• Le doyen de la presse Européenne

Aprés le fuel lourd, le fuel léger , le gaz , voici le colza

Les cheminées du Vazzio vont enfin tomber........

Après le fuel lourd, le fuel léger, le gaz, voici le colza


Ainsi donc c’est fait. Un quart de siècle après la promesse de faire tomber les cheminées du Vazzio en lisière d’Ajaccio, la première pierre de la future centrale a été posé par les grands manitous d’EDF venus tout exprès du continent d’abord en avion puis circulant en hélicoptère sans craindre le bilan carbone de leur équipée insulaire. A priori si tout va bien, en 2028 le premier moteur de la nouvelle centrale entamera une carrière productive en attendant les cinq autres moteurs qui seront définitivement installés à l’aube de 2030. « Tamanta strada » aurait pu soupirer une fois encore Gilles Simeoni.


Pour remplacer une centrale « viellissante »


Tout en euphémisme EDF annonce triomphalement « Destinée à remplacer la centrale électrique vieillissante du Vazzio, la centrale bioénergie du Ricanto, d’une puissance de 130 MW, assurera 20 % de la consommation annuelle de l’Île et jusqu’à 40 % la nuit, avec des pics d’activité en période estivale et hivernale. La centrale répondra ainsi aux besoins énergétiques d’environ 110 000 habitants de la région d’Ajaccio avec une électricité renouvelable, garantie et pilotable. » Le syndicat CGT s’est interrogé sur la capacité qui en fait ne fait que remplacer la précédente rendant la Corse de plus en plus dépendante de l’énergie nous arrivant d’Italie via la Sardaigne d’autant que la population de notre île ne cesse d’augmenter en exponentielle puisque désormais les pics de demande sont plus conséquents en été qu’en hiver climatisation oblige.

Une aventure en zigzag


La centrale du Vazzio avait en son temps provoqué la colère des écolos et du FLNC qui l’avait plastiquée. EDF s’apprêtait à installer le sixième moteur, dont la mise en service était prévue pour la fin 1983 quand le 1er novembre 1984, à 7 h 20, sur le port d’Ajaccio, un commando s’était emparé d’un convoi exceptionnel de 27 mètres de longueur qui transportait un rotor pesant à lui seul 74 tonnes, pièce principale de l’alternateur dont la mise en service était prévue en février 1985 à la centrale du Vazzio et l’avait précipité dans le port. Dans un même temps, nationalistes et la CGT s’opposaient à ce qu’un câble soit tiré entre le continent et la Corse, les uns au nom d’une indépendance énergétique toute théorique, les autres pour garantir l’emploi. Puis on s’est accommodé du Vazzio et le câble corso-sarde a apporté un complément nécessaire. Fort heureusement, l’électricité a été ramenée grâce à la solidarité nationale au tarif du continent. Puis il y a eu le fantasme du gaz qui nous serait amené par un gazoduc depuis l’Algérie, le GALSI depuis totalement oublié. Enfin, après des années de procrastination la région a fini par signer le protocole d’accord pour une centrale bioénergie alimentée au colza. Et tant pis pour l’indépendance énergétique puisque la Corse ne produit pas plus de colza pas plus qu’elle ne produisait de pétrole ou de gaz d’ailleurs.

Une solution moyennement satisfaisante


Il ne fait aucun doute que la bioénergie est préférable au fuel lourd. Cependant les associations écologiques mettent l’accent sur un calcul qui ne fait pas entrer en compte le besoin énorme en eau alors que la sécheresse sévit dans les régions productices, les engrais, la transformation et la tentation d’utiliser des espèces transgéniques. Il faut enfin considérer que pour des besoins souvent de commodités on va utiliser des surfaces agricoles qui devraient servir à la production de produits alimentaires pour les êtres humains et qu’on exporte. Une expérience similaire a cours à la Réunion où désormais l’énergie est produite par un mix colza et pellets de bois. Mais cette conversion semble incompatible avec l’indépendance de l’île qui était pourtant le but recherché. Chaque année, un million de tonnes de biomasses doivent être importées depuis la métropole en passant par le canal de Suez, soit un voyage de 11 000 kilomètres occasionnant un coût carbone évident. Le coût de l’électricité dans les îles est extrêmement onéreux pour l’ensemble des contribuables français. Pour l’ensemble des zones interconnectées dont la Corse est partie prenante, les charges se sont élevées en 2024 à 2,2 milliards d’euros pour ce qui concerne l’énergie.

Comment réduire la facture ?


Il est évident que la question de l’énergie va se reposer très rapidement en Corse faute d’anticipation. La nouvelle centrale ne produira pas assez pour couvrir les besoins d’une partie de la Corse. Il faudrait d’ores et déjà prévoir d’autres solutions comme l’hydrogène vert, l’énergie marrée motrice, exploiter les sources d’eaux chaudes souterraines très nombreuses dans notre île. Enfin le problème est cette augmentation massive de la consommation qui ne cesse de s’accroître, et ce dans des logements qui pour plus de soixante-dix pour cent sont des passoires thermiques. La véritable solution est dans une plus grande frugalité.

GXC
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