Espaces Stratégiques Agricoles ... 101 844 hectares vraiment utiles !
Les élus nationalistes sont connectés à une réflexion économique d’aujourd’hui qui préconise une reconquête des espaces agricoles et ruraux.
Le Tribunal administratif de Bastia a annulé la délibération du 2 octobre 2015 de l’Assemblée de Corse fixant la carte des Espaces Stratégiques Agricoles (ESA) devant être incluse dans le PADDUC (Plan d’aménagement et de développement durable de la Corse). La Cour administrative de Marseille a confirmé cette annulation.
Pour éviter qu’il soit porté atteinte à l’objectif de préservation de ces espaces (105 000 hectares), la majorité nationaliste à l’Assemblée de Corse s’est employée à établir une nouvelle carte. Celle-ci a été adoptée ces derniers jours malgré l'abstention des oppositions de droite et macronienne (41 voix pour, 21 abstentions).
La nouvelle carte, après la correction d’imperfections et la prise en compte de nouvelles contraintes, délimite 101 844 hectares. Les débats à l’Assemblée de Corse ont beaucoup porté sur le mode d’élaboration de la carte et la pertinence de quelques choix. Ce qui n’était ni nouveau, ni vraiment passionnant. Mais il a aussi et heureusement été abordé une problématique essentielle : l’enjeu de cette cartographie, à savoir conserver la possibilité d’une valorisation agricole de 101 844 hectares pour parvenir dans trois décennies à un niveau significatif d’autonomie alimentaire.
Les élus nationalistes ont particulièrement mis cet enjeu sur la table. Fabienne Giovannini (Femu a Corsica) a rappelé : « La préservation des terres agricoles est une ressource vitale. Au moment de l’élaboration du PADDUC, nous nous sommes fixés un objectif d’autonomie alimentaire. » Rosa Prosperi (Corsica Libera) a affirmé : « Il est grand temps de considérer que les ESA ne sont pas un obstacle mais une chance de développement (…) La meilleure préservation est de tout faire pour opérer leur mise en culture. » Le président du Conseil exécutif a enfoncé le clou. Gilles Simeoni a en effet souligné : « Il ne servirait à rien de protéger les ESA si nous n’étions pas capables de les mettre en production dans les objectifs réaffirmés d’autonomie alimentaire à l’horizon 2050 et de renforcement des circuits courts actés dans le cadre de la stratégie COVID »
Revenir à un ancrage territorial et au rural.
Les élus nationalistes ont parlé d’or. Leurs propos sont d’ailleurs connectés à une réflexion économique d’aujourd’hui qui préconise une reconquête des espaces agricoles et ruraux. Pour s’en convaincre, il suffit de prendre connaissance d’une lettre ouverte qui, dans le cadre du débat sur le plan de relance national COVID-19, a été récemment adressée au Premier Ministre par MM. Nicolas Hazard et Jean-Christophe Tortora. Ces deux-là ne sont ni des philanthropes, ni des écolo-rêveurs, ni des gaucho-partageux.
Nicolas Hazard préside INCO, un groupe du private equity qui mobilise plus de 150 M€ en capital-risque pour investir dans des start-ups et des entreprises à fort impact social et environnemental, et ce en vue de la création de valeur ajoutée puis de cessions permettant de réaliser de substantiels profits. Jean-Christophe Tortora dirige La Tribune, un hebdomadaire économique et financier de couleur libéral. Dans leur lettre, ils ont formulé des propositions qui, selon eux, favoriseraient la revitalisation agricole mais aussi globale des espaces ruraux. Il convient de souligner que leurs propositions sont issues des travaux d’un événement qui associe des experts ainsi que des acteurs politiques, économiques, syndicaux et sociétaux. Initié par INCO et La Tribune, intitulé « The Village-Changer le monde », cet événement a lieu chaque année durant deux jours, et ce depuis 2017, en Occitanie dans la cité médiévale et rurale de Saint-Bertrand-de Comminges (244 habitants). L’objet de ce rendez-vous est d’imaginer un avenir meilleur pour la planète, particulièrement selon une harmonie retrouvée entre le rural et l’urbain. En effet, à partir de « The Village-Changer le monde », INCO et La Tribune ont l’ambition de contribuer à repenser l’économie et la vie sociale en revenant à un ancrage territorial et au rural.
Des choix pertinents de la majorité territoriale
Les propositions de MM. Hazard et Tortora peuvent être résumées comme suit.
Au niveau agricole : réunir les acteurs économiques (agriculture, recyclage, énergie, construction) et les habitants autour de projets locaux agroécologiques ; inciter les consommateurs à privilégier les produits locaux issus de l'agroécologie ; encourager le bio, les jardins partagés, la permaculture et les circuits courts.
Au niveau de la santé : instaurer des maisons e-médicales regroupant différents praticiens (médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, pharmaciens, biologistes, aides-soignants, psychologues...) ayant recours au numérique pour rester en contact entre eux et avec leurs patients ; impliquer davantage les élus locaux dans l’élaboration et le suivi des systèmes de santé des territoires.
Au niveau de la transition énergétique : encourager la production d'énergie locale à partir d’une fiscalité incitative à destination des communes et des particuliers.
Au niveau du numérique : proposer une offre d'accès internet pour tous et à bas coût financée par l’État.
Au niveau de l’accès au service public : multiplier les tiers lieux ruraux permettant de réaliser des démarches administratives, de se former au numérique, de se lancer dans l'entrepreneuriat, de disposer d’espaces de coworking.
Au niveau des mobilités : renforcer l’offre de transports collectifs dans les territoires et l'intermodalité ; tirer les leçons de l'impact du développement du télétravail Covid-19 sur les mobilités ; accélérer le rapprochement lieu de travail /logement.
Les propositions de MM. Hazard et Tortora incitent indiscutablement à souligner la pertinence de conserver l’ensemble des ESA. Par ailleurs, elles renforcent les récentes prises de position de Gilles Simeoni et d’autres intervenants lors d’une table ronde qui avait pour cadre le congrès de l’Association nationale des élus de montagne (Corti, 15 octobre dernier).
Tous ont en effet préconisé une ambitieuse vision pour les zones rurales, une Politique agricole commune soutenant l’agriculture de montagne, une approche globale basée sur le territoire dans la Politique de Cohésion, l’application différenciée de dispositions réglementaires nationales au niveau des territoires de montagne.
Enfin, les propositions de MM. Hazard et Tortora contribuent à montrer la pertinence de choix de la majorité territoriale nationaliste tels que l’extension de l’offre du numérique à l’ensemble du territoire corse, le renforcement de l’aide aux communes, l’irrigation de 1000 hectares de terres agricoles dans le Nebbiu.
• Pierre Corsi
Pour éviter qu’il soit porté atteinte à l’objectif de préservation de ces espaces (105 000 hectares), la majorité nationaliste à l’Assemblée de Corse s’est employée à établir une nouvelle carte. Celle-ci a été adoptée ces derniers jours malgré l'abstention des oppositions de droite et macronienne (41 voix pour, 21 abstentions).
La nouvelle carte, après la correction d’imperfections et la prise en compte de nouvelles contraintes, délimite 101 844 hectares. Les débats à l’Assemblée de Corse ont beaucoup porté sur le mode d’élaboration de la carte et la pertinence de quelques choix. Ce qui n’était ni nouveau, ni vraiment passionnant. Mais il a aussi et heureusement été abordé une problématique essentielle : l’enjeu de cette cartographie, à savoir conserver la possibilité d’une valorisation agricole de 101 844 hectares pour parvenir dans trois décennies à un niveau significatif d’autonomie alimentaire.
Les élus nationalistes ont particulièrement mis cet enjeu sur la table. Fabienne Giovannini (Femu a Corsica) a rappelé : « La préservation des terres agricoles est une ressource vitale. Au moment de l’élaboration du PADDUC, nous nous sommes fixés un objectif d’autonomie alimentaire. » Rosa Prosperi (Corsica Libera) a affirmé : « Il est grand temps de considérer que les ESA ne sont pas un obstacle mais une chance de développement (…) La meilleure préservation est de tout faire pour opérer leur mise en culture. » Le président du Conseil exécutif a enfoncé le clou. Gilles Simeoni a en effet souligné : « Il ne servirait à rien de protéger les ESA si nous n’étions pas capables de les mettre en production dans les objectifs réaffirmés d’autonomie alimentaire à l’horizon 2050 et de renforcement des circuits courts actés dans le cadre de la stratégie COVID »
Revenir à un ancrage territorial et au rural.
Les élus nationalistes ont parlé d’or. Leurs propos sont d’ailleurs connectés à une réflexion économique d’aujourd’hui qui préconise une reconquête des espaces agricoles et ruraux. Pour s’en convaincre, il suffit de prendre connaissance d’une lettre ouverte qui, dans le cadre du débat sur le plan de relance national COVID-19, a été récemment adressée au Premier Ministre par MM. Nicolas Hazard et Jean-Christophe Tortora. Ces deux-là ne sont ni des philanthropes, ni des écolo-rêveurs, ni des gaucho-partageux.
Nicolas Hazard préside INCO, un groupe du private equity qui mobilise plus de 150 M€ en capital-risque pour investir dans des start-ups et des entreprises à fort impact social et environnemental, et ce en vue de la création de valeur ajoutée puis de cessions permettant de réaliser de substantiels profits. Jean-Christophe Tortora dirige La Tribune, un hebdomadaire économique et financier de couleur libéral. Dans leur lettre, ils ont formulé des propositions qui, selon eux, favoriseraient la revitalisation agricole mais aussi globale des espaces ruraux. Il convient de souligner que leurs propositions sont issues des travaux d’un événement qui associe des experts ainsi que des acteurs politiques, économiques, syndicaux et sociétaux. Initié par INCO et La Tribune, intitulé « The Village-Changer le monde », cet événement a lieu chaque année durant deux jours, et ce depuis 2017, en Occitanie dans la cité médiévale et rurale de Saint-Bertrand-de Comminges (244 habitants). L’objet de ce rendez-vous est d’imaginer un avenir meilleur pour la planète, particulièrement selon une harmonie retrouvée entre le rural et l’urbain. En effet, à partir de « The Village-Changer le monde », INCO et La Tribune ont l’ambition de contribuer à repenser l’économie et la vie sociale en revenant à un ancrage territorial et au rural.
Des choix pertinents de la majorité territoriale
Les propositions de MM. Hazard et Tortora peuvent être résumées comme suit.
Au niveau agricole : réunir les acteurs économiques (agriculture, recyclage, énergie, construction) et les habitants autour de projets locaux agroécologiques ; inciter les consommateurs à privilégier les produits locaux issus de l'agroécologie ; encourager le bio, les jardins partagés, la permaculture et les circuits courts.
Au niveau de la santé : instaurer des maisons e-médicales regroupant différents praticiens (médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, pharmaciens, biologistes, aides-soignants, psychologues...) ayant recours au numérique pour rester en contact entre eux et avec leurs patients ; impliquer davantage les élus locaux dans l’élaboration et le suivi des systèmes de santé des territoires.
Au niveau de la transition énergétique : encourager la production d'énergie locale à partir d’une fiscalité incitative à destination des communes et des particuliers.
Au niveau du numérique : proposer une offre d'accès internet pour tous et à bas coût financée par l’État.
Au niveau de l’accès au service public : multiplier les tiers lieux ruraux permettant de réaliser des démarches administratives, de se former au numérique, de se lancer dans l'entrepreneuriat, de disposer d’espaces de coworking.
Au niveau des mobilités : renforcer l’offre de transports collectifs dans les territoires et l'intermodalité ; tirer les leçons de l'impact du développement du télétravail Covid-19 sur les mobilités ; accélérer le rapprochement lieu de travail /logement.
Les propositions de MM. Hazard et Tortora incitent indiscutablement à souligner la pertinence de conserver l’ensemble des ESA. Par ailleurs, elles renforcent les récentes prises de position de Gilles Simeoni et d’autres intervenants lors d’une table ronde qui avait pour cadre le congrès de l’Association nationale des élus de montagne (Corti, 15 octobre dernier).
Tous ont en effet préconisé une ambitieuse vision pour les zones rurales, une Politique agricole commune soutenant l’agriculture de montagne, une approche globale basée sur le territoire dans la Politique de Cohésion, l’application différenciée de dispositions réglementaires nationales au niveau des territoires de montagne.
Enfin, les propositions de MM. Hazard et Tortora contribuent à montrer la pertinence de choix de la majorité territoriale nationaliste tels que l’extension de l’offre du numérique à l’ensemble du territoire corse, le renforcement de l’aide aux communes, l’irrigation de 1000 hectares de terres agricoles dans le Nebbiu.
• Pierre Corsi