• Le doyen de la presse Européenne

Remettre les pendules à l'heure

Changer d'équation

Remettre les pendules à l'heure



Les cérémonies d'hommage aux deux enseignants assassinés par des islamistes cachent mal le désarroi des enseignants face à la montée de l'intégrisme musulman dans une partie de la société et donc dans une partie du système scolaire. Et voilà que vient s'y mêler les éclaboussures de la guerre entre Israël et ses ennemis. En Corse, les conséquences de ce combat feutré contre l'intégrisme sont vraisemblablement moins incisives que dans certaines banlieues du continent. Mais il s'agit d'être vigilants. Un nouveau préfet et un nouveau recteur ont été nommés dans notre île, tous deux d'origine corse, ce qui est a priori un bon présage. Peut-être possèdent-ils les clefs culturelles ou psychologiques nécessaires les conflits potentiels avant qu'ils n'éclatent avec cependant une règle majeure : une fois une décision prise ne jamais reculer tout en laissant à l'interlocuteur une porte de sortie.

Un équilibre causé par la pression de la société civile


Les deux réunions appelées par Eretz-Israël Corsica ont été inégalement suivies. En Corse du sud, une cinquantaine de personnes étaient présente dans une salle que Valérie Bozzi, la maire de Grosseto Prugna, avait courageusement mis à la disposition des organisateurs. Cette faible audience témoigne non pas d'un désintérêt mais d'un désarroi de l'opinion confrontée d'une part à la sauvagerie inouïe des islamistes et à celle tout aussi impressionante des bombardements israéliens. Toutefois la société corse est à peu près épargnée par la vague d'antisémitisme qui submerge le monde entier via une frange de la jeunesse qui se pense héroïque en endossant un keffieh et en proclamant que la Palestine doit recouvrir un territoire allant du Jourdain à la mer. Le calme qui prévaut en Corse doit cependant être compris commme fragile. Ce qui survient sur le continent nous arrive souvent avec un temps de retard. Si la population d'origine maghrébine ne subit pas la contagion islamiste c'est qu'ici la société civile et prompte à réagir, parfois d'ailleurs avec excès mais un excès qui est compris comme une menace.

Le rôle des autorités étatiques


Ce subtile et fragile équilibre doit absolument être maintenu car il est le garant de la paix civile. Il empêche d'un côté des troubles comme il s'en produit dans de nombreuses cités du continent et il borne d'un autre les vélléites racistes et xénophobes qui pourraient soudain se transformer en actes violents. L'éducation nationale a ici un rôle essentiel à jouer en évitant les grandes leçons de morale qui sont aujourd'hui dépassées par les évènements mais en expliquant ce qui se passe, en déroulant un raisonnement que chacun peut intégrer et absorber à son rythme personnel. Le préfet, quant à lui, doit savoir que la Corse va entrer dans une période agitée. L'échec inévitable du processus d'autonomie va créer un trou d'air gigantesque. La Corse a vécu depuis neuf ans avec ce futur promis par la majorité nationaliste qui ne propose aucune autre alternative et n'est pas prêt de le faire. La gauche n'existe plus ou presque. La droite se recompose doucement mais son attitude est dictée par les ambitions des leaders continentaux en vue des présidentielles. Il y a donc la place pour qu'explosent les revendications essentielles touchant à la terre, au logement, à la vie chère. Il est donc urgent d'organiser des espaces de débat afin de trouver des solutions autres qu'idéologiques et promises à l'échec.

Changer d'équation


Il y a de fortes chances que dans les mois à venir le mouvement nationaliste retrouve son tropisme habituel qui consiste à sans cesse mettre en accusation l'État évitant de chercher à comprendre ses propres erreurs afin de les corriger. Nous allons réentendre la litanie des revendications budgétaires pour éviter de mettre en exergue l'endettement croissant de la région, le maintien voir l'augmentation du personnel afin de se constituer une clientèle en vue des prochaines élections. Jusqu'à maintenant, les représentants de l'État n'ont eu que rarement — encore un euphémisme — le courage de présenter le véritable visage de la Corse afin d'essayer de pallier efficacement nos manques : absence de vérité sur les véritables comptes de la région, gonflement des statistiques de réussite scolaire etc. Le seul domaine où il semble que nous soyons informés comme il le convient est celui de la police et de la justice. Mais encore faudrait-il expliquer la lenteur de certaines enquêtes concernant les appels d'offres, la protection dont semblent jouir certains personnages qui pourtant émargent au fichier du SIRASCO ? Mais ne nous plaigons pas des efforts constatés. Il faut changer d'équation et accepter de mécontenter tous ceux qui profitent parfois de façon dérisoire des miettes du festin auquel se livrent ceux qui tiennent les cordons de la vraie bourse. Alors oui le recteur et le préfet ont du pain sur la planche. Ils doivent remettre les pendules à l’heure. Souhaitons leur de réussir… pour le bien de la Corse.

GXC
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