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L'écologie à la ramasse

Paroles....Paroles.....Paroles

L’écologie à la ramasse



Le lundi 21 octobre s’est ouvert à Cali, en Colombie, la 16e édition de la Conférence des Parties (COP16) sur la biodiversité. Jusqu’au 1er novembre, 194 pays se réunissent afin de se mettre d’accord sur des mesures pour protéger la biodiversité et stopper la disparition des espèces. Selon le WWF, 73 % des populations d’animaux ont disparu en 50 ans de la surface de la Terre. En France, un quart des oiseaux a disparu en 25 ans. Du 11 au 22 novembre prochain aura lieu à Bakou en Azerbaïdjan avec la 29 COP sur le climat. La COP sur la biodiversité se tient tous les deux ans tandis que celle sur le climat a lieu tous les ans. C’est dire si on parle beaucoup du climat et au plus niveau. Pourtant la dégradation climatique s’accélère et avec elle les catastrophes. Et les budgets nationaux et internationaux semblent considérer la question écologique comme la dernière roue du carrosse économique.


Paroles… Paroles… Paroles


Les deux COP trouvent leur origine dans le Sommet de la Terre de Rio en 1992, elles ne dépendent pas de la même convention. La COP sur le climat est issue de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) tandis que la COP sur la biodiversité repose sur la Convention sur la diversité biologique (CBD). C’est dire si depuis trois décennies on s’est réuni pour disserter sur l’évolution de l’immense catastrophe qui touche la planète. Le principal enjeu de la COP 16 est de mettre en œuvre l’accord de Kunming-Montréal signé en 2022 par les pays participants. Cet accord a défini 23 objectifs de sauvegarde de la nature à atteindre à l’horizon 2030. L’objectif principal étant de mettre sous protection 30 % de la planète en créant des aires naturelles protégées. La question du financement de ces mesures sera également discutée pour la nième fois.

Un bilan désolant


Le bilan de ces COP est franchement désolant : près d’un million d’espèces animales et végétales sont condamnées à disparaître au cours des prochaines décennies, les populations de vertébrés sauvages déclinent et les écosystèmes s’approchent de points de bascule dangereux. Selon le rapport Planète vivante du « WWF, publié le 10 octobre, 73 % des vertébrés ont vu leur population s’effondrer au cours du demi-siècle passé. Les causes sont connues : destruction des habitats causée par l’agriculture industrielle, par l’urbanisation et à la déforestation ; la surexploitation de la pêche, de la chasse et des forêts pour accumuler des profits. Malgré les promesses faites par les uns et les autres, plus de 6,3 millions d’hectares de forêt ont encore été détruits en 2023, les pollutions industrielles et les espèces invasives. Du coup, le dérèglement climatique s’est accéléré provoquant des vagues massives migratoires. Pour le WWF, on a atteint un point de bascule irréversible.

Des budgets en régression


Le plus grave est que les choix politiques vont exactement à l’inverse de ce qui devrait être fait. Les besoins immédiats des populations provoquent la victoire des partis climatosceptiques toujours de la droite extrême ou de l’extrême. Bolsonaro hier et Trump demain en sont les pires incarnations. En France, les aides à l’électrification des véhicules vont diminuer, passant de 1,5 milliard d’euros à 1 milliard d’euros. Le ministère en charge de la conversion écologique devra répartir cette somme entre les trois outils existants : la prime à la conversion, le bonus automobile et le leasing social. Le Fonds vert créé en 2022 par Elisabeth Borne qui devait permettre de financer la transition écologique des collectivités, notamment la rénovation énergétique des bâtiments publics locaux. Il a été ramené à 1,5 milliard d’euros contre les 2,5 prévus.

Des réactions insuffisantes


L’écologie n’a plus trop le vent en poupe et leurs représentants un peu partout en Europe deviennent plus rares peut-être à cause de leur trop grande politisation un rien foutraque. Le monde scientifique s’émeut du recul général des politiques en matière d’environnement. Le 29 mai dernier, une dizaine de sociétés savantes et de réseaux d’organismes de recherche européens ont adressé une lettre ouverte aux responsables politiques européens afin de dénoncer les récents reculs de l’Union européenne (UE) en matière de protection de l’environnement. Les auteurs s’indignent en particulier de l’abandon du règlement sur l’usage durable des pesticides, de l’abaissement des standards environnementaux de la politique agricole commune ou encore les entraves à la mise en place de la loi sur la restauration de la nature. Les signataires appellent les institutions européennes à se reprendre, mettant en garde contre les conséquences catastrophiques sur le maintien de la stabilité des écosystèmes et des services qu’ils prodiguent — pollinisation, fertilité des sols, disponibilité de la ressource en eau, etc. — insistant sur la menace qui pèse sur la sécurité alimentaire. Un avertissement qui vaut pour la planète entière. Nous savons tous et nous tournons le dos à la réalité.

GXC
Photo: D.R
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