Les adeptes du comité Groupe d'initiative de Bakou
Dernière trouvaille de Nazione
Les adeptes du comité Groupe d’initiative de Bakou
Dernière trouvaille de Nazione : s’inscrire dans la démarche de l’Azerbaïdjan qui veut promouvoir les causes de décolonialismes françaises avec le Groupe d’initiative de Bakou. Les indépendantistes kanaks, tahitiens et antillais avec désormais ceux de Nazione ont adhéré à cette offensive contre la France téléguidée par Moscou. Petit aperçu de la locomotive décoloniale qui s’est récemment illustrée en vidant littéralement le territoire du Haut-Karabakh de son peuple premier pour y installer des familles azerbaïdjanaises.
Des coups de billard en Corse et en Russie
Quel bénéfice peuvent espérer tirer de cette initiative les indépendantistes de Nazione ? Pas grand-chose en vérité sinon de tendre un piège aux autonomistes et aux rivaux de Cor'in fronte, les mettant ainsi en face de leurs contradictions alors que le processus Darmanin agonise. Se mettre à la remorque d’une de ces dictatures extrême-orientales soutenues par la Turquie et désormais par la Russie ne saurait être un joker pour pousser en avant l’indépendantisme corse. Et comment expliquer par ailleurs qu’on se bat pour le droit à l’autodétermination des peuples à travers le monde, mais qu’on se met dans le sillage de la Russie qui mène une guerre d’agression contre l’Ukraine et celui de l’Azerbaïdjan qui se situe dans la droite ligne de la Turquie génocidaire ? Tel est le drame d’une Corse où les petites manœuvres se mêlent à des causes tout à fait honorables.
De rêves en cauchemar
Les émeutes en Nouvelle-Calédonie ont rendu le Caillou plus dépendant encore de la France qu’il ne l’était auparavant. Triste paradoxe ! Et on imagine mal ce que l’Azerbaïdjan, pays de dictature, pourrait apporter à ce naufrage sinon de placer une Kanaky indépendante dans le Sud global à la remorque des nouveaux impérialismes russes et chinois. Si cela arrivait on ne pourrait que leur souhaiter bonne chance et prophétiser qu’après quelques mois, les Kanaks feront comme les Comoriens qui avaient choisi l’indépendance ou encore le Vanuatu, ex Nouvelles-Hébrides, regretter amèrement le bon vieux temps de l’assistanat français. L’émancipation des peuples est une noble croisade. Encore faut-il tenir compte de la réalité des situations ? Aux Antilles, la colère s’exprime parce que les Antillais considèrent qu’on les traite en Français de seconde zone. Nazione rêve de voir la question corse traitée devant l’ONU, ce « machin » incapable de faire appliquer ses résolutions à travers le monde. Jusqu’où les mèneront ces petits calculs locaux appliqués à la marche de la planète ? Qu’ils le veuillent ou non, les indépendantistes corses vivent et parfois largement de l’argent français. C’est vrai directement pour certains de leurs dirigeants et ça l’est aussi de façon indirecte pour leurs militants qui, de près ou de loin profitent des subventions françaises.
Un retour historique
Bakou fut le lieu choisi par les bolcheviques pour y tenir le premier Congrès des peuples d’Orient. Il s’agissait sous prétexte d’accompagner la décolonisation de briser l’encerclement de la révolution russe. La majorité des congressistes était de confession musulmane. Parmi les musulmans, beaucoup étaient russes, en fait caucasiens, mais partageaient de manière générale les mêmes revendications que les musulmans des autres nationalités. Or les communistes musulmans pensaient qu’on accéderait à la société communiste en terre d’Islam par la révolution nationale et le « djihad », par la lutte contre les impérialistes et la formation d’une élite bourgeoise, prélude à une lutte des classes qui porterait le communisme au pouvoir. Selon les témoignages, l’appel à la « guerre sainte » fut reçu avec beaucoup d’enthousiasme par l’ensemble des congressistes « électrisés ». Inutile de préciser que ce Congrès fut un gigantesque échec pour la cause communiste.
Une position indépendantiste originale
La position de Nazione est originale en ce sens qu’elle tranche avec les autres combats nationalistes en Europe. Les Catalans, les Basques et les Irlandais ont choisi de rester dans le cadre local ou européen. Il faut avoir été fortement imprégnée de l’épopée coloniale française en partie menée par nos propres compatriotes pour soudain éprouver ce syndrome inverse et se croire l’égal en misère des indigènes de l’autre bout du monde. L’expérience démontre qu’en Corse, les idées qui surgissent d’un coup comme des gadgets n’ont guère d’avenir. Le problème est qu’aujourd’hui la France s’enfonce dans une crise économique, sociale et existentielle tout à fait inédite ce qui relativise grandement la question corse. Pour parler franchement, là-bas in isse France, dans ces Frances comme disaient nos anciens la Corse n’intéresse plus grand monde. Et si par malheur demain, un référendum était organisé sur l’indépendance de la Corse, il est à redouter que la France continentale vote majoritairement pour larguer les amarres tandis qu’en Corse même les indépendantistes iraient honteusement déposer un bulletin refusant une telle perspective. Alors Bakou !
GXC
Photo : D.R