Violences conjugales : un fléau silencieux
Un sujet de préoccupation croissant.
Violences conjugales : un fléau silencieux
Le procès des viols de Mazan montre bien combien les violences domestiques et extraconjugales sont un sujet de préoccupation croissant. En Corse, comme ailleurs, leur impact sur les victimes est profond. Le 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, est chaque année l'occasion de faire un état des lieux.
Un phénomène répandu
Malgré l'adoption de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) par l'Assemblée générale des Nations Unies en 1979, la violence à l'égard des femmes et des filles reste un problème omniprésent dans le monde. Les violences domestiques touchent de nombreuses personnes, indépendamment de leur âge ou de leur milieu social. Selon le rapport de l’Observatoire national des violences faites aux femmes, en 2023, les services de police et de gendarmerie ont enregistré 444 700 victimes de violences physiques et 114 700 victimes de violences sexuelles, soit une hausse de 7 % par rapport à 2022. Même si la Corse est la région où on enregistre le moins d’agressions, 403 avaient été recensées en 2018. Une étude menée par l’Observatoire des violences faites aux femmes en Corse a révélé que 30 % des femmes corse ont déjà subi des violences physiques ou psychologiques. Les violences extraconjugales, souvent liées aux conflits de couple, augmentent également. En France, l’immense majorité des viols sont commis par un partenaire intime ou par un proche. Contrairement à la mythologie entourant le viol, qui fait de ce crime un événement extraordinaire commis par un étranger déviant, il est établi que dans 91 % des cas de violences sexuelles, les femmes connaissent les agresseurs. Cela souligne la nécessité d’une prise de conscience collective, d’où le slogan de l'édition 2024, #PasDExcuse, pour la journée du 25 novembre.
#IWasCorsica
Autre mouvement, #IWasCorsica, lancé en 2020, avait libéré la parole des victimes d'agressions sexuelles en Corse. Des milliers de témoignages ont inondé les réseaux sociaux, dénonçant l'impunité des agresseurs et le silence qui entoure ces violences. Des manifestations ont suivi, réclamant justice et une meilleure prise en charge des victimes. Cette année, le documentaire "#Iwas, le cri" de Lavinie Boffy donne la parole à quatre jeunes femmes victimes de violences sexuelles. Océane, Anaïs, Lina et Rachele racontent leurs histoires, marquées par la honte, le déni et la culpabilité. Leurs témoignages révèlent la banalisation des violences sexuelles et la difficulté pour les victimes d'être prises au sérieux. La réalisatrice Lavinie Boffy et l'avocate Johana Giovanni discutent des difficultés rencontrées par les victimes pour obtenir justice. La mauvaise prise en charge, l'impunité des agresseurs et le coût des procédures judiciaires découragent de nombreuses victimes. Le documentaire rappelle également les combats de Gisèle Halimi pour la reconnaissance du viol comme un crime en France. Nommer ces violences est une étape nécessaire pour les dénoncer. Ce fut la stratégie des féministes nord-américaines dans les années 1980, qui ont forgé l’expression de « date rape » pour attirer l’attention sur les viols (« rape ») commis par des étudiants sur les campus lors de soirées festives ou de rendez-vous amoureux (« date » en anglais).
Conséquences sur les victimes
Même si aujourd’hui de plus en plus de victimes se mobilisent afin de prendre la parole et de dénoncer, la violence est un sujet qui reste encore trop souvent tabou. Les conséquences des violences domestiques sont multiples. Elles affectent la santé physique et mentale des victimes. Les femmes, en particulier, subissent souvent des traumatismes psychologiques durables. Les enquêtes montrent que 70 % des femmes victimes de violences rapportent des troubles anxieux ou dépressifs. Les enfants, témoins de ces violences, en souffrent aussi.
Ressources à disposition
Plusieurs dispositifs existent pour aider les victimes, tel que le site France Victimes. Des associations locales offrent des services d’écoute et de soutien. Le numéro d’urgence 3919 est accessible pour toute personne en détresse. De plus, des campagnes de sensibilisation sont menées pour informer le public sur les signes de violences et les ressources disponibles. Les gendarmes et policiers sont formés pour traiter ces cas avec la délicatesse qu'ils nécessitent. La société tout entière doit s’engager pour un changement durable.
Maria Mariana
Photo :Maria Mariana