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42e festival Arte Mare, du 27 septembre au 12 octobre

Arte Mare : Au coeur battant de la Méditerranée

42 è festival Arte Mare, du 27 septembre au 12 octobre
Au cœur battant de la Méditerranée



« Quoi de neuf docteur ? » … La médecine. La santé. Voilà les thèmes de la nouvelle édition du festival Arte Mare qui fête ses 42 è automnes. Au programme 70 films. Beaucoup d’invités prestigieux. Trois compétitions : méditerranéenne, corse, écoles de cinéma. Des sites de projection désormais à l’Alb’Oru, Biguglia, Furiani, Le Régent.




L’affiche est craquante et mignonette : dans la poche d’une blouse blanche typique des professions médicales un lapin dont on ne voit que les oreilles et un bout de tête. En dessous de l’animal un caducée fleuri d’une carotte délice de la gent léporidée. Le tout assorti d’un claquent « Quoi de neuf docteur ? ». Un brin d’humour ne fait jamais de mal tout comme le cinéma est indiqué pour soigner la mélancolie, la mauvaise humeur, l’ennui.

Si on voulait définir le festival on pourrait avancer qu’il est l’écho, le reflet du cœur battant de la Méditerranée au temps présent. La compétition méditerranéenne met aux prises des films de sept pays. Les sujets abordés ? Une plongée dans l’enfer de DAEC, les blessures de la Palestine, les personnes trans, le poids de la tradition, la mafia avec son côté sombre et parfois comique.

En ouverture des festivités, « Le Mohican » de Frédéric Farrucci – son deuxième long-métrage après le fameux « La nuit venue ». « Le Mohican » est l’histoire d’un berger corse en lutte contre des spéculateurs bâfreurs de terres. En clôture d’Emmanuel Courcol, « En fanfare », récit d’un grand chef d’orchestre découvrant qu’il a un jumeau… anonyme tromboniste.

Entre la section « Panorama » et les avant-premières on dénombre une vingtaine de réalisations signées, entre autres, de Sorrentino, Nabil Ayouch, Guédiguian, Louise Courvoisier, Julien Colonna… Invité d’honneur Nicolas Philibert, auteur de l’inoubliable, « Être et avoir » tourné dans une classe unique de campagne et plus récemment de « Sur L’Adamant » et de « Averroès et Rosa Parks » sur la psychiatrie. Hôtes de Bastia également : Sandrine Kimberlain, Sofiane Zermani, Emmanuel Courcol, Enrique Otero. Eléonore Sela et d’autres surprise !

A ne pas louper l’exposition de la plasticienne Zelda Colonna, qui offre une rétrospective de ses recherches entre chirurgie, bioéthique et arts plastiques. A ne pas manquer non plus les images de la collection médicale de la Bibliothèque patrimoniale bastiaise qui publie un catalogue richement illustré des ouvrages médicaux de son fonds.

Michèle Acquaviva-Pache

Attention la semaine du 4 au 12 octobre est consacrée à des rediffusions au Régent.


                                                           ENTRETIEN AVEC MICHÉLE CORROTTI




Le festival décline sa thématique sur la médecine et la santé. Pour quelles raisons ?
Chaque année on discute d’un thème possible. La santé nous a semblé un bon sujet de société. On s’est alors interrogé sur la filmographie disponible. Le cinéma français compte un excellent réalisateur-médecin, Thomas Lilti et un cinéaste que nous admirons beaucoup, Nicolas Philibert, qui a réalisé l’inoubliable, « Être et avoir » sur une classe unique decampagne. Plus récemment il nous a donné deux remarquables films sur la psychiatrie, « Sur L’Adamant » et « Averroès et Rosa Parks ». Tous deux pouvant se déplacer à Bastia nous avons validé la thématique « Quoi de neuf docteur ? » Nous avons aussi la chance d’accueillir Éric Chenut, président de la Mutualité Française grâce à notre partenariat avec la MGEM.



Quel sera le sujet du débat sur la santé ?
Le débat prévu en présence d’Éric Chenut, Jean Jacques Zambrowski, Karine Lacombe, Patrick Métais, tournera autour de la santé dans un avenir immédiat et dans un futur éloigné qui flirte avec la science-fiction.



Dans la situation compliquée de la Méditerranée la composition de la compétition dédiée au Mare Nostrum n’a-t-elle pas été ardue ?
Cette section doit comprendre sept films, c’est dire que chaque année elle implique de faire des choix puisqu’il y a de nombreux pays autour du bassin méditerranéen. Pour cette édition concourent la Turquie, important pour sa cinématographie, avec « Crossing » ; l’Espagne avec « Honeymoon » qui est un thriller ; la France avec « Rabia »sur de jeunes femmes parties s’enrôler dans DAECH ; l’Italie avec « Les lettres siciliennes » à mi-chemin entre film sur la mafia et comédie ; Israël avec « Seven blessings » qui traite d’une coutume séfarade. Pour la première fois nous présentons également deux documentaires en compétition « No other land » sur la Palestine et « Les filles du Nil » sur de jeunes égyptiennes.



Votre section « Panorama méditerranéen » est très riche. Quelles réalisations ne pas manquer ?
Précision : cette section comprend des films récents et inédits. J’évoquerais seulement la dernière œuvre de Nabil Ayouch multi-primé à Bastia, « Everybody loves Touda », beau portrait de jeune femme en quête d’indépendance, « Voyage à Gaza », regard d’un Italien sur la Palestine, « Barbès, Little Algérie » qui porte sur ce quartier parisien peuplé de nombreux Maghrébins. A noter que les films, que nous proposons, sont pour la plupart des coproductions associant Maghreb, France, Moyen-Orient, Belgique, Allemagne…



De quelle manière constituez-vous les jurys ?
Comme le festival doit se dérouler sur plusieurs sites nous avons limité le nombre de jurés à quatre pour nos trois jurys. Le jury de la compétition méditerranéenne réunit le cinéaste Pierre Jolivet, auteur dernièrement d’« Algues vertes », film de fibre écolo-sociale ; François Rollin, acteur réputé pour son humour ; Hélène Frappat, romancière, critique de cinéma, philosophe ; Ariane Chemin, grand reporter au « Monde », écrivaine. Pour chaque jury : compétition méditerranéenne, compétition corse, compétition des écoles de cinéma nous avons recherché un équilibre homme-femme et des sensibilités artistiques et sociales différentes.



Entre la Corse et le cinéma est-ce le bonheur et la santé ?
La Corse est un petit pays étonnant où l’on compte une proportion incroyable d’artistes par habitant ! Dans l’île le cinéma a de bonnes fées : Collectivité de Corse, université, section cinéma dans trois lycées. Il existe en outre des dispositifs qui offrent aux jeunes des master classes, des stages, il y a aussi de nombreux festivals dédiés au 7 è art… Maintenant beaucoup de cinéastes corses comptent par leur cinématographie et on peut facilement aligner une dizaine de noms importants. Très récemment sont sortis trois longs-métrages deréalisateurs insulaires qui ont été vus à Cannes ou à Venise. Nous programmons dans la section « Panorama » deux d’entre eux : « Le royaume » de Julien Colonna et « Le Mohican » de Frédéric Farrucci. Il y a en Corse une forte émulation chez les cinéastes en particulier de courts-métrages plus accessibles que les longs-métrages.



Pourquoi une compétition des écoles de cinéma ?
Parce que c’est intéressant de découvrir des cinéastes à leurs débuts. Parce que cela ajoute des escales dans notre voyage autour de la Méditerranée. Cette année on va pouvoir ainsi accoster au Monténégro, au Liban, en Grèce qui ne sont pas visibles dans nos autres sections.



Le réel et le social sont très présents dans votre édition 2024. Est-ce un effet de l’actualité ?
Il ne peut en être autrement… Le cinéma méditerranéen aborde les réalités les plus prégnantes soit frontalement soit par les tours et détours de l’intrigue. Il affronte des situations dont on doit s’extirper.



La fermeture du théâtre, lieu d’excellence du festival, vous pose-t-elle des problèmes ?
Après plus de 40 ans au théâtre c’est dur de se répartir entre l’Alb’Oru, Biguglia, Furiani, Le Régent. A l’Alb’Oru on va projeter la compétition méditerranéenne et des films du « Panorama », à Biguglia on verra plutôt des réalisations françaises. Au Régent, sur deux semaines, seront visibles de rediffusions. La difficulté réside encore dans les habitudes du public qu’il faut chambouler et dans celles de nos partenaires.



A qui le Prix Ulysse pour l’ensemble de son œuvre ? A qui la récompense attribuée pour un premier roman ?
Le prix Ulysse pour l’ensemble de son œuvre va à Milena Agus, célèbre écrivaine sarde. Le prix du premier roman, qui se déroule également en Sardaigne, consacre Sara Vallefuoco pour « Noir et blanc ».

Propos recueillis par M. A-P
Crédit photos
:Quartz médias, france.TV Studio, France 3Corse ViaStella, Pyramide international




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