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Intervista : Sacha Bastelica, militant de gauche et humaniste

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INTERVISTA PULITICA : Sacha Bastelica : militant, de gauche et humaniste
« La Gauche peut devenir la première force d’opposition dans notre île et aspirer à devenir majoritaire »


Sacha Bastelica a plongé dans la marmite politique de gauche dès ses années lycée à Bastia (Lycée du Fangu). Ensuite, âgé de moins de 20 ans, étudiant, siégeant à la Cunsulta di a Ghjuventù, il a été la révélation des dernières élections législatives. En effet, dans la première circonscription de Haute-Corse, avec le concours d’un groupe de militants et sympathisants ayant pour la plupart son âge, et étant membres ou proches de La France Insoumise, il a mené une campagne Front Populaire à la fois active et remarquée, et obtenu un résultat plus qu’honorable (3352 voix, soit 8,89 %, dont 1327 voix et 1327 voix à Bastia).


Quelles sont les valeurs qui motivent et irriguent votre engagement politique ?


Les valeurs que l’on prête à la République et à la gauche bien sûr : la liberté, la fraternité, la solidarité, le combat pour les plus démunis. J’ajoute l’écologie car chacune et chacun d’entre nous devrait pouvoir jouir d’un cadre de vie et d’un environnement naturel préservés de nuisances qui, trop souvent et malheureusement, sont occasionnées par une logique de profit financier. Enfin et beaucoup, je crois en l’humanisme tel que l’imaginait Léon Blum dans sa conception du socialisme français ; c’est-à-dire à un rêve de liberté, d’égalité de droits, d’individus en capacité de vivre et maîtriser leurs destins. La politique doit aussi faire une place à ce qui semble relever du rêve, de l’utopie. En somme, d’une volonté individuelle et collective de dépassement.


Quel est votre positionnement militant ?


Je suis un militant politique de gauche. Cependant, je ne me considère pas comme rattaché à une formation politique en particulier bien que je partage de nombreuses idées de chacune d’entre elles. D’ailleurs, l’une des raisons manifeste qui a motivé ma candidature aux élections législatives, c’est l’idée d’un programme commun soutenu par toutes les formations de gauche, et dépassant les quelques querelles inutiles qui ont tant divisé nos familles. Ma devise est donc celle d’un homme libre, et c’est au nom de cette liberté que j’ai pour seul parti celui des idées et m’autorise à la controverse avec ma propre famille politique. Pour autant, il va de soi que je suis plus proche de certaines formations que d’autres, mais tout en gardant toujours une certaine distance qui me permet de conserver mon autonomie idéologique et d’action.


Votre première expérience de candidat. Une première campagne. Qu’en avez-vous retenu ?


Il n’est pas commun d’être candidat à 19 ans. Ces quelques jours de campagne m’ont permis de tisser une expérience très intense qui aujourd’hui me fait porter un autre regard sur la politique et la société. Les rencontres, les discussions, les débats, les actions militantes m’ont conforté dans l’idée que j’étais au bon endroit et que les revendications qui sont les miennes pouvaient trouver un écho dans le débat public. Je mesure pleinement la chance que j'ai eu d'être accompagné par des militants, amis, camarades de tous horizons, qui m’ont donné leur confiance sans véritablement me connaître. Je crois que ce qui m’a peut-être le plus passionné, ce sont les rencontres qui m’ont permis de dépasser mes limites intellectuelles. Lorsque vous rencontrez des pêcheurs, des agriculteurs, des bénévoles du monde associatif, des commerçants, des syndicalistes, des soignants, vous vous rendez aisément compte que le monde est plus grand que vous ne le pensiez. La place qui a été la mienne lors de cette campagne a donc été une véritable chance d’ouverture sur le réel. Une telle expérience a été passionnante et enrichissante sur le plan personnel mais aussi, j’ose le croire, sur le plan collectif.


Quel a été votre ressenti, le soir du premier tour, quand vous avez pris connaissance des résultats dans votre circonscription et en Corse ?


Le soir du premier tour a été un choc terrible, je n’ai d’ailleurs pas su cacher mon émotion. Plus encore, ce fut une révélation. N’étant pas né alors, je n’ai pas connu le séisme des présidentielles de 2002 qu’ont vécu et m’ont raconté mes parents et mes grands-parents. Mais il me semble que j’ai dû ressentir un désarroi analogue aux leurs durant ces élections, désarroi qui m’engage d'autant plus à essayer de convaincre que le programme de l'extrême droite est une aberration.


Quels enseignements en tirez-vous ?


Cela m’a convaincu de plusieurs choses. D'abord, nous avons très probablement vécu l’effondrement d’un environnement politique qui était propre à la Corse. Comment se fait-il qu’un homme, ne connaissant rien à la Corse, n’ayant préparé aucun dossier, n’ayant même pas sa figure sur les affiches et la propagande électorale, et ne s’est rendu nulle part sur l'île, ait pu faire un tel résultat ? Faire de la politique se retrouve donc vidé de tout sens en reléguant les programmes, les compétences, le fait de faire campagne à de vulgaires notions entêtantes et mortifères. C’est toute la politique notabiliaire pratiquée depuis plus d’un siècle en Corse qui signe son aveu d’échec : aux diables les grandes familles et les quelques noms prestigieux, maintenant place au superflu et à l’indécence. Si l’un n’était pas acceptable, l’autre ne conforte en rien l’avenir. Ensuite, le résultat de l’extrême droite - au-delà de traduire l’éclatement de l’univers politique que je viens d’évoquer - acte l’échec des formations politiques locales qui n’ont pas su endiguer cette percée. Et je tiens davantage pour responsable ceux qui occupent depuis bientôt dix ans les responsabilités et ont été suffisamment avertis que le danger approchait.


Peut-on uniquement invoquer la responsabilité du système politique local et de ses dirigeants ?


Les nombreuses années d’échecs, l’exacerbation d’un modèle consumériste qui monétarise la vie, la banalisation de l’extrême droite depuis l’exercice des deux mandats du Président de la République ont largement contribué à la progression des forces conservatrices. La misère sévissant dans notre île depuis longtemps, se nourrir, prendre la voiture pour aller travailler, se loger, régler ses factures d’électricité ou encore étudier devenant aujourd’hui autant de luxes, tout cela fait que le repli sur soi semble être la solution pour beaucoup. S’agit-il de les sermonner ? Certainement pas. Enfin, la rupture du lien social et l’instrumentalisation des peurs omniprésentes dans la sphère médiatique ont contribué à l’émergence d’un climat de violence et de haine sans précédent.


L’influence de certains médias serait-elle à ce point impactante ?


Permettez-moi de faire référence au philosophe Paul Virilio qui a développé la notion de synchronisation des émotions et expliquait ainsi le climat délétère et les peurs des citoyens du fait de la sur-information et de la confrontation toujours plus excessive du citoyen à la violence. Permettez-moi de relever le nombre de faits divers médiatisés. Tout cela expliquerait les raisons d’une peur chronique du citoyen qui n’est pourtant pas lui-même victime de cette violence, mais qui, la ressent toutefois car rendue visible ; peur invitant à l’irrationalité et au repli sur soi motivant le rejet de l’autre et justifiant le vote conservateur. Je tiens donc aussi pour responsable la sur-médiatisation du fait divers qui rend malade notre société et fait diversion des véritables problèmes.


Avant le scrutin, la gauche avait quasiment disparu du champ politique corse. Les résultats obtenus ouvrent-ils des perspectives ?


Plus que des perspectives ! Imaginez-vous : en deux semaines de campagne et avec une candidature inconnue, pour prendre l’exemple de notre circonscription, le score de la gauche a augmenté. Entre 2022 et 2024, nous progressons de près de 400 voix, et permettez-moi de souligner que ce fut sans l’appui clair du Parti socialiste et du Parti communiste. Notre dynamique, je crois, n’a pas été le seul fait du Front Populaire, elle a été aussi l’investissement d’une nouvelle manière de faire de la politique et de la constitution d’une gauche à laquelle de nombreux Corses aspirent. Loin du clanisme, du cynisme, de la querelle des égos pour quelques postes qui sclérosent la Corse depuis tant d’années, nous avons fait campagne au nom des idées et d’une orientation politique. Peut-être que cela paraît naïf pour certains. Pourtant, c’est bien parce que cette dimension de la politique avait été abandonnée pour laisser place à des débats inutiles que beaucoup s’étaient détachés de l’idée de voter et de déléguer leur confiance à autrui. Je suis persuadé que cette naïveté nous a été bénéfique parce qu’elle a traduit la sincérité de notre engagement : faire de la politique pour améliorer notre société. Si la gauche locale se persuade de rompre avec le fonctionnement opportuniste qu’elle a eu jusqu'alors, alors elle deviendra la première force d’opposition dans notre île et pourra ensuite aspirer à devenir majoritaire.


Selon vous, comment concrétiser ces perspectives ?


Nos résultats représentent à la fois un avertissement à nos adversaires politiques qui nous croyaient morts, et une lueur d’espoir qu’il s’agit maintenant de matérialiser avant qu’elle ne disparaisse. Je suis parfaitement convaincu que l’impérieuse révolution tant idéologique que des méthodes militantes nous conduira dans l’avenir à occuper une place centrale dans le champ politique. Il s’agit donc à présent de se consolider, de réfléchir et d’inviter ceux qui sont convaincus par cette démarche de se joindre à nous. Vous me permettrez de manifester ma profonde certitude que la gauche doit investir le terrain politique local sans être dépendantes des oukases d’instances nationales déconnectées de la réalité vécue dans notre île, qu’elle doit s’émanciper des formations nationales pour avoir sa pleine liberté d’action et de revendication afin de faire émerger une réelle gauche insulaire !


Prochain rendez-vous électoral, sauf bien entendu nouvelle dissolution : les municipales. Bastia a longtemps été administrée par la gauche, pensez-vous qu’il sera possible d’unir la gauche et des forces de progrès ?


A l’approche des municipales, il est évident que la gauche doit occuper une position centrale. A Bastia nous avons fait 1327 voix, soit 10,40%. Ce score, pour une première candidature, n’est pas anecdotique d’autant plus qu’il est supérieur à celui de l’ensemble des formations de gauche en 2022. Il nous oblige donc ! Je vous livre ici une analyse personnelle : il est possible et plus facile de faire l’union sur une telle échéance car les difficultés ne sont pas les mêmes et les enjeux non plus. Seulement, il est nécessaire avant tout de se questionner : faire l’union avec qui et pourquoi ?


Quelles réponses apportez-vous ?


Un projet municipal revêt une ambition qui doit s’éloigner de toute posture politicienne. Il s’agit là de penser l’adaptation d’une ville aux enjeux de demain. Il me parait central, pour s’engager dans cette bataille, de proposer un projet qui associe adaptabilité climatique et défense des fondamentaux sociaux tels qu’une politique d’accès au logement digne et juste, un retissage des liens solidaires,un dynamisme des quartiers par l’investissement culturel, etc. Toutes les forces qui semblent disposées à consentir à ces fondamentaux de bon sens sont évidemment invitées à discuter avec nous. Néanmoins, comprenez bien que nous ne ferons rien de manière hâtive, notre ambition politique nous oblige d’être prudent et de ne rien précipiter. Nous n’avons pas l’intention de nous présenter ou de soutenir qui que ce soit pour simplement faire acte de présence et reproduire les mêmes travers politiques que ceux des formations traditionnelles. Faire l’union nécessite du temps et donc de s’y prendre à l’avance. Nous ne sommes pas sectaires, nous ne fermons la porte à personne sauf, bien évidemment, aux forces réactionnaires et dépassées.


Accepteriez-vous de discuter d’un contrat de mandature avec le maire sortant au premier ou au second tour ?


Discuter est le principe même de la démocratie, discuter ne veut néanmoins pas dire être d’accord. Nous avons beaucoup de choses à reprocher à la mandature actuelle. La gestion des déchets, le manque de perspectives d’adaptation de la ville au dérèglement climatique, le manque de soutien aux petites associations de terrain, etc. Les bases sont claires : un projet s’accordant avec notre vision politique que nous ne manquerons pas de présenter aux Bastiais. Il est hors de question de faire un quelconque accord électoraliste ou opportuniste. Nous avons des idées, un programme, une orientation politique et nous ne comptons pas les troquer en contrepartie de “places”.


Difficile de ne pas aborder les enjeux régionaux, venons-y d’autant que, certes timidement, le processus d’évolution institutionnelle semble redémarrer.


Il faudrait être extrêmement optimiste pour considérer que ce processus puisse aller plus loin. Je suis convaincu qu’il n’arrivera pas à son terme. D’ailleurs la récente venue de la ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation et les nombreuses déclarations suffisamment vagues qui ont suivi confirment la volonté de ne pas trop céder, pour ne pas dire de se débarrasser. Je dois ajouter qu’avec un ministre de l’Intérieur qui est hostile à l’évolution institutionnelle et refuse un transfert de compétences à une quelconque collectivité, ainsi qu’avec un groupe majoritaire de droite au Sénat, chambre essentielle à la négociation du processus, qui est sur la ligne de son ancien président de groupe n’étant autre que ledit ministre de l’Intérieur, il serait presque insensé de considérer qu’un accord puisse être trouvé. C’est pourquoi, il me semble que les autonomistes au pouvoir depuis 2015, ayant été élus avec pour premier devoir de faire aboutir l’évolution institutionnelle, auront des comptes à rendre à l’ensemble du mouvement nationaliste pour le non-respect des engagements fondamentaux qui furent les leurs. Comment justifieront-ils à leurs militants l’échec ? Peut-être que cela signerait le début d’une implosion des formations nationalistes qui ne peuvent plus avec l’usure du pouvoir attendre la même effervescence et le même enthousiasme que lors des premières victoires électorales. Se pose alors la question de savoir, au profit de qui bénéficiera une telle implosion ?


Et si le processus avance malgré tout. Quelle sera votre position ?


Vous n’êtes pas sans savoir que la gauche a des positions diverses sur cette question. Nous avons, pour notre part, soutenu que l’évolution institutionnelle de notre île était une bonne idée si elle s’associait à une amélioration des conditions sociale et écologique de la Corse. Toutefois, nous devons attendre la discussion de la loi organique pour pouvoir espérer que ces principes soient respectés. Aujourd’hui nous naviguons à l’aveugle sans véritables certitudes. L’autonomie devient une sorte de serpent de mer qui sert davantage d’argument électoraliste plutôt que de réalité politique et économique. Nous attendons donc sans trop d’espoirs malgré les quelques garanties obtenues, car nous craignons qu’au final elles se révèlent être de la simple poudre de perlimpinpin si chère à notre Président.


Outre la problématique institutionnelle, une autre problématique impacte sur la société corse : la crainte d’une dilution ou d’une disparition de l’identité corse. Est-ce selon vous une problématique fondamentale ? Si oui, quelles réponses pourraient-être apportées ?


Je suis persuadé que la gauche doit investir le débat sur l’identité, non pour l’occuper avec des positions stériles et vides de sens comme se propose de le faire l'extrême droite mais bien pour présenter une autre conception que celle proprement identitaire.


Quelle autre conception ?


Ce qui fait autorité et légitimité pour l’argumentaire identitaire est bien l’absence de réponse proposée. Si bien que dès lors qu’une pensée autre que celle dominante se propose, vous êtes réduit au silence. Personnellement, je considère que la question identitaire ne peut faire l’objet de revendications politiques. D’ailleurs comment revendiquer quoi que ce soit quand cette même question fait l’objet d’une terrible confusion. Je m’explique : l’identité culturelle est problématique car elle est la conséquence d’une confusion entre l’identité de l’individu, c’est-à-dire “qui je suis”, avec une culture que nous pourrions objectiver car elle nous est commune (langue, histoire, etc). Or, comment faire du commun avec une identité personnelle ? Certains aujourd’hui, qui investissent le débat, présentent une idée de la Corse qu’ils souhaitent imposer au nom de leur identité personnelle. Il leur semble légitime de défendre une Corse qu’ils chérissent et ils en ont parfaitement raison, mais se donnent pour volonté politique de l’imposer à l’autre comme si elle était absolument universelle. Une identité n’a pourtant rien de politique.


Selon vous, donc, l’identité doit relever d’un choix librement consenti par l’individu et sans doute aussi de l’acceptation d’évolutions, voire de différences au sein de la société corse.


Je n’ai pas envie de me sentir Corse parce qu’on me l’impose, mais bien parce qu’on me laisse le choix d’investir cette culture et de la faire vivre mais jamais je ne chercherai à imposer ce que je préfère dans ma Corse aux autres, comme essaient de le faire les mouvements réactionnaires. D’ailleurs eux-mêmes contribuent à piétiner ce qu’est la Corse, car comment manifester son enthousiasme pour une culture en la reconnaissant figée et donc morte ? C’est ce qui est fait par ces mouvances se réclamant de l’idée d’identité. Or, L’identité appuie l’idée de l’existence d’un moment qui fait Corse. Ainsi, La Corse d’il y a un siècle n’existe plus, cela veut-il dire que la Corse aussi ? Certainement pas. C’est parce que je crois en la Corse et que je considère que sa culture est vivante que je suis persuadé qu’elle continuera d’exister. Il ne faut pas se laisser être prisonnier de peurs incohérentes. Lorsque la peur domine le débat politique, la cohérence, le bon sens et la rationalité s’absentent. Protéger une culture n’est pas la vider de ses influences multiples ou désigner un paria, mais bien la faire vivre. C’est là, me semble-t-il la meilleure réponse. Ne soyons pas prisonniers de nos émotions mais ambitieux pour la Corse. La culture corse ne disparaîtra pas, j’en suis convaincu, tant qu’elle sera un projet qui porte vers l’avenir et non pas un fantasme qui voudrait arrêter un temps qui ne fut jamais. Quoi qu’il en soit, il va de soi, qu’au sein de cette culture, il importe d’agir politiquement, par exemple en préservant un héritage, un patrimoine comme mémoire de sa vivacité et de sa force car jamais clos, en investissant l’apprentissage de la langue, en enseignant une histoire… Il s’agit, pour nous Corse, de faire du commun, c’est-à-dire une culture, en la pratiquant et en la transmettant aux générations futures dont nous sommes responsables.


Pour conclure, quel message vous semble-t-il devoir prévaloir alors que la Corse et l’ensemble de la France traversent d’importantes difficultés ?


Nos sociétés modernes traversent des périodes de crises. Elles sont les victimes de l’avidité toujours exacerbée par un modèle à bout de souffle. Ce modèle pousse à la fracture des sociétés, à l’enrichissement des uns et à l’appauvrissement des autres. Il détruit notre environnement ne voyant la Nature que comme objet de consommation, Nature à laquelle on donne d’ailleurs l’horrible nom de “Ressource”, comme si tout n’était évalué que comme ressources dont l’accumulation serait un enjeu primordial. Partout les libertés régressent et les inégalités augmentent sous le joug des gouvernements réactionnaires ennemis de la pensée éclairée et libre. Face à cet effondrement général, l’indifférence ne peut être une réponse. La France, comme la Corse, n’est pas à l’abri de la violence et de la haine. S’engager devient un impératif de chaque jour. Car si demain semble effrayant, c’est en se battant pour lui que nous évitons la catastrophe annoncée. Il me revient en mémoire cette petite salle dans laquelle se sont réunis les membre du CNR, le Conseil National de la Résistance, durant la seconde guerre mondiale. Je trouve cette image d’une force symbolique saisissante. Alors que l’humanité semblait devoir être dévastée par la guerre, la misère et la haine, quelques personnes anonymes se sont réunies pour penser la société d’après-guerre. Cela paraissait fou alors que la victoire nazie annonçait déjà la fin des régimes libéraux occidentaux. Et pourtant, avec un espoir qui relevait presque d’une conception du miracle, ils écrivirent un programme de reconstruction de la société nommé : « Les jours heureux ». Alors OUI, je suis convaincu que même dans la pire misère de l’humanité, combattre n’est pas vain mais bien la seule raison de notre existence : élever l’humanité.


Propos recueillis par Jean-Pierre Bustori
Crédit photos : Sacha Bastelica
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