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La pêche en Corse : entre tradition et défis

Le 15 février marque le début de la saison de la pêche aux oursins.

La pêche en Corse : entre tradition et défis

Le 15 février marque le début de la saison de la pêche aux oursins. Mauvaise nouvelle pour les amateurs : elle sera aussi courte que l’an passé. La faute à la raréfaction de la ressource. Une restriction qui touche la pêche dans son ensemble. Entre déclin du secteur professionnel, réglementations strictes et préoccupations environnementales, l'île tente de préserver son patrimoine maritime tout en s'adaptant aux enjeux contemporains.



Un secteur en difficulté

La pêche professionnelle corse traverse une crise profonde. Le nombre de pêcheurs a drastiquement chuté, passant de 600 dans les années 80 à seulement 208 unités aujourd'hui, dont un tiers de retraités (70 % des patrons de pêche ont plus de 60 ans), la dureté du métier n’attire pas la jeune génération. Le secteur souffre également d'un sous-financement chronique, ne recevant que 1 % des fonds européens alloués à la France pour la pêche, malgré ses 650 km de zone de pêche. En outre, les coûts d'exploitation sont élevés, notamment pour la mise aux normes des embarcations, et les prix du poisson sont bas, tandis que les coûts de production augmentent. Autre point noir, le secteur manque d'infrastructures et d'organisation : il n’y a ni criées, ni marées, ni structures coopératives, très peu de structures de commercialisation. Le secteur peine à pénétrer le marché intérieur insulaire et à s'adapter aux fluctuations de la demande. À ces problèmes structurels viennent s’ajouter des contraintes réglementaires strictes. Les normes européennes et nationales sont inadaptées à la pêche artisanale corse, aux petites embarcations, qui demandent un effort d’équipement extrêmement coûteux. Les quotas de pêche attribués sont défavorables aux pêcheurs artisanaux. Face à ces difficultés, la Collectivité de Corse a récemment débloqué une aide d'un million d'euros sur cinq ans pour soutenir la filière. Ce plan prévoit notamment des aides pour la collaboration avec l'Office de l'Environnement, le remboursement de prêts, et la lutte contre le crabe bleu. Malgré ces efforts, la profession reste inquiète quant à son avenir.

Les atouts de la pêche récréative

La pêche récréative représente un attrait touristique important pour l'île, tant en eau douce qu'en mer. La Fédération corse des pêches récréatives regroupe 1 500 pêcheurs de loisir. En eau douce, la pêche est réglementée par des arrêtés préfectoraux qui définissent les périodes d'ouverture, les tailles minimales de capture et les quotas. La pêche en mer, quant à elle, est soumise à des réglementations nationales et européennes qui visent à préserver les ressources marines. Car la pêche récréative en Corse est désormais soumise à des règles strictes. Depuis janvier 2025, les pêcheurs doivent obtenir une autorisation nominative et se limiter à une prise de 5 kilos par jour. Ces mesures visent à protéger les stocks de poissons, jugés en déclin.

Le pescatourisme

En parallèle, le pescatourisme émerge comme une nouvelle tendance, attirant environ 10 000 visiteurs par an. Lancé en 2013 par le Comité régional des Pêches Maritimes et des Élevages Marins Corse, ce projet vise à diversifier les revenus des pêcheurs, tout en sensibilisant le public aux enjeux de la pêche artisanale. Les espèces recherchées incluent le bar et le sardin, qui sont des cibles populaires pour les pêcheurs amateurs. En 2025, cette activité se développe dans plusieurs régions corses, notamment à Ajaccio, Propriano, Porto-Vecchio et Sari-Solenzara, grâce à la collaboration entre divers acteurs locaux et le projet européen TOURISMED.

Vers une pêche plus durable

Face aux enjeux environnementaux, la pêche corse s'oriente vers des pratiques plus durables. Les professionnels ont pris conscience de la valeur du patrimoine environnemental et participent activement à la mise en place de mesures de gestion durable. Parmi ces initiatives, on trouve la création de cantonnements de pêche, de réserves intégrales et d'aires marines protégées. Un exemple concret est le plan régional Langouste, qui a encouragé les pêcheurs à abandonner le trémail au profit de nasses modernes, moins destructrices pour l'écosystème. De plus, l'aquaculture s'adapte en se concentrant sur la conchyliculture dans les étangs de la côte orientale, suite aux échecs de la pisciculture intensive. Ces efforts témoignent d'une volonté de concilier activité économique et préservation de l'environnement marin, essentielle pour l'avenir de la pêche en Corse.

Maria Mariana
Photo : Maria Mariana
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