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Les concurrents de la peur, tout a commencé par une pétition écrite par les zemmouristes de Corse

Tout a commencé par une pétition écrite par les zemmouristes de Corse........

Les concurrents de la peur


Tout a commencé par une pétition écrite par les zemmouristes de Corse contre l’implantation d’une antenne de SOS Méditerranée en Corse, pétition aussitôt relayée par Éric Zemmour sur le continent, reprise par le JDD et la presse Bolloré. Nicolas Battini avait alors en écho déclaré : « « Une ONG internationale connue pour son rôle actif dans le trafic d’êtres humains en Méditerranée se structure en Corse. Nous allons tout faire, dans le cadre de la démocratie et du débat pacifique, pour marginaliser son action chez nous. La Corse ne sera jamais Lampedusa ! » Puis des jeunes nationalistes regroupés dans la jusque-là inconnue Unione di a ghjuventù se sont joints à ce concert. Mais voilà que le jour de la présentation par Sophie une responsable de l’association SOS Méditerranée du film à Bastia, Mothership, une vingtaine de militants d’un nouveau groupe d’extrême droite à l’intitulé linguistiquement métissé, l’Union des droites per i nostri, a tenté à une vingtaine de militants d’empêcher la tenue de la réunion.


Il est vrai que les pressions et les menaces sous-jacentes avaient fait qu’une semblable réunion d’information avait effrayé le directeur du Parc Galea d’Ajaccio et conduit à l’annulation pure et simple de l’évènement. Une méthode jusqu’alors utilisée avec succès par le mouvement wokiste sur le continent : interdire toute parole contradictoire à la sienne.

Une intolérance qui va crescendo


Lorsque la Mossa palatina s’était exprimée au cours de manifestations de rue, un aréopage de gauche avait tenté d’en interdire l’expression. Je m’étais alors élevé contre une telle attitude. Je la jugeais d’une part sectaire. Dans les limites de la loi, quiconque a le droit d’affirmer ses idées. Cela s’appelle le débat démocratique. En second lieu je mettais l’accent sur l’échec patent d’une telle démarche qui n’a certainement pas empêché la montée d’une extrême droite causée par l’incapacité de la gauche à se saisir de certains sujets ressentis comme essentiels par la population. Je veux bien entendu parler de l’insécurité et de l’immigration. J’avais également écrit mon désaccord avec les méthodes des wokistes qui consistent à interdire à certaines personnalités de tenir des conférences au prétexte qu’elles n’adhèrent pas aux thèses LGBT, féministes ou simplement anti-islamistes. Ce sectarisme est monté d’un cran en se teintant d’antisémitisme après le pogrom du 7 octobre et les atroces bombardements de Gaza.
Nous sommes une microsociété et il est regrettable, voire catastrophique, de nous montrer incapables d’organiser des confrontations pacifiques au cours desquelles nous échangerions nos arguments. J’ai d’ailleurs proposé à Nicolas Battini un tel exercice certes sans concession et pourtant respectueux de l’autre.

L’affaire de SOS Méditerranée


Mettre en avant l’idée que la Corse pourrait devenir Lampedusa est une escroquerie intellectuelle. C’est se saisir du drame des migrants méditerranéens et de le transformer en un misérable fonds de commerce comme l’a fait l’extrême droite italienne sans grand succès d’ailleurs. Qui, alors qu’un conflit éclate, irait revendiquer la disparition de la Croix rouge ou de toute autre association de secours ? Qui en assistant à une catastrophe routière irait vérifier si les blessés et les agonisants possèdent la bonne couleur de peau ou des papiers en règle ? Et moi qui pensais que la Corse était la terre par excellence où le digraziatu était accueilli sans questions. SOS Méditerranée a sauvé près de cinquante mille existences. Les noyés ont été 25 000. Honneur aux sauveteurs qui ont accompli le devoir de tout marin. Faudra-t-il demain exiger des patrouilleurs officiels qu’ils cessent de secourir les noyés après avoir vérifié la couleur de leur peau ? Le scandale est l’instrumentalisation de ces drames.

Une méconnaissance de la géographie et une petite cuisine interne


Lampedusa est à 128 km des côtes tunisiennes, la Corse à 1 500. Il est aisé de comprendre pourquoi Lampedusa est devenu un camp de rétention et pourquoi la Corse ne le sera jamais. Alors pourquoi un tel raffut ? D’une part parce que les groupes d’extrême droite se livrent à une surenchère du fantasme et de la peur pour exister sur la place publique. En second lieu, ils tentent d’atteindre Femu qui pour le coup a courageusement pris position pour que SOS Méditerranée puisse s’exprimer. Que dire en conclusion ? Qu’il y ait des débats sur les questions de l’insécurité, de l’immigration et de l’islamisme est on ne peut plus légitime. Que des positions s’affrontent l’est tout autant. De façon outrancière et diffamatoire Nicolas Battini a qualifié SOS Méditerranée d’« ONG internationale connue pour son rôle actif dans le trafic d’êtres humains en Méditerranée ». Quelles preuves ? Aucune. Un mensonge cent fois répété ne le transforme pas en réalité. Le monde est devenu atroce. Qu’ici et là émergent des poches d’humanité redonne confiance en l’homme. Alors, discutons de tout ou presque, mais débattons.

GXC
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