Accès de tous à l' alimentation
Création d'un fonds pour l'alimentation durable
Accès de tous à l’alimentation
Il y a deux ans, le 3 novembre 2022, l’ancien gouvernement lançait la création d’un fonds pour une alimentation durable. Depuis de l’eau a coulé sous les ponts, plus ou moins selon les saisons. Des projets ont été présentés pour s’inscrire dans leprogramme « Mieux manger pour tous ». En attendant la concrétisation de tous ces plans, de plus en plus de personnes font la queue pour obtenir de l’aide alimentaire.
Une précarité en augmentation
Selon la définition officielle, la précarité alimentaire traduit une « situation dans laquelle une personne ne dispose pas d’un accès garanti à une alimentation suffisante et de qualité, durable, dans le respect de ses préférences alimentaires et de ses besoins nutritionnels, pouvant entraîner ou découler de l’exclusion et de la disqualification sociale ou d’un environnement appauvri ». La situation économique en Corse s'est détériorée ces dernières années. Selon l'Insee, le taux de pauvreté atteint 20,7 % en 2022. Cette réalité pousse de plus en plus de familles à solliciter des aides alimentaires, sans que l’on puisse déterminer leur nombre exact, faute de données. La Corse connaît une précarité alimentaire croissante, exacerbée par plusieurs facteurs : un écart de prix de l'alimentation de 14 % par rapport au continent, notamment sur des produits essentiels comme la viande, les produits laitiers, les fruits et légumes ; des taux de pauvreté et de familles monoparentales parmi les plus élevés de France ; l'inflation qui accentue les difficultés d'accès à une alimentation suffisante et équilibrée pour de nombreux ménages. L'aide alimentaire joue un rôle crucial dans le soutien aux personnes les plus démunies en Corse. Ce dispositif, financé par des contributions publiques et privées, vise à fournir des denrées alimentaires aux personnes en situation de précarité. Plusieurs organisations sont impliquées dans sa mise en œuvre sur l'île.
Mobilisation locale
L'aide alimentaire en Corse se manifeste sous diverses formes. On trouve des restaurants sociaux, des épiceries solidaires et d'autres structures réparties sur l'île. Par exemple, le restaurant social Fraternité du Partage à Ajaccio ou l'épicerie éducative du CCAS de Bastia. Les principaux réseaux nationaux d'aide alimentaire présents en Corse sont : Les Restos du Cœur, Le Secours populaire, Le Secours catholique, La Croix-Rouge et La Banque Alimentaire. Ces cinq grandes organisations nationales ont des antennes et des équipes locales réparties sur l'île pour assurer la distribution de l'aide alimentaire aux personnes dans le besoin. Elles travaillent en collaboration pour couvrir efficacement le territoire corse et répondre aux besoins des bénéficiaires. La Croix-Rouge de Corse-du-Sud, par exemple, distribue des colis alimentaires tous les mardis matin à Ajaccio. Ces différentes options permettent de s'adapter aux situations individuelles des bénéficiaires. Pour mener à bien ces missions, ces acteurs de l’aide alimentaire sont financés dans le cadre plus large du programme national «Mieux Manger Pour Tous», soit 60 millions d'euros en 2023, répartis entre un volet national (40 millions) et un volet local (20 millions). Ces structures bénéficient aussi de plusieurs sources de soutien. Par exemple, le 26 octobre dernier la troupe Corse des Restos du Cœur a récolté 80 000 € à l’occasion d’une double représentation au Palatinu à Ajaccio, prouvant que la solidarité insulaire reste vivace.
Défis structurels et territoriaux
La configuration insulaire de la Corse n’est pas sans poser des défis logistiques spécifiques, notamment pour le recyclage et la gestion des déchets alimentaires. En effet, la concentration littorale de la population et la saisonnalité du tourisme compliquent l'organisation de l'aide alimentaire. Par ailleurs, l’aide alimentaire ne couvre pas toute l’île, il existe des « zones blanches » à combler. En outre, il existe un besoin d'améliorer la qualité nutritionnelle et la durabilité de l'aide alimentaire. La région met en place des projets pour favoriser l'accès à une alimentation saine et durable. Il faut faire évoluer les dispositifs locaux de précarité alimentaire pour répondre à ces défis, en développant des alliances locales, en soutenant des expérimentations innovantes, comme les jardins partagés et des formations pour sensibiliser à l'agriculture locale. La collaboration entre les acteurs publics et privés semble essentielle pour lutter contre la précarité alimentaire en Corse.
Maria Mariana
Photo :Maria Mariana