• Le doyen de la presse Européenne

Splendeurs et misères des courtisans

<< Et si l'on jugeait topus ces incapables ?>>

Splendeurs et misères des courtisans


L’idée se développe et tournicote. On l’a entendue s’exprimer d’abord à Paris devant l’incommensurable fatras créé par la gestion anarchique des travaux municipaux, puis on l’a vue se faufiler de dépits en dédains, d’amertume en exaspération, de votes en abstentions, jusqu’aux marches du trône. « Et si l’on jugeait tous ces incapables? ».


Tel que colporté par un insecte babillard, un bourdonnement têtu a commencé un travail donbasilesque d’oreilles en cervelles: il faudrait un procès pour punir ce qui s’apparente à une trahison d’Etat . On a perdu la France, clament même certains que la douleur entête. Halte là ! Point n’est besoin de s’affoler , la France se perd peut-être, mais laquelle? Il n’est que de mesurer l’incrédulité avec laquelle est reçue cette inquiétude, pour constater que le mot France ne dit déjà plus grand chose à beaucoup. Au train de l’oubli du jour , la rumeur aura disparue bientôt… Est-ce bien si sûr?

Les votes récents suggèrent au contraire l’imminence d’un de ces mouvements secrets, quoique telluriques, par lesquels le populaire s’exprime, comme en 1789, 1830 ou 1848 par exemple, ou en 1871 devant l’image du pays vaincu et occupé.

Le spectacle de Ceausescu quittant son palais en hélicoptère n’est pas fait pour rassurer quant à la bonté qui anime les foules en colère.

La rumeur tintinnabule, dont j’ai parlé en début d’article, qui ne doit pas être considérée comme un propos de chauffeur de taxi, lassé par les embouteillages organisés par la seule conjonction de la prétention et de la bêtise, comme une alerte prémonitoire.

Dans son livre nommé Le Coup d’Etat de Cheri-Bibi, Gaston Leroux imagine un tel désordre sous la III ème République. Sacrebleu, la III ème République, mais on y est revenu avec ces élections sans majorité !

Tout s’enchaîne ensuite. Emeutes, réunion du Congrès, Comités de Salut Public, arrestations en chaîne et valse des Assemblées : Constituante, Législative, Convention, pour finir par la terreur avec la dénonciation des traités internationaux et la guerre en prime. Imprévisible ? Et la Yougoslavie ? Et l’Ukraine ? Qui aurait le cran de dire que la guerre d’Ukraine n’a pas été préparée par les guerres de Yougoslavie et du Kosovo? « Aimons-nous ceux que nous aimons ? » a écrit Henry de Montherlant. J’y ajoute : nos amis sont-ils nos amis ?

Dans le roman précité, Gaston Leroux évoque le personnage charismatique et bonapartien du Subdamoun qui n’est autre qu’un militaire couvert de la gloire que lui ont valu ses faits d’armes aux colonies. Il est est le fils secret du redoutable Cheri-Bibi et de la belle Cecily. Est-ce là notre avenir et notre seul espoir, la survenance opportune d’un Subdamoun qui rétablirait l’ordre ? Il faut prendre garde aux rumeurs, elles sont parfois des présages, Jules César en a bien fait les frais le 15 mars 44 avant JC.

Les suites ridicules de l’élection des Présidents des Commissions à l’Assemblée Nationale démontrent bien la folie dénonciatoire qui s’installe dans le pays. Les réseaux sociaux , nous dit-on, se déchaînent. C’est qu’on avait mal fixé la chaîne.
Les dits réseaux sont des égouts, pourquoi les écouter? Pour imiter Jean Valjean dans sa fuite souterraine.

Qu’on puisse nous raconter sans rire que le fait de ne pas porter de cravate à la Chambre des Députés est une victoire de la démocratie, comme de ne pas mettre la main devant sa bouche quand on baille, ou refuser de serrer la main d’un homme plus âgé que soi, est un acte héroïque, c’est confondre l’activité humaine avec la vie des bêtes. Il est vrai qu’on parle parfois d’ « animal politique ».

Oui, il est possible qu’en fait il faille juger ces gens.

La dégringolade n'est pas une rigolade si vous m'autorisez cette assonance qui serait presque une rime si le propos s'y prêtait. Hélas, ce n'est pas un poème que la description du temps présent où l'on voit de paisibles pèlerins catholiques, âgés de surcroît, se faire molester par la pègre des banlieues, devant l'Eglise de leurs dévotions, au motif de leur foi qui n'est plus en phase avec l'opinion des nouveaux conquérants de l'espace public, nouveaux maîtres de la rue.
Cette lie vocifère en outre des injures impossibles à comprendre en distribuant ses coups et ses horions, trop sûre de son invincibilité qu’autorise, voire encourage la lâcheté craintive de nos élites.

On est loin de tout ça avec l'équipe du jour, si loin! .

Aurions-nous donc perdu tout honneur pour tolérer une aussi sordide déperdition de nous mêmes.Victor Hugo a écrit Le roi s’amuse, si je ne m’abuse, farce tragique dont Verdi a tiré son Rigoletto . Le Roi danse, plutôt! et nous?A quoi cela sert-il de voter en définitive, si les jeux sont toujours faits à l'avance et les inconnus déjà dans la maison, pour reprendre le titre d'un film célèbre? Il y a dans l'air un parfum de catastrophe qui n'est pas sans rappeler les prémices du désastre de 1940, l'incompétence soucieuse venant décorer de ses sermons l'aveu navré de son impuissance. Le populaire est brave, il est patient, mais quand vient le moment de sa colère il est trop tard pour espérer l'apaiser de faux semblants. Il m'avait semblé que l'épisode des" gilets jaunes "était un signe assez patent qu'une limite avait été franchie dont il était urgent que le pouvoir se souciât. Le quadrille malheureusement repart sans qu'il semble qu'on ait pris la mesure du danger. « Mondialisation se disent-ils sans doute, que pourrions-nous faire? ». L'histoire risque de se charger peut être de le montrer aux princes qui nous dirigent, à leurs frais, mais aussi aux nôtres. Et c'est là que le bât blesse.

Diriger, ce n'est pas gouverner. Mais Présider alors....
Est-ce précisément pour l'usage qui en est fait aujourd'hui que le Général de Gaulle a réformé la constitution en 1962?
Clovis, Louis XIV, Napoléon, De Gaulle pour ne citer que les plus illustres. Et après ? Mickey?

Et l’on parle de l’ivresse du pouvoir !
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