Ce monde inquiet sent la poudre
La planète va mal
Ce monde inquiet sent la poudre
La planète va mal. Elle va mal sur le plan climatique. La sixième extinction avance à grands pas modifiant profondément le paysage du Vivant. L’humanité enfin est en perte de repères, remet profondément en cause l’intelligence scientifique et se tourne vers des explications religieuses ou, pire, complotistes. L’ère nouvelle est propice à l’apparition des hommes ou des systèmes supposés être providentiels.
Trump et sa cohorte de ministres
Le moins qu’on puisse dire est que le président Trump n’a pas déçu son public. Un complotiste antivax libertarien à la tête de la Santé, une ancienne championne de catch à l’éducation, Elon Musk, le milliardaire génial et réactionnaire à la simplification administrative. Le présentateur de Fox News, chaîne préférée des conservateurs américains, Pete Hegseth, a été choisi par Donald Trump pour prendre la tête du ministère américain de la Défense. Cerise sur le gâteau, il avait été selon la police accusé en 2017 d’agression sexuelle. Marco Rubio, le sénateur de Floride de 53 ans, violemment anti chinois est nommé secrétaire d’État aux affaires étrangères. Mike Waltz, un autre « faucon » a été hissé au poste très stratégique de conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche. Ce duo incertain va donc devenir le principal architecte de la politique étrangère de Donald Trump, qui a promis de mettre fin aux guerres en Ukraine et au Proche-Orient. Anti-avortement, climatosceptique, et en même temps accusé d’avoir eu une relation sexuelle avec une mineure et de trafic sexuel, Matt Gaez décroche l’un des postes les plus influents des États-Unis, celui de ministre de la Justice. L’entrepreneur climatosceptique Chris Wright est nommé à l’Énergie. Kristi Noem, connu pour avoir abattu sa jeune chienne qui ne lui obéissait pas comme elle le voulait, est chargée de la Sécurité intérieure. Tulsi Gabbard, qui affiche ouvertement son admiration pour Vladimir Poutine, devient directrice du Renseignement national. Rappelons que Donald Trump lui-même est fortement soupçonné d’avoir entretenu des liens plus qu’ambigus avec les services secrets russes. Donald Trump a annoncé la création d’un Conseil national de l’Énergie (CNE), dont la mission sera de « superviser le chemin vers la domination énergétique des États-Unis ». Le gouverneur du Dakota du Nord Doug Burgum, a été nommé à sa tête lui qui ne cache pas sa proximité avec l’industrie pétrolière et gazière. Les nations amérindiennes n’ont plus qu’à bien se tenir. Doug Burgum a également été désigné ministre de l’Intérieur, chargé non pas de la police, mais de la gestion des terres fédérales. Enfin, Trump a pris pour porte-parole Karoline Leavit, 27 ans, connu pour afficher sa sympathie pour le sionisme d’extrême droite.
La fin de l’illusion démocratique
Ajoutons que ces personnages ignorent presque tout de la géographie planétaire et affiche un souverain mépris pour le vieux continent. Il y a tout à craindre de cette équipe qui ne cache pas sa volonté de mettre fin au droit à l’IVG et surtout de « venger » Donald Trump. Les États-Unis possèdent des tendances illibérales qui pourraient s’imposer à l’occasion de la victoire trumpiste. En Chine, le parti communiste qui fait d’une certaine façon d’« homme fort » vient de mettre un terme définitif aux aspirations démocratiques de Hong Kong. Les derniers responsables du « printemps hongkongais » ont été condamnés à des peines de prison c’est-à-dire de camps de concentration d’une exceptionnelle sévérité. Le message est clair. Face à un conflit qui s’annonce avec les États-Unis d’Amérique, impossible de laisser la moindre aspiration démocratique s’affirmer. L’autorité est devenue le maître mot des différents régimes qui ont été adoptés par les sociétés humaines. Le désordre climatique, les risques de crise économique, la fermeture progressive des frontières c’est-à-dire le repli des nations sur elles-mêmes produisent mécaniquement une exigence de protection qui, de fait, aboutit à une restriction des libertés.
En France l’incertitude
En France, le procès qui est fait à Marine Le Pen risque de la priver d’élection présidentielle. On ne saurait se réjouir de ce que la justice donne le ton au politique. C’est une erreur majeure qui ne peut qu’abonder la méfiance des citoyens envers ce pouvoir tellement décrié. La condamnation à l’inégibilité de Marine Le Pen sera nécessairement comprise comme une censure intolérable à la liberté de choix. Et cela ne changera pas grand-chose au résultat final. La progression du RN traduit un besoin majeur des catégories les plus défavorisées à être entendues. Que les solutions préconisées par le RN soient un leurre est une chose. Que ce parti qui n’est pas un parti factieux possède le droit de présenter sa dirigeante historique en est une autre. Ce monde a besoin d’être rassuré. Et cela peut aboutir in fine à la victoire des vieilles lunes rousses. Ce monde inquiet sent la poudre.
GXC
photo / D.R