christiane Taubira a contribué à l’élimination au premier tour de Lionel Jospin et de ce fait à l’arrêt du processus Matignon que ce dernier avait enclenché. Ne pas oublier qu’en qualité de Garde des Sceaux, ministre de la Justice, de 2012 à 2016, dans les gouvernements Jean-Marc Ayrault I et II, puis Manuel Valls I et II, sous la présidence de la République de François Hollande, Christiane Taubira n’a guère manifesté d’ardeur à procéder à un rapprochement des prisonniers politiques nationalistes corses malgré les demandes de l’ensemble des élus de l’Assemblée de Corse, et plus particulièrement les demandes pressantes de Paul Giacobbi alors président du Conseil exécutif appartenant, tout comme elle, au Parti Radical de Gauche.
Ne pas oublier encore qu’étant encore Garde des sceaux, ministre de la justice, Christiane Taubira a contribué en 2015 à la rédaction du projet de loi Renseignement destinée à combattre plus efficacement la menace terroriste, notamment avec la création du fichier judiciaire des auteurs d'infractions terroristes (FIJAIT) permettant encore aujourd’hui de répertorier les personnes qui font l'objet d'une condamnation ou d'une mise en examen pour fait de terrorisme et leur impose des obligations. Celles-ci doivent informer tous les trois mois les autorités de police ou de gendarmerie de leur domiciliation et de tout projet de déplacement à l'étranger. Celles-ci ne peuvent détenir des armes de chasse. Les informations sont conservées dix ans pour les personnes majeures, cinq ans pour les personnes mineures. Or Christiane Taubira n’a pas exclu les prisonniers politiques corses et les anciens prisonniers d’une inscription à ce fichier, contribuant ainsi à ce qu’ils soient amalgamés à des terroristes tels que les militants criminels et génocidaires de Daech. On peut être admirable sans être parfait...

Pierre Corsi

Crédit photo: page F.B Christiane Taubira
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