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Cinetica 9è édition du 8 au 11novembre à Bastia

L'excellence du filmd'animation

Cinetica 9 è édition
L’excellence du film d’animation



Le Régent de Daniel Benedittini et Una Volta dirigé par Juana Macari proposent Cinetica 9 è dédiée au film d’animation. Douze longs-métrages remarquables et des programmes de court-métrages à destination des petits – dès trois ans. Un invité d’honneur, Bill Plympton, maître du genre, présent à Bastia. Des ateliers pour apprivoiser les différentes techniques d’animation.




Bill Plympton doit présenter au public bastiais, « Duel à Monte Carlo del Norte ». Un film dans lequel il revisite le western en lui infusant une verve satirique. Un cowboy solitaire. Une ville rongée par la corruption. Un maire carnassier décidé à raser un village de pêcheurs pour installer une structure immobilière de luxe. Hellbug, bestiole géante issue des Enfers. Devinez la suite !... A la base Bill Plympton est caricaturiste. Son univers n’appartient qu’à lui. Son dessin est nerveux et saccadé. Ses couleurs sont saillantes, exagérées, pourrait-on dire. Il est auteur de BD qu’il porte généralement à l’écran. On lui doit également la réalisation de trois épisodes des Simpson. Beaubourg, reconnaissant de son talent hors pair, a consacré une rétrospective de ses œuvres. Bill Plympton doit également animer une master class à Casell’arte de Venaco.

S’il est un film dont on parle beaucoup et dont le bouche à oreille a merveilleusement fonctionné, c’est « Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau » du Letton, Gints Zibalodis. Un chat dans un univers où toute vie humaine a disparu. Ce chat se réfugie sur un bateau. En compagnie d’animaux plutôt étranges il va apprendre à s’adapter à eux. Une histoire touchante, fluide, imprégnée de poésie. Des décors extraordinaires. Des rencontres magistrales. L’apprentissage du vivre ensemble. Des images de toute beauté.

« Sauvages » est le deuxième long-métrage du Suisse, Claude Barras, à qui on doit l’inoubliable « Ma vie de Courgette ». Avec « Sauvages » il nous transporte à Bornéo où une forêt ancestrale est menacée de destruction par des compagnies forestières. Une tonalité écologiste à laquelle se joint la défense des peuples premiers, de la faune et de la flore.

D’Australie nous vient « Mémoire d’escargot » d’Adam Elliot qui nous fait le récit d’une petite orpheline placée dans une famille d’accueil… peu accueillante ! Sa rencontre avec une octogénaire farfelue va lui apporter un changement radical. « Angelo et la forêt mystérieuse » de Vincent Paronnaud et Alexis Ducord, c’est l’apprentissage du courage quand la vie d’une grand-mère est en jeu.

Pour les tout petits « Billy le hamster cowboy » est au programme. De ce long-métrage les très jeunes spectateurs apprendront qu’on devient un véritable héros en volant au secours des autres. La coréalisatrice du film, Caz Murrel, sera à Bastia. Elle est aussi l’auteur de l’affiche de cette année. Cinetica 2024 se devait de programmer un fleuron de l’animation japonaise, les sélectionneurs ont choisi « Tunnel to summer » de Tomohisa Taguchi. Un film romantique. Un amour entre deux adolescents qui expérimentent la magie d’un tunnel. Une traversée et son prix à payer…

Michèle Acquaviva-Pache

Jusqu’au 11 novembre inclus. Projections au Régent.

Notre sélection :
Vendredi 8 / 11 à 18 h 30 « Sauvages » et lundi 11/11 à 16 h.
Samedi 9 / 11 à 16 h « Billy le hamster cowboy ». Et à 10 h le dimanche.
18 h 30 « Mémoire d’un escargot ». 21 h « Duel à Monte Carlo del Norte » avec leréalisateur.
Dimanche 10 / 11 à 14 h « La plus précieuse des marchandises ». 16 h « Angelo et la forêt mystérieuse et lundi à 18 h.
18 h « Tunnel to summer ».



                                                           ENTRETIEN AVEC DANIEL BENEDITTINI, directeur du RÉGENT.

Cinetica
en est à sa neuvième édition. Quelle évolution marquante avez-vous noté par rapport au début du festival ?
Des techniques d’animation ont changé en particulier du côté de la 3 D d’où des réalisations plus rapides avec plus d’accessibilité et des histoires plus variées. Il y a trente ans il y avait un long-métrage d’animation par an, maintenant on en compte une centaine. Les séries d’animation sont aussi très nombreuses et ont donné naissance à de chaînes de TV spécialisées et alimentent également des chaînes comme Netfix. On peut découvrir de plus en plus de films d’animation ce qui n’était pas possible il y a quelques années.

Quel est le rôle de votre festival de dessin d’animation ?
Nous mettons en avant des films qui sortent de l’ordinaire que le public n’irait pas voir d’instinct, ainsi « Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau », qui a reçu un accueil enthousiaste de la critique sans avoir une distribution très conséquente. Dans nos choix nous portons l’accent sur l’histoire, le rythme, l’esthétique. Nous projetons donc des films qu’on ne verrait pas forcément en Corse et nous démontrons qu’il n’y a pas que des productions Disney ! Il y a trois ans j’ai repris la diffusion du « Sommet des dieux » de Patrick Imbert. Cette reprise a eu un beau succès par la splendeur des images, de la bande son, par l’expérience immersive procurée par ce film. Il m’arrive de reprogrammer certaines œuvres vues à Cinetica pour fidéliser le public.

Depuis quand les adultes font-ils leur miel des dessins d’animation ?
Il y a un aspect générationnel : celui des adultes qui ont été bercés durant leur enfance par le dessin d’animation et qui ont gardé cette passion. Il faut aussi retenir que des manga transposés sur grand écran ont autant la faveur des jeunes que de leurs aînés. D’ailleurs il y a de moins en moins de barrières séparant jeunes et moins jeunes en ce qui concerne les films d’animation. Les histoires racontées sur le support animation, plus construites, plus intenses, suscitent l’intérêt grandissant des adultes.

Quelles sont les techniques employées par le dessin d’animation ?
Le stop motion ou l’animation en volume réalisée à l’aide de figurines, de papier plié, de pâte à modeler. Cette technique repose sur un parti pris graphique qui nécessite du temps et de l’argent. Des studios spécialisés sont réputés œuvrer en stop motion. Les réalisateurs peuvent encore recourir à la 2 D en utilisant crayon, peinture, remplissage par ordinateur. De nouveaux logiciels arrivent sur le marché pour faciliter l’usage de cette possibilité. Enfin il y a la 3 D où tout se fait par ordinateur. Deux de nos films sélectionnés sont stop motion : « Mémoire d’escargot » et « Sauvages ».

Comment fonctionne votre comité de sélection ?
Entre représentants du Régent et de Una Volta on se réunit. On discute des nouveautés. On retient les opportunités qui peuvent s’offrir à nous par le biais d’avant-premières. On demande au programmateur, Arnaud de Gardebosc, de nous communiquer des pistes. On suit l’actualité du Festival d’Annecy, une des plus remarquables manifestations du genre. Personnellement je rencontre des distributeurs qui m’indiquent des titres.

Peut-on se fier aux indications d’âges qui accompagnent la présentation des films d’animation ?
A Cinetica nous sommes encore plus exigeants en la matière que le CSA (Comité supérieur de l’audiovisuel). On peut nous faire confiance les yeux fermés. Les films que nous affichons à « 3 ans » sont visibles à cet âge et bien sûr par leurs parents… par tout le monde en somme. Notre souhait est avant tout que les enfants prennent plaisir à assister à une séance.

« La plus précieuse des marchandises » d’Hazanavicius évoque la Shoah. Le dessin d’animation est-il apte à faire passer un tel message en l’occurrence ?
Je pense que c’est un moyen comme un autre. L’évocation de la Shoah est pour certains un exutoire et pour d’autre un exercice de mémoire. L’originalité d’Hazanavicius est de prendre la tonalité du conte : « Il était une fois… ». Son recours à cette forme peut attirer un large public. A noter que le cinéaste à tout dessiné lui-même.

Les productions japonaises sont-elles toujours au top ?
Les artistes japonais continuent de nous étonner. De leur pays sortent chaque année des pépites. Ils se distinguent par une large palette. Sans arrêt ils adaptent de nouveaux manga en films et emportent un succès fou !

« Sauvages » de Claude Barras est-il de la même veine que « Ma vie de Courgette » ?
Le sujet des deux films est différent mais la qualité graphique est équivalente. Sorti en 2015 « Ma vie de Courgette » a été une surprise totale tant sa réussite était flagrante. « Sauvages » est un super film, mais il est sans doute plus consensuel…

Pourquoi Cinetica propose-t-il des ateliers ?
Ces ateliers s’adressent aux 4 – 12 ans. Des adultes les suivent aussi. Avec ces ateliers notre but est de mettre le pied à l’étrier à des jeunes dans l’espoir de faire émerger des vocations.

Propos recueillis par M.A-P
Crédit photo : Cinetica






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