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Salle de spectacle de Calvi ... Depuis le temps !

Grande nouveauté à Calvi, le 10 septembre, la ville et la communauté de communes balanines inauguraient une salle de spectacle flambant neuf.

Salle de spectacle de Calvi
Depuis le temps !...


Grande nouveauté à Calvi, le 10 septembre, la ville et la communauté de communes balanines inauguraient une salle de spectacle flambant neuf. Le projet était dans les tuyaux depuis vingt et un ans.   La construction de cet équipement fut heureusement plus rapide : trois ans. Cette salle de spectacle est située à l’Oasis, à l’entrée de la ville, et est entouréune pinède.



S’il est une région de Corse qui a un rayonnement culturel c’est bien la Balagne où l’on ne dénombre pas moins de plusieurs villes, bourgs et villages où le mouvement culturel est très actif : Calvi, Pigna, Calenzana, Curbara, Ile Rousse avec les Rencontres polyphoniques de Calvi, le festival de Voce, les rencontres de musiques de Calenzana, Calv’in Blues pour ne citer que quelques manifestations et festivals.

La salle de spectacle calvese a une jauge de 345 places. Son architecte, Maria Godlewska, a opté pour un bâti très moderne. A noter que cette conceptrice s’est illustrée par maintes réalisations à vocation culturelle un peu partout en France. Comme toutes les scènes récentes celle de Calvi n’a pas de proscenium surplombant les spectateurs placés en bas des fauteuils d’orchestre. Les travaux ont été conduits par l’entreprise Du Show qui a fort bonne réputation en la matière. Le coût de la salle est d’un peu plus de 500 millions d’euros. Le financement provient pour moitié de l’Etat, le reste est abondé par la Collectivité de Corse et par la communauté de communes balanines. Le projet initial de cette structure date de 2003. Sa première version n’a pu être menée à bien car annulée par le Tribunal administratif. La deuxième version a dû être abandonnée pour des raisons budgétaires.

La gestion de la salle revient à la communauté de communes. Une personne à temps plein s’occupe de l’intendance. Un prestataire de services, Alan Abad, est chargé de la direction artistique et de la programmation. La bonne marche de la technique ressort aussi d’un prestataire de services (Tecnica).

Tout aurait pu aller comme dans le meilleur des mondes si des acteurs culturels de Balagne, dont certains sont sur le terrain depuis plus de quarante années, n’avaient manifesté du mécontentement. Brandissant une banderole sur laquelle était écrit, « Eppuru simu quì » ils se sont rappelés à la représentation politique. Pourquoi ? Parce qu’ils n’avaient pas été conviés à l’inauguration ni associés à la conception et au fonctionnement de la salle.

Espérons que cela ne soit qu’un oubli involontaire et que de fructueuses relations s’établissent entre politiques et culturels… Ça devrait être de l’ordre du possible !

Michèle Acquaviva-Pache



Signataires de la lettre ouverte aux élus :
U Svegliu Calvese. Machina. U Timpanu. Association Fisarmusica. I scontri di Calenzana. Mus’Cal. A Filetta. Teatr Europa. Ventu di Mare. U Meridianu. Association l’Alivetti. Acrobatica.



                                                         ENTRETIEN AVEC ALAIN ABAD, programmateur


En tant que programmateur avez-vous toute latitude dans le choix des artistes ?
Je reçois les demandes d’artistes qui désirent se produire dans la salle. Depuis quatre mois je suis bombardé de propositions d’ici, du continent et même de l’international. Ces propositions je les transfère à la commission ad hoc de la communauté de communes qui donne son feu vert. Ceci concerne l’achat de spectacles. Mais la salle et aussi disponible à la location pour les associations ou les producteurs. La salle offre tout l’équipement possible à l’instar de l’Alb’Oru sur Bastia. Dans un avenir proche nous mettrons sur pied un système qui pourra intéresser les organisateurs de colloques et de séminaires… D’ores et déjà quatre associations balanines ont réservé la salle pour montrer leurs réalisations.


Quels artistes avez-vous retenu pour le quatrième trimestre ?
Nous avons ouvert la saison le 20 septembre avec le groupe, « Gospel and Soul Voices » qui a reçu en invité, Jean Menconi. Le 18 octobre nous accueillerons les Chjami Aghjalesi. Le 15 novembre le rideau se lèvera sur la pièce, « Marius », mis en scène par Jean Claude Baudrucco l’un des meilleurs spécialistes du théâtre de Pagnol. Le 6 décembre on fera place à Laura Domenge qui excelle dans le stand up et qui est chroniqueuse sur Lolywood (YouTube). Elle a énormément d’humour et c’est sa première venue en Corse. Pour le 21 décembre en prologue aux festivités de Noël nous proposerons « Les enquêtes de l’inspecteur T » adaptées d’un livre de Pierre Gripari. C’est un bon spectacle familial.


Musique, chant, danse, théâtre qu’allez-vous privilégier ?
Je recherche surtout la pluralité la plus complète avec un équilibre des musiques corses et internationales. Je veux encore qu’on puisse voir de la danse, du théâtre, tous les arts vivants. Je souhaite être éclectique.


Durant la saison allez-vous avoir des temps forts accordés au rythme des fêtes calendaires ?
J’attends de savoir quelles vont être les demandes de gens. Alors, je réponds peut-être oui, peut-être non à votre question. En tous cas je vais laisser une grande part de liberté à tout le monde.


Où faites-vous votre « marché culturel » ?
J’ai un bon carnet d’adresses. J’appelle mes contacts qui ont souvent des catalogues bien fournis. Par ailleurs il y a aussi les artistes qui me contactent directement en m’envoyant des dossiers. Je regarde également de près les réseaux sociaux pour connaitre si j’y trouve des choses intéressantes à reprendre.


Quel est votre parcours artistique ?
A l’origine je suis musicien… et musicien je reste ! Mes instruments sont la guitare et la basse, je suis en outre chanteur. Mon activité englobe également la réalisation d’albums. J’en ai supervisé un pour le trentième anniversaire de Canta u Populu Corsu. J’ai travaillé aux Etats-Unis, en Angleterre (douze ans), à Paris (neuf ans). J’ai été directeur de l’Espace Carlu Rocchi à Biguglia.


Vos attaches avec la Corse ?
Mes parents sont arrivés sur l’île quand j’avais quatre ans. Ils m’ont élevé à Saint Joseph de Bastia où j’ai vite eu pour copain Maï Pesce.


Quand avez-vous attrapé le virus de la musique ?
Assez tôt puisque j’ai fait mon premier Olympia à 16 ans. Depuis lors j’ai toujours évolué dans le milieu musical.


Que vous a appris votre expérience à la tête de l’Espace Carlu Rocchi à Biguglia ?
Au plan artistique j’ai continué sur ma lancée. Au plan juridique par contre j’ai beaucoup appris en me frottant au service public.


La qualité essentielle d’un programmateur ?
Avoir une culture au sens large pour pouvoir répondre aux besoins du public. Savoir orchestrer une saison artistique. Pouvoir reconnaitre que ce qui compte chez un artiste c’est son côté humain.


Les artistes corses réagissent-ils différemment des autres ?
Ils ont les mêmes réactions… Comme ailleurs on rencontre des personnes agréables et certaines qui ne le sont pas. En général j’ai des rapports amicaux avec les artistes corses. Mon expérience m’a enseigné que plus un artiste est « pro » plus il est humble…


A Calvi quel public voulez-vous toucher ?
Tous les publics… C’est pourquoi je veux miser sur le plus de diversité possible dans ma programmation. De toutes les façons je pense que les calvais et les balanins vont être attirés par la belle salle qui a été construite et par les beaux spectacles qu’on leur réserve.


A l’inauguration de la salle de grandes associations de Balagne ont montré leur mécontentement de n’avoir pas été invitées ni consultées sur le projet ?
Cette manifestation n’était pas dirigée contre moi. Ma porte est toujours ouverte à tous !

Propos recueillis par M A-P
Photos: Michèle Acquaviva -Pache
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