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Les premières flammes de l'incendie social

Les Antilles, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie et bientôt les confettis du Pacifique ........

Les premières flammes de l’incendie social



Les Antilles, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie et bientôt les confettis du Pacifique… Le feu a pris aux marches de l’ancien empire déjà mis à mal dans les possessions africaines d’autrefois. La vieille France a décidément cessé d’être. Mais, plus important, les explosions de violence qui ont explosé là-bas au loin, sont d’abord celles de populations mises à mal par l’insoutenable hausse des prix locaux aggravée par des monopoles de situation et l’éloignement du centre
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Treize morts et aucune solution


Treize morts… tel est le bilan des émeutes sporadiques de Nouvelle-Calédonie. Imaginons seulement que cela ait eu lieu en métropole. Un pareil évènement survenu sur le continent auraient immédiatement causé une grave crise politique. Rappelons-nous : il a suffi de deux mini-émeutes en Corse, après l’assassinat d’Yvan Colonna, pour que Gérald Darmanin, le ci-devant ministre de l’Intérieur, prononce tout aussitôt le mot magique d’autonomie. Mayotte s’enfonce dans la barbarie, la Nouvelle-Calédonie dans la guerre civile, les Antilles dans une violence causée par la misère et Paris se tait. Il est vrai que la France végétait dans le bourbier créé par la dissolution voulue par un président inconséquent. En attendant l’incendie allumé aux portes de la métropole pourrait bien s’étendre au cœur de celle-ci par les maux sont relativement identiques. Le surendettement de la France étrangle l’économie et la soumet aux diktats de ses prêteurs. Les partis se déchirent et, désormais n’ont plus en vue que les élections présidentielles quitte à sacrifier les intérêts des citoyens. Or c’est la pauvreté et l’absence de perspectives qui alimentent le vote du Rassemblement national bien plus que les peurs provoquées par l’immigration et l’insécurité.

Des causes nombreuses et convergentes


Les émeutes de Nouvelle-Calédonie, celles des Antilles ou le chaos comorien ont bien entendu des raisons diverses. Mais elles se rejoignent sur un point bien précis : la perte d’autorité de l’appareil d’état et son incapacité à gérer le bien commun. Aux Antilles la colère se tourne vers une poignée de békés, détenteurs de la grande distribution et responsables à ce titre d’une partie de l’inflation. En Nouvelle-Calédonie, la cause est en apparence la question de l’électorat bloqué mais en réalité plus encore, les poches de misère qui s’agglutinent aux portes de Nouméa la blanche, jusqu’à se transformer en ces banlieues ingérables qu’on retrouve dans les pays en voie de développement. À Tahiti, il existe une frontière invisible entre la masse des indigènes et une infime minorité blanche ou d’origine asiatique qui vit dans une l’aisance. Aujourd’hui se mêlent étroitement les questions identitaires et sociales auxquelles l’état et même les partis politiques français semblent parfaitement incapables de répondre. La droite appelle à l’ordre quitte à aggraver la situation. La gauche et plus encore l’extrême gauche somment la France de procéder ici et là à une « décolonisation » qui sans aucun doute plongerait les populations dans une misère plus grande encore que celles qu’elles subissent aujourd’hui. Il suffit de constater qu’aux Antilles, les îles qui ont acquis leur liberté cherchent désespérément de quoi survivre. Dans le Pacifique, il en va de même avec la Chine en embuscade.

Responsabiliser les populations


Les situations sont explosives et le nouveau gouvernement, aussi fragile soit-il, va devoir trouver très vite des portes de sortie. Il est vraisemblable qu’il choisira de mettre la main au portefeuille. C’est rapide, un peu douloureux, mais pas trop étant donné la dimension des territoires impactés par les émeutes. Et puis, il faut avouer que c’est là la seule façon de démontrer l’utilité de la France pour les populations indigènes avec qui le lien « patriotique » n’est pas suffisant pour conserver une attache durable. Mais cela ne réglera en rien la question de fond qui reste la profonde inégalité sociale aggravée par une forme de ségrégation raciale qui ne veut pas dire son nom et qui est souvent inconsciente.

Revitaliser les marges


Soyons lucides : la société capitaliste n’a jamais été aussi inégalitaire et ce qui se produit « là-bas » est ce qui arrive dans les banlieues, dans les campagnes. Les plus démunis, les moins bien armés que ce soit sociologiquement, psychologiquement ou économiquement subissent une déchéance qui est ressentie comme un manque de respect et à son tour provoque du ressentiment. C’était il y a un demi-siècle le carburant des partis communistes. Il est devenu celui de l’extrême droite et, dans les situations ou les pays les plus inégalitaires, celui des mafias. Il faut donc accepter l’idée que toute solution qui chercherait à contourner ce socle de vérité sera condamnée à l’échec.

GXC
Illustration /GXC
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