Répression : une désespérante routine
La répression ne relève pas du passé
Répression : une désespérante routine
Éloignement de Corse, procédure interminable, prélèvement ADN, Fijait (fichier des auteurs d'infractions terroristes), harcèlement financier par le FGTI (Fonds de Garantie des Victimes d’infractions), détention provisoire, la répression ne relève pas du passé.
La rentrée a aussi été la rentrée de la répression contre des militants nationalistes ! Celle-ci a renoué avec sa désespérante routine. La machine a été remise en marche. Aujourd’hui, il est même possible que les changements politiques intervenus dans l’Hexagone, notamment avec l’arrivée aux responsabilités ministérielles de de plusieurs responsables politiques appartenant à la droite républicaine la plus autoritaire et la plus jacobine, conduisent à une aggravation des choses.
D’autant que le gouvernement Barnier est soumis à la pression du Rassemblement National qui, à ce jour, entend ne rien lâcher ou pas grand-chose concernant la Corse. Rien n’est encore écrit mais la couleur du liquide que l’on entrevoit dans l’encrier opaque parisien, n’a pas un aspect engageant. D’ailleurs, de récents faits ou événements ayant suscité des réactions de l’Associu Sulidarità ou du collectif Patriotti in Lotta, respectivement proches des partis Nazione et Core in Fronte, sont préoccupants, voire inquiétants. Ils font craindre que durant le proche avenir, même en l’absence d’une volonté politique d’envenimer les choses, la ligne directrice de la machine administrative et de certains magistrats sera malheureusement définissable par ce refrain d’une chanson d’un groupe de pré-adolescents des années 1970 : « Non, non rien n’a changé, tout tout a continué, hé-hé, hé-hé ».
Ces derniers jours, l’Associu Sulidarità a fait savoir et dénoncé qu’il a été fait appel de la décision ayant autorisé Carlu Pieri à revenir en Corse après des mois de mise en détention provisoire puis d'assignation à résidence dans l’Hexagone. Cet acharnement à l’encontre d’un militant ayant certes la réputation d’avoir joué un rôle majeur dans la clandestinité et ayant certes encore une aura au sein d’une partie de la mouvance indépendantiste, n’a rien pourtant de vraiment justifiable si l’on considere l’âge (74 ans) et le fragile état de santé de l’intéressé, et si on prend en compte que la procédure le concernant traîne depuis près de deux ans.
Ces derniers jours, l’Associu Sulidarità a aussi dénoncé une assignation à comparaître d’Élodie Pieri car l’intéressée a refusé un prélèvement ADN commandé dans le cadre d'une enquête où, après avoir été placée en garde à vue, elle a été relâchée sans qu’aucune charge soit retenue. Selon Sulidarità, cette demande de prélèvement ADN n’avait pour objet que de provoquer le refus de l’intéressée et ainsi trouver matière à la poursuivre. Par ailleurs, Sulidarità a souligné qu’ayant été incarcérée et condamnée il y a plusieurs années et du fait de son lien filial avec Carlu Pieri, Élodie Pieri est en butte à un acharnement policier et judiciaire (convocations, gardes à vues, perquisitions…) Ces derniers jours enfin, l’Associu Sulidarità a dénoncé qu’un magistrat n’avait rien trouvé de mieux à faire que placer en garde à vue un ancien prisonnier politique pour non respect des obligations liées à l’inscription Fijait (fichier des auteurs d'infractions terroristes). Ce dernier a heureusement été très vite relâché.
Insupportable harcèlement financier
Le 29 septembre dernier, c’est le collectif Patriotti in Lotta qui est monté au créneau. Il a pointé du doigt le grave harcèlement financier à l’encontre d’anciens prisonniers politiques, en menant simultanément deux actions avec l’appui d’élus et de militants Core in Fronte.
A Bastia, Patriotti in Lotta a occupé les locaux d’un commissaire de justice (hier dénommé huissier de justice) qui avait saisi plus de 4000 € sur le compte bancaire de Jean-Marc Dominici qui, comme d’autres anciens prisonniers politiques, verse tous les mois au FGTI (Fonds de Garantie des Victimes d’Infractions), une somme dont le montant a été négocié et validé. L’intéressé qui avait mobilisé sur son compte une somme excédant 1500 € qu’il destinait à des soins médicaux onéreux, a en effet été victime d’une demande de saisie et celle-ci a été effectuée avec zèle par le commissaire de justice. Jean-Marc Dominici a ainsi appris que si les comptes bancaires de personnes relevant de prélèvements FGTI affichent des soldes supérieurs à 1500 €, le FGTI considère qu’il s’agit d’épargne et est en droit de saisir (il ne doit laisser que 600 € sur les comptes). Et c’est applicable même si les personnes sont à jour des prélèvements mensuels. Au vu de ceci, il est vraiment très difficile de ne pas juger pertinente cette analyse du collectif Patriotti in Lotta : « En somme, mieux vaudrait pour elles d’être insolvables, d’être au RSA, le reste à vivre serait sensiblement le même. Et sans doute est-ce le but recherché : après les années de prison et d’exil, obtenir la désocialisation, interdire la réinsertion » .
A Aiacciu, le collectif Patriotti in Lotta a tenu une conférence de presse devant le siège de la Collectivité de Corse. Les intervenants ont rappelé qu’il y deux ans, en octobre 2022, des anciens prisonniers politiques avaient fait irruption dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse pour attirer l’attention des élus sur le harcèlement financier affectant certains d’entre eux et demandé que des solutions soient recherchées, et que depuis rien n’a été engagé. Après avoir stigmatisé l’inaction des élus, et plus particulièrement celle de ceux appartenant à la majorité, les intervenants ont exprimé les revendications suivantes : création d’un fonds de secours pour venir en aide aux anciens prisonniers dans l’attente d’un règlement politique global ; demande par le Conseil exécutif d’une réunion avec les instances du FGTI afin qu’il soit mis fin au harcèlement ; traitement prioritaire, dans le cadre de toute discussion avec l’État, des problématiques concernant les anciens prisonniers (fin des inscriptions Fijait et de tous les fichages y étant associés, effacement des dommages et intérêts dus à l’État…) ; libération et retour de tous les prisonniers et exilés politiques.
Enfin, ces derniers jours, le collectif Patriotti in Lotta a soutenu initiative des parents et amis de Stéphane Ori : organisation sur le port Toga à Bastia, d’un rendez-vous festif de soutien auquel ont participé des militants culturels et plus d’une centaine de personnes. Pour mémoire, Stéphane Ori, militant Core in Fronte, est incarcéré dans la région parisienne depuis fin mars dernier à la suite de sa mise en examen dans le cadre d’une enquête portant principalement sur son implication supposée dans l’organisation de la conférence de presse clandestine d'un groupe armé. Une bonne nouvelle toutefois. Pour conclure, une bonne nouvelle toutefois : le mitant de Nazione Antò Simoni qui est sous contrôle judiciaire et était assigné à résidence dans l’Hexagone, a été autorisé à rentrer en Corse et ses parents et amis ont fêté son retour.
Pierre Corsi
Crédit pohoto : Associu Sulidarità
Crédit photo : Journal de la Corse
Éloignement de Corse, procédure interminable, prélèvement ADN, Fijait (fichier des auteurs d'infractions terroristes), harcèlement financier par le FGTI (Fonds de Garantie des Victimes d’infractions), détention provisoire, la répression ne relève pas du passé.
La rentrée a aussi été la rentrée de la répression contre des militants nationalistes ! Celle-ci a renoué avec sa désespérante routine. La machine a été remise en marche. Aujourd’hui, il est même possible que les changements politiques intervenus dans l’Hexagone, notamment avec l’arrivée aux responsabilités ministérielles de de plusieurs responsables politiques appartenant à la droite républicaine la plus autoritaire et la plus jacobine, conduisent à une aggravation des choses.
D’autant que le gouvernement Barnier est soumis à la pression du Rassemblement National qui, à ce jour, entend ne rien lâcher ou pas grand-chose concernant la Corse. Rien n’est encore écrit mais la couleur du liquide que l’on entrevoit dans l’encrier opaque parisien, n’a pas un aspect engageant. D’ailleurs, de récents faits ou événements ayant suscité des réactions de l’Associu Sulidarità ou du collectif Patriotti in Lotta, respectivement proches des partis Nazione et Core in Fronte, sont préoccupants, voire inquiétants. Ils font craindre que durant le proche avenir, même en l’absence d’une volonté politique d’envenimer les choses, la ligne directrice de la machine administrative et de certains magistrats sera malheureusement définissable par ce refrain d’une chanson d’un groupe de pré-adolescents des années 1970 : « Non, non rien n’a changé, tout tout a continué, hé-hé, hé-hé ».
Ces derniers jours, l’Associu Sulidarità a fait savoir et dénoncé qu’il a été fait appel de la décision ayant autorisé Carlu Pieri à revenir en Corse après des mois de mise en détention provisoire puis d'assignation à résidence dans l’Hexagone. Cet acharnement à l’encontre d’un militant ayant certes la réputation d’avoir joué un rôle majeur dans la clandestinité et ayant certes encore une aura au sein d’une partie de la mouvance indépendantiste, n’a rien pourtant de vraiment justifiable si l’on considere l’âge (74 ans) et le fragile état de santé de l’intéressé, et si on prend en compte que la procédure le concernant traîne depuis près de deux ans.
Ces derniers jours, l’Associu Sulidarità a aussi dénoncé une assignation à comparaître d’Élodie Pieri car l’intéressée a refusé un prélèvement ADN commandé dans le cadre d'une enquête où, après avoir été placée en garde à vue, elle a été relâchée sans qu’aucune charge soit retenue. Selon Sulidarità, cette demande de prélèvement ADN n’avait pour objet que de provoquer le refus de l’intéressée et ainsi trouver matière à la poursuivre. Par ailleurs, Sulidarità a souligné qu’ayant été incarcérée et condamnée il y a plusieurs années et du fait de son lien filial avec Carlu Pieri, Élodie Pieri est en butte à un acharnement policier et judiciaire (convocations, gardes à vues, perquisitions…) Ces derniers jours enfin, l’Associu Sulidarità a dénoncé qu’un magistrat n’avait rien trouvé de mieux à faire que placer en garde à vue un ancien prisonnier politique pour non respect des obligations liées à l’inscription Fijait (fichier des auteurs d'infractions terroristes). Ce dernier a heureusement été très vite relâché.
Insupportable harcèlement financier
Le 29 septembre dernier, c’est le collectif Patriotti in Lotta qui est monté au créneau. Il a pointé du doigt le grave harcèlement financier à l’encontre d’anciens prisonniers politiques, en menant simultanément deux actions avec l’appui d’élus et de militants Core in Fronte.
A Bastia, Patriotti in Lotta a occupé les locaux d’un commissaire de justice (hier dénommé huissier de justice) qui avait saisi plus de 4000 € sur le compte bancaire de Jean-Marc Dominici qui, comme d’autres anciens prisonniers politiques, verse tous les mois au FGTI (Fonds de Garantie des Victimes d’Infractions), une somme dont le montant a été négocié et validé. L’intéressé qui avait mobilisé sur son compte une somme excédant 1500 € qu’il destinait à des soins médicaux onéreux, a en effet été victime d’une demande de saisie et celle-ci a été effectuée avec zèle par le commissaire de justice. Jean-Marc Dominici a ainsi appris que si les comptes bancaires de personnes relevant de prélèvements FGTI affichent des soldes supérieurs à 1500 €, le FGTI considère qu’il s’agit d’épargne et est en droit de saisir (il ne doit laisser que 600 € sur les comptes). Et c’est applicable même si les personnes sont à jour des prélèvements mensuels. Au vu de ceci, il est vraiment très difficile de ne pas juger pertinente cette analyse du collectif Patriotti in Lotta : « En somme, mieux vaudrait pour elles d’être insolvables, d’être au RSA, le reste à vivre serait sensiblement le même. Et sans doute est-ce le but recherché : après les années de prison et d’exil, obtenir la désocialisation, interdire la réinsertion » .
A Aiacciu, le collectif Patriotti in Lotta a tenu une conférence de presse devant le siège de la Collectivité de Corse. Les intervenants ont rappelé qu’il y deux ans, en octobre 2022, des anciens prisonniers politiques avaient fait irruption dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse pour attirer l’attention des élus sur le harcèlement financier affectant certains d’entre eux et demandé que des solutions soient recherchées, et que depuis rien n’a été engagé. Après avoir stigmatisé l’inaction des élus, et plus particulièrement celle de ceux appartenant à la majorité, les intervenants ont exprimé les revendications suivantes : création d’un fonds de secours pour venir en aide aux anciens prisonniers dans l’attente d’un règlement politique global ; demande par le Conseil exécutif d’une réunion avec les instances du FGTI afin qu’il soit mis fin au harcèlement ; traitement prioritaire, dans le cadre de toute discussion avec l’État, des problématiques concernant les anciens prisonniers (fin des inscriptions Fijait et de tous les fichages y étant associés, effacement des dommages et intérêts dus à l’État…) ; libération et retour de tous les prisonniers et exilés politiques.
Enfin, ces derniers jours, le collectif Patriotti in Lotta a soutenu initiative des parents et amis de Stéphane Ori : organisation sur le port Toga à Bastia, d’un rendez-vous festif de soutien auquel ont participé des militants culturels et plus d’une centaine de personnes. Pour mémoire, Stéphane Ori, militant Core in Fronte, est incarcéré dans la région parisienne depuis fin mars dernier à la suite de sa mise en examen dans le cadre d’une enquête portant principalement sur son implication supposée dans l’organisation de la conférence de presse clandestine d'un groupe armé. Une bonne nouvelle toutefois. Pour conclure, une bonne nouvelle toutefois : le mitant de Nazione Antò Simoni qui est sous contrôle judiciaire et était assigné à résidence dans l’Hexagone, a été autorisé à rentrer en Corse et ses parents et amis ont fêté son retour.
Pierre Corsi
Crédit pohoto : Associu Sulidarità
Crédit photo : Journal de la Corse