Corse : Rumeurs et indiscrétions
Madame Vautrin , une pinzuta pas comme les autres
Corse : rumeurs et indiscrétions
La ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, Catherine Vautrin, a annoncé à l’Assemblée nationale que le processus d’autonomie de la Corse poursuivait sa route au Parlement avec les écritures constitutionnelles et que le Congrès serait réuni en 2025. Le Premier ministre, sur injonction d’Emmanuel Macron lui a confié le dossier Corse avec mission de le mener jusqu’au bout. Et elle prend l’affaire très au sérieux.
Madame Vautrin, une pinzuta pas comme les autres
Madame la Ministre aime à répéter qu’elle n’est pas comme ces continentaux qui n’abordent nos rivages que durant la période estivale. Elle possède une maison dans la région du Sevi Sorru Cinarca et elle se plaît à révéler que son époux est « 25 % Corse ». C’est dire si elle est quasiment una paisana. Et, cerise sur le gâteau, elle entretient les meilleurs rapports qui soient avec l’entourage de Gilles Simeoni. Catherine Vautrin est passée à deux doigts du poste de Premier ministre et n’a été recalée qu’après le rappel de ses positions anti mariage pour tous, sa participation à la manifestation de la droite dure. Enfin elle a été, lorsque le candidat de la droite aux présidentielles était François Fillon, sa porte-parole aux côtés d’Eric Ciotti avant de plus tard rallier à Emmanuel Macron. C’est dire si la situation a changé et la plasticité du personnage. Mais sur la Corse, elle entend aller jusqu’au bout. Toujours ce syndrome du coup de bambou insulaire qui a frappé tant de personnages pourtant éloignés de la doctrine autonomiste. Elle s’est écrit un calendrier qui n’a strictement aucune chance d’être respecté, mais auquel elle croit sincèrement.
Le processus corse, obsession macroniste
On aurait tort de croire en la mauvaise foi du président et de sa ministre. L’un comme l’autre est bien décidé à tenir la promesse du premier : l’autonomie de la Corse était un engagement d’un Emmanuel Macron battu en brèche sur tous les fronts jusqu’au sein de son propre camp. Vae victis. Malheur aux vaincus. D’après des indiscrétions, il a bien l’intention de présenter le projet écrit par l’ancien ministre de l’Intérieur Darmanin devant la Chambre des députés. Une question de pose alors ? Pourquoi ne l’a-t-il toujours pas signé et proposé au Conseil des ministres ? Mais si tel est le cas, le cheminement du projet ne débutera qu’après le vote du budget ou plutôt son passage en force grâce au 49-3. Ça ne sera pas la meilleure période psychologique pour faire accepter une rupture avec le centralisme historique de la France. Le RN sera contre vent debout comme les LR ainsi que beaucoup de socialistes et de communistes. Avoir LFI avec soi ne sera pas forcément la meilleure carte du jeu. On peut également se demander quelle attitude va adopter le ministre de l’Intérieur Retaillau qui a fait savoir qu’il ne voulait pas d’un tel projet.
Un chemin de croix
On peut imaginer que le projet sera soumis à un feu roulant d’amendements qui le rhabilleront de la tête aux pieds. Puis ce qui en sortira sera envoyé au Sénat dont on connaît son hostilité. Lui aussi va tailler et retailler dans le texte. Or pour être présenté au Congrès et espérer obtenir les 3/5 des voix, le texte du Sénat doit être strictement identique à celui des députés. On voit difficilement comme un tel miracle pourrait se produire. Mais encore une fois pourquoi pas ? Il va falloir aller vite parce qu’en juin prochain, il ne fait aucun doute que nous serons confrontés à une nouvelle dissolution de l’Assemblée avec une montée en puissance du RN et un effondrement du fameux bloc central. Les chances du projet Darmanin se réduisent comme neige au soleil. Mais parce que nous croyons que Dieu peut-être est du côté des nationalistes — allez savoir ! —, imaginons le texte présenté au Congrès qui réunit députés et sénateurs. La croyance a tout de même des limites et les chances du texte s’arrêtent là où commencent les mathématiques. Quel chemin de croix et que d’énergie gaspillée en pure perte alors qu’il vaudrait mieux l’utiliser à tenter de régler les problèmes qui impactent la vie quotidienne de nos compatriotes.
GXC
Les grandes manœuvres navales de la CMA-CGM
L’hebdomadaire Le Marin toujours très bien informé livre une information qui concerne la Corse au premier chef : « L’arrivée de CMA-CGM, à la place de Stef, dans le jeu il y a plus d’un an et demi a commencé mezzo voce. Mais l’actionnaire de La Méridionale est de moins en moins satisfait d’être cantonné à un strapontin. Ce n’est pas le genre de la maison. Faute de pouvoir prendre le pouvoir dans une desserte de service public largement dominée, jusqu’à la fin de l’actuel contrat de sept ans en 2029, par Corsica linea, il ne reste qu’une carte à jouer : racheter le troisième larron, Corsica ferries. … Pierre Mattei, l’actuel patron et copropriétaire de la compagnie aux ferries jaunes, aurait laissé entendre en privé la possibilité de ce rachat ». La Méridionale, Corse Matin et peut-être Corsica Ferries, le rêve d’une compagnie régionale s’éloigne à tire-d’aile.
GXC
Photo : D.R