Cultu è Tradizione : I Santi, I Morti
Faut-il vouer Halloween aux gémonies ?
Cultu è Tradizione: I Santi, I Morti
Faut-il vouer Halloween aux gémonies ? Mieux vaut peut-être en rire. Hier nous tremblions dans le train fantôme des foires en mordant à belles dents dans des pommes d’amour, aujourd’hui nos enfants se font peur avec les masques et panoplies d’Halloween et jouent à nous effrayer pour obtenir des friandises. Rien de mal à çà. Pas de quoi fouetter un chat noir. Si des envies ou des nostalgies de spiritualité et de tradition nous animent, plutôt que de dénigrer ou stigmatiser Halloween, consacrons nos énergies à maintenir, faire revivre et partager les rites d’I Santi et d’I Morti.
I Santi (La Toussaint) est la fête de tous les Saints. Chaque 1er novembre, l’Église catholique convie les fidèles à honorer ceux et celles qu’elle considère avoir été des témoins du Christ. Si de nombreux individus ont été reconnus comme étant des Saints à l’issue de procédures dites de béatification ou de canonisation, et sont donc donnés en exemples et inscrits au calendrier, l’Église catholique reconnaît que beaucoup d’autres individus, ayant également vécu dans la fidélité à l’Évangile et au service de tous, sont inconnus.La célébration de la Toussaint permet de les honorer aussi. La Toussaint est donc aussi l’occasion de rappeler que tout individu est en mesure d’accéder à la sainteté. Le pape Jean-Paul II a d’ailleurs voulu le souligner en béatifiant et canonisant un grand nombre de femmes et d’hommes. La célébration liturgique de la Toussaint commence le soir du 31 octobre et se termine à la fin du 1er novembre. Mais quelles sont ses origines de cette fête ? Dès le IVème siècle, l’Église syrienne consacrait un jour à fêter tous les martyrs car leur nombre était si grand qu’il était impossible de s’en tenir à des commémorations individuelles. Le 13 mai 610, le pape Boniface IV a fait transporter au Panthéon de Rome, ancien temple païen dédié à tous les dieux, les reliques des martyrs, et décrété la transformation de l’édifice en église (Sainte-Marie aux Martyrs) dédiée à tous les saints. A Rome, le 13 mai, date anniversaire de la dédicace de l’église (Sainte-Marie aux Martyrs), est alors devenu le jour de la fête de la Toussaint. Cette date et cette célébration ont peu à peu fait tâche d’huile. En l’an 835, le pape Grégoire III a fixé une date qui est encore celle d’aujourd’hui : le 1er
novembre. En l’an 1914, le pape Pie XI a élevé la Toussaint au rang de fête d'obligation (dans la liste des huit fêtes chrétiennes, obligation pour les fidèles d’entendre la messe.
I Santi et I Morti
La fête de la Toussaint est étroitement liée au jour de prière pour les défunts - dans l’Hexagone communément appelée Fête des morts et officiellement dénommée Commémoration des fidèles défunts, chez nous I Morti – qui est célébré le 2 novembre. Ce lien répond à une logique évidente : le 1er novembre, les catholiques célèbrent dans l’allégresse la fête de tous les saints ; le lendemain, ils prient pour tous ceux qui sont morts. La Toussaint est l’occasion d’affirmer et vivre la foi et l’espérance en la vie éternelle données par la résurrection du Christ. Le jour consacré aux défunts signifie que la morts est une réalité qu’il est nécessaire d’assumer et qui rend possible la résurrection. La Fête des morts a été Instituée par l’abbaye bénédictine de Cluny en l’en 998. C'est au XIIIème siècle que l’Église catholique a inscrit ce jour dans son calendrier universel. Comment chez les catholiques, commémore-t-on un peu partout la Fête des morts ? Les catholiques prient pour leurs défunts et l’accession de ceux-ci, et d’un jour eux-mêmes, à la vie éternelle donnée par la résurrection du Christ. Ils se rendent dans les cimetières pour honorer leurs proches disparus et fleurir leur tombes. Du fait qu’en France, le 1er novembre, jour de la Toussaint, est un jour férié, l’usage est établi de commémorer les morts ce jour au lieu du 2 novembre. Chez nous, nous avons longtemps célébré I morti pendant la nuit précédant le 2 novembre. En effet, selon nos croyances, a Notte di i Morti était considérée comme le moment de l’année durant lequel les âmes des défunts revenaient dans le monde des vivants. Cette nuit là, les vivants honoraient les morts, priaient pour la paix de leurs âmes et demandent aux défunts de les guider vers la lumière divine. Cette célébration était profondément enracinée. A Notte di i Morti, on sonnait le glas toutes les heures, on veillait et priait à l'église, on entendait la messe avant l’aurore puis on se rendait en famille au cimetière pour déposer des fleurs et allumer des bougies sur les tombes des siens, et se recueillir. Jadis, A Notte di i Morti était aussi l'occasion d’offrandes symboliques faites aux défunts (objets leur ayant appartenu, pane di i morti, châtaignes cuites (ballotte), alignement de pommes rouges représentant le chapelet. On croyait aussi que les défunts revenaient parmi les vivants pour virtuellement partager un repas. Les rites pouvaient être différents selon les pieve mais tous évoquaient un lien étroit entre le monde des vivants et le monde des morts. Certaines pratiques demeurent : les bougies allumées sur les tombes sont une survivance des rites anciens et de leur symbolisme. La bougie est synonyme de vie car on met de la lumière dans le monde obscur. Couvrir les tombes de chrysanthèmes et de bougies allumées, s’inscrit dans croyance d’hier que cela chasse les ténèbres. La préparation de gâteaux spécifiques pour les fêtes d’ ISanti et d’I Morti est une tradition qui a perduré. Ainsi à Bastia et alentours, on confectionne la Salviata ;
I Santi, I Morti et Halloween !
Depuis quelques années, le 31 octobre, dans l’Hexagone et désormais aussi chez nous, on célèbre Halloween. L’origine de cette célébration remonte à environ 25 siècle. Elle découle du culte, par les peuples celtes, de la divinité Samain (dieu de la mort),. Ces peuples celtes célébraient ainsi et aussi le Nouvel an, la fin des récoltes, le changement de saison et l’arrivée de l’hiver. Cette célébration avait pour objet de communiquer avec l’esprit des morts. Ce jour-là, les portes entre le monde des vivants et celui des morts étaient censées s’ouvrir et permettre aux fantômes des morts de rendre visite aux vivants. Pour apaiser les esprits venus de l’au-delà, les villageois déposaient des offrandes devant leurs portes. La célébration d’Halloween a été conservée dans le calendrier irlandais après la christianisation du pays. Les immigrants irlandais l’ont importée aux USA. Aujourd’hui, les intérêts marchands l’imposent un peu partout, y compris chez nous.Étymologiquement, « Halloween » est une contraction de « The eve of All Hallows' Day » pouvant se traduire « la veille de tous les saints » ou « veillée de la Toussaint ». Cette célébration festive et son esprit diffèrent totalement de ce que représente I Santi et I Morti. Halloween est avant tout une occasion de « faire la fête » avec des expressions usant de la peur, de l’angoisse et de la frayeur que suscitent des représentations de la mort sans nom et maléfique. I Santi et Morti sont des fêtes du recueillement qui libère de la peur de la mort en insistant sur l’espérance de la Résurrection et sur la proximité avec des défunts aimés et bienveillants. Faut-il vouer Halloween aux gémonies ? Mieux vaut peut-être en rire. Hier nous tremblions dans le train fantôme des foires en mordant à belles dents dans des pommes d’amour, aujourd’hui nos enfants se font peur avec les masques et panoplies d’Halloween et jouent à nous effrayer pour obtenir des friandises. Rien de mal à çà. Pas de quoi fouetter un chat noir. Si des envies ou des nostalgies de spiritualité et de tradition nous animent, plutôt que de dénigrer ou stigmatiser Halloween, consacrons nos énergies à maintenir, faire revivre et partager les rites d’I Santi et d’I Morti.
JPB
Crédit Photo: journal de laCorse
Crédit photo : Conférence des évêques de France
Faut-il vouer Halloween aux gémonies ? Mieux vaut peut-être en rire. Hier nous tremblions dans le train fantôme des foires en mordant à belles dents dans des pommes d’amour, aujourd’hui nos enfants se font peur avec les masques et panoplies d’Halloween et jouent à nous effrayer pour obtenir des friandises. Rien de mal à çà. Pas de quoi fouetter un chat noir. Si des envies ou des nostalgies de spiritualité et de tradition nous animent, plutôt que de dénigrer ou stigmatiser Halloween, consacrons nos énergies à maintenir, faire revivre et partager les rites d’I Santi et d’I Morti.
I Santi (La Toussaint) est la fête de tous les Saints. Chaque 1er novembre, l’Église catholique convie les fidèles à honorer ceux et celles qu’elle considère avoir été des témoins du Christ. Si de nombreux individus ont été reconnus comme étant des Saints à l’issue de procédures dites de béatification ou de canonisation, et sont donc donnés en exemples et inscrits au calendrier, l’Église catholique reconnaît que beaucoup d’autres individus, ayant également vécu dans la fidélité à l’Évangile et au service de tous, sont inconnus.La célébration de la Toussaint permet de les honorer aussi. La Toussaint est donc aussi l’occasion de rappeler que tout individu est en mesure d’accéder à la sainteté. Le pape Jean-Paul II a d’ailleurs voulu le souligner en béatifiant et canonisant un grand nombre de femmes et d’hommes. La célébration liturgique de la Toussaint commence le soir du 31 octobre et se termine à la fin du 1er novembre. Mais quelles sont ses origines de cette fête ? Dès le IVème siècle, l’Église syrienne consacrait un jour à fêter tous les martyrs car leur nombre était si grand qu’il était impossible de s’en tenir à des commémorations individuelles. Le 13 mai 610, le pape Boniface IV a fait transporter au Panthéon de Rome, ancien temple païen dédié à tous les dieux, les reliques des martyrs, et décrété la transformation de l’édifice en église (Sainte-Marie aux Martyrs) dédiée à tous les saints. A Rome, le 13 mai, date anniversaire de la dédicace de l’église (Sainte-Marie aux Martyrs), est alors devenu le jour de la fête de la Toussaint. Cette date et cette célébration ont peu à peu fait tâche d’huile. En l’an 835, le pape Grégoire III a fixé une date qui est encore celle d’aujourd’hui : le 1er
novembre. En l’an 1914, le pape Pie XI a élevé la Toussaint au rang de fête d'obligation (dans la liste des huit fêtes chrétiennes, obligation pour les fidèles d’entendre la messe.
I Santi et I Morti
La fête de la Toussaint est étroitement liée au jour de prière pour les défunts - dans l’Hexagone communément appelée Fête des morts et officiellement dénommée Commémoration des fidèles défunts, chez nous I Morti – qui est célébré le 2 novembre. Ce lien répond à une logique évidente : le 1er novembre, les catholiques célèbrent dans l’allégresse la fête de tous les saints ; le lendemain, ils prient pour tous ceux qui sont morts. La Toussaint est l’occasion d’affirmer et vivre la foi et l’espérance en la vie éternelle données par la résurrection du Christ. Le jour consacré aux défunts signifie que la morts est une réalité qu’il est nécessaire d’assumer et qui rend possible la résurrection. La Fête des morts a été Instituée par l’abbaye bénédictine de Cluny en l’en 998. C'est au XIIIème siècle que l’Église catholique a inscrit ce jour dans son calendrier universel. Comment chez les catholiques, commémore-t-on un peu partout la Fête des morts ? Les catholiques prient pour leurs défunts et l’accession de ceux-ci, et d’un jour eux-mêmes, à la vie éternelle donnée par la résurrection du Christ. Ils se rendent dans les cimetières pour honorer leurs proches disparus et fleurir leur tombes. Du fait qu’en France, le 1er novembre, jour de la Toussaint, est un jour férié, l’usage est établi de commémorer les morts ce jour au lieu du 2 novembre. Chez nous, nous avons longtemps célébré I morti pendant la nuit précédant le 2 novembre. En effet, selon nos croyances, a Notte di i Morti était considérée comme le moment de l’année durant lequel les âmes des défunts revenaient dans le monde des vivants. Cette nuit là, les vivants honoraient les morts, priaient pour la paix de leurs âmes et demandent aux défunts de les guider vers la lumière divine. Cette célébration était profondément enracinée. A Notte di i Morti, on sonnait le glas toutes les heures, on veillait et priait à l'église, on entendait la messe avant l’aurore puis on se rendait en famille au cimetière pour déposer des fleurs et allumer des bougies sur les tombes des siens, et se recueillir. Jadis, A Notte di i Morti était aussi l'occasion d’offrandes symboliques faites aux défunts (objets leur ayant appartenu, pane di i morti, châtaignes cuites (ballotte), alignement de pommes rouges représentant le chapelet. On croyait aussi que les défunts revenaient parmi les vivants pour virtuellement partager un repas. Les rites pouvaient être différents selon les pieve mais tous évoquaient un lien étroit entre le monde des vivants et le monde des morts. Certaines pratiques demeurent : les bougies allumées sur les tombes sont une survivance des rites anciens et de leur symbolisme. La bougie est synonyme de vie car on met de la lumière dans le monde obscur. Couvrir les tombes de chrysanthèmes et de bougies allumées, s’inscrit dans croyance d’hier que cela chasse les ténèbres. La préparation de gâteaux spécifiques pour les fêtes d’ ISanti et d’I Morti est une tradition qui a perduré. Ainsi à Bastia et alentours, on confectionne la Salviata ;
I Santi, I Morti et Halloween !
Depuis quelques années, le 31 octobre, dans l’Hexagone et désormais aussi chez nous, on célèbre Halloween. L’origine de cette célébration remonte à environ 25 siècle. Elle découle du culte, par les peuples celtes, de la divinité Samain (dieu de la mort),. Ces peuples celtes célébraient ainsi et aussi le Nouvel an, la fin des récoltes, le changement de saison et l’arrivée de l’hiver. Cette célébration avait pour objet de communiquer avec l’esprit des morts. Ce jour-là, les portes entre le monde des vivants et celui des morts étaient censées s’ouvrir et permettre aux fantômes des morts de rendre visite aux vivants. Pour apaiser les esprits venus de l’au-delà, les villageois déposaient des offrandes devant leurs portes. La célébration d’Halloween a été conservée dans le calendrier irlandais après la christianisation du pays. Les immigrants irlandais l’ont importée aux USA. Aujourd’hui, les intérêts marchands l’imposent un peu partout, y compris chez nous.Étymologiquement, « Halloween » est une contraction de « The eve of All Hallows' Day » pouvant se traduire « la veille de tous les saints » ou « veillée de la Toussaint ». Cette célébration festive et son esprit diffèrent totalement de ce que représente I Santi et I Morti. Halloween est avant tout une occasion de « faire la fête » avec des expressions usant de la peur, de l’angoisse et de la frayeur que suscitent des représentations de la mort sans nom et maléfique. I Santi et Morti sont des fêtes du recueillement qui libère de la peur de la mort en insistant sur l’espérance de la Résurrection et sur la proximité avec des défunts aimés et bienveillants. Faut-il vouer Halloween aux gémonies ? Mieux vaut peut-être en rire. Hier nous tremblions dans le train fantôme des foires en mordant à belles dents dans des pommes d’amour, aujourd’hui nos enfants se font peur avec les masques et panoplies d’Halloween et jouent à nous effrayer pour obtenir des friandises. Rien de mal à çà. Pas de quoi fouetter un chat noir. Si des envies ou des nostalgies de spiritualité et de tradition nous animent, plutôt que de dénigrer ou stigmatiser Halloween, consacrons nos énergies à maintenir, faire revivre et partager les rites d’I Santi et d’I Morti.
JPB
Crédit Photo: journal de laCorse
Crédit photo : Conférence des évêques de France