Du durable et de l'éphémère......
Les mentions " Action durable "
Du durable et de l’éphémère…
On ne peut lire un magazine, écouter quelque discours public ou visionner une émission de télévision, sans que l’on trouve à un certain moment, les mentions d’une action durable.
Tout doit dorénavant doit être durable, comme si l’humanité venait de naître et qu’il fallait la préserver de tout, comme on protège un nouveau-né.
Comme si l’on avait attendu ceux qui se disent écologistes pour prendre conscience du fait que l’homme s’insérait dans un tout, et qu’il devait en tenir compte. D’ailleurs, il suffit de se dire que si nous disposons d’un capital naturel, comme matériel, transmis par nos anciens et cela sur des centaines d’années c’est bien que le souci « environnemental » n’est pas une nouveauté pour l’homme.
Nous sommes confrontés, en réalité, à une action de criminalisation des actions humaines qui ne dit pas son nom.
L’homme est mauvais, nous dit-on, il ne se soucie pas de la nature, tout ce qu’il fait est suspect, il doit être contraint pour le bien commun à obéir aux nouveaux diktats de la pensée dominante. Alors que sans lui tout ne serait que bonté, gentillesse et équilibre. Il faut ainsi ramener l’homme à l’état qui aurait dû toujours être le sien, à savoir celui de l’indifférenciation, celui de l’indistinction. Il ne peut valoir davantage qu’une plante ou un animal, d’ailleurs ce n’est qu’un animal comme les autres. La prétention qu’il a de se hisser au niveau d’une certaine transcendance doit être enfin jugulée pour être mise à terre. Il ne peut plus être un sujet pensant, il n’est qu’un être doté de vie comme les autres. Les mêmes admettant par contre sans difficulté que le même homme puisse se repaître dans la société de consommation et qu’il se transforme ainsi en un « être total » consommant.
Que l’homme devienne presque une chose, étrangement cela ne gêne guère les tenants de la nouvelle société. Leur principal souci est en effet ailleurs, car ils luttent nuit et jour pour sauver la diversité. Ils n’ont que ce mot à la bouche, car la diversité c’est le Bien, et peut-on être contre le Bien ? Ces nouveaux mousquetaires fort « démocrates », ne supportent pas par ailleurs toute critique de leur action. Mais cela est fort logique car le Bien est le Bien, et donc il est intrinsèquement exclu de toute possibilité de critique. Nous trouvons ici la marque d’une société en pleine décomposition. C'est celle dans laquelle il ne peut avoir d’idée ou de vision du grand, c’est pour cela qu’elle se tourne vers le plus petit, à savoir la diversité. Elle n’est en capacité de voir que le minuscule, ce qui permet naturellement d’éviter de se questionner sur les ressorts profonds qui animent le monde. Car la compréhension du réel exige une mise en perspective, mais elle n’est possible que si on élargit la focale, si on s’éloigne de sa petite personne.
Ce mouvement d’éloignement est considéré comme sans intérêt car, bien évidemment, il permet de voir et de comprendre, et celui qui comprend peut dire non. Ce qui est dangereux. Car nous sommes dans l’ère du vide, pas pour tout le monde évidemment. Les pouvoirs, quant à eux, sont bien ancrés dans le réel, ils agissent au mieux de leurs intérêts, ils sont plutôt, paradoxalement, en faveur de l’unicité, de l’hégémonie. La diversité leur est étrangère car la force et la puissance ne supportent pas la concurrence donc la diversité. Ce sont donc là les vrais enjeux : le « un-total » contre les autres. L’émiettement est source de fragilité pour l’homme car le « un-total » a une tentation naturelle à l’hégémonie. La protection de l’individu ne peut venir que dans le fait de retrouver une unité qui préserve le droit de chacun à la protection de son intégrité, de sa singularité ou de son jardin secret si l’on veut, mais cette unité est étrangère à la « diversité » car cette dernière nie l’unité de l’homme pour mieux l’asservir. C’est bien de cela qu’il s’agit. Ces vieilles lunes « diversitaires » ne sont que les outils utilisés par un totalitarisme doux pour contribuer à priver les hommes des protections élémentaires qui, seules, leur permettent de vivre d’une « vie vraiment humaine » selon la belle formulation du Pape Saint Jean-Paul II.
Jean-François Poli