Corse : territoire à décoloniser, le oui indépendantiste
Une question mérite d'être posée .....
Corse territoire à décoloniser, le oui indépendantiste
Une question mérite d’être posée, le oui à la motion portant demande d’inscription de la Corse sur la liste de l’ONU des territoires non autonomes à décoloniser qui a été exprimé par l’élue Nazione et les élus Core in Fronte, sera-t-il un vote sans lendemain ou ouvre-t-il sur un rapprochement des indépendantistes ?
L’Assemblée de Corse ne s’engagera pas dans une demande d’inscription de la Corse sur la liste de l’ONU des territoires non autonomes à décoloniser. Une majorité de conseillers a rejeté la motion en ce sens déposée par Josepha Giacometti Piredda à la demande du parti indépendantiste Nazione. En effet, dans le respect de ses convictions qui ont toujours été de considérer qu’il n’existe pas et n’a jamais existé un fait colonial imposé à la Corse, la droite représentée par le groupe Un Soffiu Novu, a voté contre et ses votes ont suffi pour qu’elle l’emporte car le groupe siméoniste Fà Populu Inseme et le groupe Avanzemu-Partitu di a Nazione Corsa ont opté pour l’abstention. Seuls Josepha Giacometti Piredda, bien sûr, et les élus Core in Fronte ont voté en faveur de la motion. L’abstention des groupes Fà Populu Inseme et Avanzemu-Partitu di a Nazione Corsa ne s’explique pas uniquement par une défiance à l’encontre du groupe Groupe d'Initiative de Bakou contre le colonialisme français réunissant des partis indépendantistes de Kanaky, de Martinique et de Polynésie, dont Nazione a décidé de partager la démarche ; défiance d’ailleurs compréhensible car il est manifeste que l’Azerbaïdjan qui voit d’un bon œil l’initiative et même l’encourage, est loin d’être un modèle démocratique et agit davantage pour manifester son mécontentement envers la France qui soutient diplomatiquement l’Arménie que par altruisme anti-colonialiste. L’abstention des groupes Fà Populu Inseme et Avanzemu-Partitu di a Nazione Corsa relève aussi et surtout d’une volonté de ne pas froisser l’État alors que le gouvernement semble peu disposé à rompre des lances pour que soient respectées les conclusions du processus Beauvau. Ce qui a d’ailleurs été relevé dans le communiqué de Nazione prenant acte du rejet de la motion Giacometti-Piredda. Celui-ci évoque en effet une volonté de « donner de nouveaux gages aux représentants de l’État français dans le cadre de discussions illusoires avec la nouvelle ministre de la décentralisation ».
Clarification politique
Le communiqué de Nazione a cependant mis en exergue une autre interprétation de l’abstention des groupes Fà Populu Inseme et Avanzemu-Partitu di a Nazione Corsa. En effet, le parti indépendantiste y voit « une clarification politique » ayant consisté à tourner le dos à un des fondamentaux du nationalisme corse contemporain. Ceci a été ainsi exprimé : « Ils ont en effet renoncé, par leurs actes, à des revendications qui d’Edmond Simeoni au FLNC, en passant par l’ensemble des organisations autonomistes et indépendantistes qui se sont succédées depuis les années 1970, ont toujours constitué le socle commun du mouvement national, à savoir : la dénonciation du fait colonial et la reconnaissance des droits nationaux du peuple corse ». Bien entendu, Fà Populu Inseme et Avanzemu-Partitu di a Nazione Corsa n’acceptent sans doute pas cette interprétation et le feront sans doute savoir, en réitérant n’avoir pas voulu créer les conditions d’une confusion entre le message d’Edmond Simeoni en 1975 et celui venu de Bakou pouvant donner prise à de la confusion et ainsi servir les adversaires de toute évolution institutionnelle concernant la Corse. Ils seront d’autant plus enclins à réagir qu’implicitement Nazione les situe ainsi, en partie cela s’entend, dans le camp de Mossa Palatina qui affirme que la Corse n’a jamais été soumise à un fait colonial.
Différence stratégique
On pourrait ajouter une autre interprétation, sans doute moins polémique et plus juste, l’abstention des groupes Fà Populu Inseme et Avanzemu-Partitu di a Nazione Corsa a permis de définitivement identifier et entériner une différence de vision stratégique majeure et même structurelle au sein de la mouvance nationaliste : l’autonomisme qui entrevoit dans des processus de négociations avec l’État, la possibilité de clore la question corse en obtenant la reconnaissance d’une différence au sein de la France ; l’indépendantisme pour lequel les processus et les évolutions institutionnelles ne sont qur des étapes permettant d’avancer vers la reconnaissance d’une indépendance de la Corse. Nazione exprime d’ailleurs cette différence stratégique dans le communiqué cité précédemment : « Le vote du 24 octobre 2024 (le rejet de la motion Giacometti-Piredda, ndlr) ne constitue en rien une défaite politique. Cette démarche a permis de poser, une première fois, au sein de l’institution représentative des Corses la question de la reconnaissance officielle de nos droits nationaux par la communauté internationale […] Cette démarche reviendra en débat devant l’Assemblée de Corse et [...] s’imposera d’elle-même, dans les mois et années à venir, face au refus obstiné de l’Etat français de reconnaître la dimension politique de la question nationale corse ». Une question mérite d’être posée, le oui à la motion portant demande d’inscription de la Corse sur la liste de l’ONU des territoires non autonomes à décoloniser qui a été exprimé par l’élue Nazione et les élus Core in Fronte, sera-t-il un vote sans lendemain, ou ouvre-t-il sur un rapprochement des indépendantistes ?
Pierre Corsi
Crédit photos : Nazione et Core in Fronte
Une question mérite d’être posée, le oui à la motion portant demande d’inscription de la Corse sur la liste de l’ONU des territoires non autonomes à décoloniser qui a été exprimé par l’élue Nazione et les élus Core in Fronte, sera-t-il un vote sans lendemain ou ouvre-t-il sur un rapprochement des indépendantistes ?
L’Assemblée de Corse ne s’engagera pas dans une demande d’inscription de la Corse sur la liste de l’ONU des territoires non autonomes à décoloniser. Une majorité de conseillers a rejeté la motion en ce sens déposée par Josepha Giacometti Piredda à la demande du parti indépendantiste Nazione. En effet, dans le respect de ses convictions qui ont toujours été de considérer qu’il n’existe pas et n’a jamais existé un fait colonial imposé à la Corse, la droite représentée par le groupe Un Soffiu Novu, a voté contre et ses votes ont suffi pour qu’elle l’emporte car le groupe siméoniste Fà Populu Inseme et le groupe Avanzemu-Partitu di a Nazione Corsa ont opté pour l’abstention. Seuls Josepha Giacometti Piredda, bien sûr, et les élus Core in Fronte ont voté en faveur de la motion. L’abstention des groupes Fà Populu Inseme et Avanzemu-Partitu di a Nazione Corsa ne s’explique pas uniquement par une défiance à l’encontre du groupe Groupe d'Initiative de Bakou contre le colonialisme français réunissant des partis indépendantistes de Kanaky, de Martinique et de Polynésie, dont Nazione a décidé de partager la démarche ; défiance d’ailleurs compréhensible car il est manifeste que l’Azerbaïdjan qui voit d’un bon œil l’initiative et même l’encourage, est loin d’être un modèle démocratique et agit davantage pour manifester son mécontentement envers la France qui soutient diplomatiquement l’Arménie que par altruisme anti-colonialiste. L’abstention des groupes Fà Populu Inseme et Avanzemu-Partitu di a Nazione Corsa relève aussi et surtout d’une volonté de ne pas froisser l’État alors que le gouvernement semble peu disposé à rompre des lances pour que soient respectées les conclusions du processus Beauvau. Ce qui a d’ailleurs été relevé dans le communiqué de Nazione prenant acte du rejet de la motion Giacometti-Piredda. Celui-ci évoque en effet une volonté de « donner de nouveaux gages aux représentants de l’État français dans le cadre de discussions illusoires avec la nouvelle ministre de la décentralisation ».
Clarification politique
Le communiqué de Nazione a cependant mis en exergue une autre interprétation de l’abstention des groupes Fà Populu Inseme et Avanzemu-Partitu di a Nazione Corsa. En effet, le parti indépendantiste y voit « une clarification politique » ayant consisté à tourner le dos à un des fondamentaux du nationalisme corse contemporain. Ceci a été ainsi exprimé : « Ils ont en effet renoncé, par leurs actes, à des revendications qui d’Edmond Simeoni au FLNC, en passant par l’ensemble des organisations autonomistes et indépendantistes qui se sont succédées depuis les années 1970, ont toujours constitué le socle commun du mouvement national, à savoir : la dénonciation du fait colonial et la reconnaissance des droits nationaux du peuple corse ». Bien entendu, Fà Populu Inseme et Avanzemu-Partitu di a Nazione Corsa n’acceptent sans doute pas cette interprétation et le feront sans doute savoir, en réitérant n’avoir pas voulu créer les conditions d’une confusion entre le message d’Edmond Simeoni en 1975 et celui venu de Bakou pouvant donner prise à de la confusion et ainsi servir les adversaires de toute évolution institutionnelle concernant la Corse. Ils seront d’autant plus enclins à réagir qu’implicitement Nazione les situe ainsi, en partie cela s’entend, dans le camp de Mossa Palatina qui affirme que la Corse n’a jamais été soumise à un fait colonial.
Différence stratégique
On pourrait ajouter une autre interprétation, sans doute moins polémique et plus juste, l’abstention des groupes Fà Populu Inseme et Avanzemu-Partitu di a Nazione Corsa a permis de définitivement identifier et entériner une différence de vision stratégique majeure et même structurelle au sein de la mouvance nationaliste : l’autonomisme qui entrevoit dans des processus de négociations avec l’État, la possibilité de clore la question corse en obtenant la reconnaissance d’une différence au sein de la France ; l’indépendantisme pour lequel les processus et les évolutions institutionnelles ne sont qur des étapes permettant d’avancer vers la reconnaissance d’une indépendance de la Corse. Nazione exprime d’ailleurs cette différence stratégique dans le communiqué cité précédemment : « Le vote du 24 octobre 2024 (le rejet de la motion Giacometti-Piredda, ndlr) ne constitue en rien une défaite politique. Cette démarche a permis de poser, une première fois, au sein de l’institution représentative des Corses la question de la reconnaissance officielle de nos droits nationaux par la communauté internationale […] Cette démarche reviendra en débat devant l’Assemblée de Corse et [...] s’imposera d’elle-même, dans les mois et années à venir, face au refus obstiné de l’Etat français de reconnaître la dimension politique de la question nationale corse ». Une question mérite d’être posée, le oui à la motion portant demande d’inscription de la Corse sur la liste de l’ONU des territoires non autonomes à décoloniser qui a été exprimé par l’élue Nazione et les élus Core in Fronte, sera-t-il un vote sans lendemain, ou ouvre-t-il sur un rapprochement des indépendantistes ?
Pierre Corsi
Crédit photos : Nazione et Core in Fronte