• Le doyen de la presse Européenne

Celles et ceux, ceux et celles,..

La grosse ficelle.....

Celles et ceux, ceux et celles, la grosse ficelle…


On ne peut plus entendre le moindre discours, public ou privé, la moindre émission radio ou télévisée, sans que les intervenants ponctuent toutes leurs phrases de « l’inclusif » celles et ceux… Bientôt, avant tout propos il faudra ajouter toute une litanie de qualificatifs pour n’oublier personne (et « person ») puisque personne étant féminin, il faut rétablir l’égalité.

Sauf à considérer, comme l’air du temps nous le commande, que cela ne soit pas utile car c’est une bonne revanche sur le patriarcat jadis dominant et dont il faut éradiquer la moindre trace. Le genre de l’époque est précisément le « genre » et la diversité. Celui qui n’y sacrifie pas est considéré comme un hérétique, un paria que l’on doit fuir et vouer aux gémonies. L’époque est au tiède, qui devient rance, au moyen, à l’indifférencié. Nulle tête ne doit dépasser de la masse, de l’ordinaire, de l’indistinct, bref du néant dans lequel on veut que nous nous complaisions. C’est l’époque des bons sentiments, en oubliant que l’homme est aussi un animal, qu’il a ses pulsions, qu’il a ses passions, car il est vivant et ne sera jamais cette chose que la pensée molle veut qu’il devienne. Mais, à la réflexion, une pensée pas si molle que cela, car il s’agit en réalité d’un nouveau totalitarisme sous prétexte du bien. Totalitarisme de ceux qui prétendent prendre soin des autres, et pour cela se croient autorisés à imposer leurs choix, car le bien est nécessairement universel (c’est-à-dire occidental) et par là même peut être érigé en norme absolue, un dogme que l’on ne peut, par définition, discuter.
Comme ils détiennent la vérité, ceux qui ont l’audace folle de ne pas être d’accord, ou d’avoir une pensée plus nuancée, sont considérés comme participant de ce qu’il est convenu d’appeler « la désinformation ». Les tenants de la diversité deviennent alors les opposants farouches et déterminés de la... diversité de la pensée, car ils considèrent qu’oser penser est contraire au bien
et que seuls ceux qui savent doivent pouvoir le faire, car ils sont le bien. Ainsi dans chaque organe de presse, il y a des contrôleurs de vérité, pour édifier le peuple idiot qui n’est bien sûr pas en capacité de se faire sa propre opinion. Bien évidemment ce que l’on peut lire dans ces mêmes journaux pourvus desdits contrôleurs est vérité révélée, donc indiscutable. Le règne de l’absurde n’est pas loin, et l’on reste optimiste en formulant ainsi.

L’observateur simplement curieux constate que la diversité des opinions des organes de presse, qu’ils soient écrits ou audiovisuels (sauf quelques niches, dont celle que vous lisez) n’est guère réelle. C’est partout la même mélodie qui nous est jouée, avec quelques tempos, mais le fond reste identique. Une mélodie pauvre, au demeurant, car mélange de bons sentiments et de lieux communs, dans le but de divertir le lecteur pour l’empêcher, souvent, de voir le monde dans sa diversité. Ainsi c’est l’accentuation des faits divers à satiété, à longueur d’antenne des chaînes dites d’information qui ne sont que des instruments d’un abrutissement par une répétition anesthésiante. Le « télécran » de Georges Orwell dans 1984 joue son rôle à la perfection, pour annihiler toute diversité de pensée.
Tout est sous contrôle, la France n’a plus à avoir peur. Il est piquant de constater que nos « élites » ne trouvent rien à redire à tout cela, sauf à la marge, en participant activement à ce qu’ils qualifient d’actions en faveur du bien. L’esprit critique les a abandonnés depuis fort longtemps tant ils entendent participer du mouvement mondial d’émancipation non des peuples mais des hommes, des femmes et de toutes autres catégories – infinies – qui naissent comme les insectes éphémères. Car il leur faut être modernes et marcher sans cesse vers le Progrès. Pour eux la diversité doit exister dans tous les domaines sauf dans celui de la pensée. Ils se plaisent dans le confort des bien-pensants, celui de Monsieur Prudhomme, et de son botaniste pansu, qui incarne le bien et la sagesse, celle du juste milieu qui est celui du néant. Si vous regardez autour de vous, vous en trouverez des exemples à foison, souvent chez ceux qui sont chargés d’éduquer, car aujourd’hui on n’instruit plus, on éduque. Et l’on éduque à la pensée unique…


Jean-François Poli
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