Delon le Corse
La grand-mère maternelle d 'Alain Delon , Marie- Antoinette Evangelista avait vu le jour en 1867 à Prunelli di Fium'orbu..........
Delon le Corse
La grand-mère maternelle d'Alain Delon, Marie-Antoinette Evangelista avait vu le jour en 1867 à Prunelli di Fium'orbu à une époque où le banditisme y sévissait. La légende familiale voulait sans grande vraisemblance que celle-ci ait été apparentée à la nourrice de Napoléon Bonaparte, parentée que revendiquait également le gangster Paul Carbone. La Corse collera sa vie durant à cet homme fasciné par la marginalité et la voyoucratie.
Au retour d'Indochine
Engagé volontaire en Indochine à l'âge de dix-sept ans, il retrouve la France en 1956 après avoir été renvoyé de l'armée — "J'ai fait tellement le con, j'étais tellement indiscipliné, j'ai fait tellement de prison qu'ils ont fini par me virer" — et plonge dans le monde interlope de Pigalle et de Montmartre. Son physique exceptionnel lui attire les bonnes grâces de prostituées mais aussi de proxénètes qui le protègent. "J'étais vraiment un voyou à l'époque et c'est clair que si le cinéma ne m'avait pas arraché à mon avenir de délinquant, aujourd'hui je ne serais plus en vie", a-t-il confessé. « « Quand je rentre d’Indochine, en 1956, je ne sais pas quoi faire. Je pense que que je vais mourir dans peu de temps, car je suis un voyou. J’en ai la mentalité. J’habite à Pigalle avec un copain, dans un hôtel qui m’a marqué : l’hôtel Régina. [..] Il y a un bar à côté de mon hôtel, un bar de voyous, les Trois Canards. Au bout d’un ou deux mois, j’ai huit jeunes filles qui sont amoureuses de moi et veulent travailler pour moi… […] J’ai des femmes dans un certain quartier de Paris et je dois devenir un maquereau. Mais comme j’ai aussi des femmes dans un autre quartier de Paris, je deviens une star. » déclare-t-il au quotidien Le Monde. Il est pris en main par un voyou corse, originaire du Boziu, François Marcantoni dont la spécialité étaient de s'attaquer à d'autres voyous après que ces derniers avaient fait un coup. Marcantoni a été un résistant authentique à Toulon et connaît beaucoup de monde qu'il présente au jeune homme qui fait ses premiers pas dans le cinéma. "J'ai eu beaucoup de rapports avec le grand banditisme, je l'ai même touché du doigt", confessait-il en 2021 dans Paris Match. "Mais j'ai toujours préféré les policiers, ceux qui nous défendent". Il est fasciné par le milieu des gangsters, c'est une attirance qui remonte à sa petite enfance, quand il jouait dans la cour de la prison de Fresnes (où son beau-père était surveillant) avec les enfants des gardiens, entre flics et voyous", disait en 2015 à l'AFP son biographe Bernard Violet. Il fera la connaissance de Tony Zampa, de Loulou Régnier, de Jacky le Mat et du commissaire Robert Blémant, des Francisci et plus tard les frères Zemmour… le gratin de la pègre.
La rencontre avec Mémé Guerini
L'amitié d'Alain Delon pour Mémé Guerini, l'empereur de Marseille, date de l'époque où l'acteur commence à être connu notamment pour sa liaison avec Romy Scheider. Or Mémé Guerini a un grand amour dans sa vie : sa fille Christine à qui il ne sait rien refuser. Elle lui confie son admiration pour Alain Delon depuis qu'elle l'a vu dans Le Guépart de Visconi. Guerini le connaît grâce à François Marcantoni qui le lui a présenté. Delon a tenu à descendre à Marseille pour lui présenter Romy Schneider sa fiancée. Quand celle-ci sera victime d'une fausse couche, elle viendra prendre du repos chez les Guerini. En attendant, Alain Delon et Christine Guerini vivent une amourette. Cette amitié ne se démentira jamais. Mais Alain Delon continuera sa vie entière à fréquenter les hommes du mitan : il rend visite en prison à François Besse, le lieutenant de Mesrine. Il a pour garde du corps un trafiquant yougoslave notoire, Stefan Markovic, qui est arrivé clandestinement en France en 1958. En 1968, son cadavre ligoté est découvert dans une décharge des Yvelines enclenchera l'affaire Markovic qui vaudra à Alain Delon de longs interrogatoires policier et à François Marcantoni des mois de prison. En 2017, il est entendu par un juge, en marge d'une affaire de grand banditisme: des véhicules immatriculés à son nom avaient été trouvés dans la propriété d'une famille dominante de la pègre parisienne, les Hornec.
La Corse, l'innaccessible étoile
Il ne fait aucun doute qu'Alain Delon a fantasmé sur une Corse idéalisée et incarnée par le voyou parfait. Lorsqu'il a tourné Borsalino avec Jean-Paul Belmondo, la famille de Paul Carbone s'est opposée à ce qu'il utilise ce patronyme. C'est Delon qui a abondé en ce sens. Corse-Matin dans un article en forme d'hommage a listé les Corses qui l'ont accompagné tout au long de sa carrière depuis le producteur Hercule Mucchielli, en passant par la scripte Lucile Costa dite Minouche ou encore l'écrivain et réalisateur José Giovanni. Il a également fréquenté des hommes politiques insulaires tels que Pierre Pasquini également ami de Marcantoni, ou encore les Dominati père et fils. Mais celui qu'il aima entre tous était Mémé Guerini décédé d'un cancer le 2 mars 1982 qui disait aimer l'acteur "comme un fils" jouant ainsi le rôle d'un père qu'il n'avait jamais vraiment eu tandis que la terre de sa grand-mère restait cette oasis inaccessible durant une vie de solitude magnifique.
GXC
Crédit photo : GXC