Elections à la Chambre d'agriculture : grand vainqueur, l'agriculture corse ?
Jean-Baptiste Arena sera très probablement le prochain président de la chambre d' agriculture de Corse
Élections à la Chambre d’agriculture : grand vainqueur, l’agriculture corse ?
Jean-Baptiste Arena sera très probablement le prochain président de la chambre d'agriculture de Corse. Sa liste A l’iniziu una terra a devancé la liste Terra nostra conduite par le président sortant Joseph Colombani. L’un et l’autre ont exprimé la volonté de travailler ensemble.
La liste A l'Iniziu, una Terra qui avait à sa tête Jean-Baptiste Arena, vigneron de Patrimoniu, soutenue par quatre « petits syndicats », à savoir Mossa Paisana et Via Campagnola, deux syndicats locaux, et la Coordination rurale et la Confédération paysanne, deux organisations syndicales nationales, l’a emporté. Cette victoire ne permettra pas à Joseph Colombani, éleveur dans le Fium’Orbu, qui conduisait la liste Terra nostra soutenue par les FDSEA et les CDJA de Haute-Corse et Corse-du-Sud, syndicats agricoles qui pèsent lourd dans l’Hexagone et avaient toujours été majoritaires chez nous, de briguer un nouveau mandat. Cette défaite n’a toutefois pas constitué un désaveu cinglant pour le sortant. En effet, l’écart conséquent en sièges entre le vainqueur et son adversaire, a davantage relevé du mode de répartition des sièges que du nombre de suffrages obtenus. Il a d’ailleurs presque fallu attendre l’issue d’un long dépouillement pour connaître avec certitude qui l’emporterait. Le succès de la liste de Jean-Baptiste Arena a été acquis avec la victoire serrée, mais ô combien précieuse, remportée dans le collège des exploitants (avoir recueilli 52,41% des suffrages a permis l’obtention de 27 sièges sur 36). La liste A l’iniziu una terra, il convient toutefois de le souligner, a triomphé dans les trois collèges où elle présentait des candidats.
Défaite de Joseph Colombani, essai d’explication
A quoi attribuer la défaite du sortant ?
Certainement ni à un défaut d’implication dans l’exercice du mandat qu’il détenait, ni à un manque de militantisme et de combativité sur le terrain. Elle n’a pas non plus résulté - le vainqueur n’a pas bénéficié d’un raz-de-marée de suffrages - d’un rejet massif d’une personne ou d’une politique ; Jean-Baptiste Arena a d’ailleurs confié qu’il considérait que sa victoire était le produit d’un « vote de projet et d’adhésion » et non d’un « vote de rejet ».
Alors, quelles hypothèses retenir ?
D’abord, certainement, la rencontre entre une usure de la popularité et un moindre dynamisme que génèrent toujours le pouvoir et la situation de sortant, et un courant de sympathie pour un opposant ayant su, avec ses colistiers, susciter un enthousiasme communicatif et incarner la promesse d’un changement prometteur.
Ensuite, peut-être, alors que Joseph Colombani tenait un discours fondé sur une organisation globale du monde agricole et la nécessité de produire plus, Jean-Baptiste Arena a su séduire par un discours chaleureux et inclusif (engagement d’associer l’avenir de l’agriculture à celui du peuple corse, de faire de l’agriculteur l’acteur majeur d’un renouveau de la ruralité, de développer les filières en prenant à la fois en compte les réalités économiques et les aspirations individuelles).
Enfin, la crise agricole et les difficultés de la FDSEA et du CDJA, syndicats dominants au niveau national depuis des décennies mais aujourd’hui contestés car soupçonnés de notabilisation, de mollesse, de complaisance avec les gouvernements et de privilégier la défense des intérêts des gros exploitants, ont probablement aussi pesé. En ce sens, il peut être pris en compte que la très activiste Coordination rurale l’a emporté dans quatorze départements (elle avait été victorieuse dans trois départements lors des élections il y a six ans).
Confirmation de la volonté de travailler ensemble
Une fois n’est pas coutume chez nous, le résultat bien que serré a été accepté sans contestation par le battu et avec modestie par le vainqueur. En outre, l’un et l’autre ont confirmé la volonté de travailler ensemble qu’ils avaient exprimée durant la campagne électorale. En effet, Joseph Colombani a assuré qu’il mettrait volontiers ses contacts et ses compétences au service de la nouvelle équipe.
En ce sens, il a précisé ne pas s’inscrire dans une posture ou un positionnement d’opposition, mais dans le soutien aux projets pour peu qu’ils lui paraissent « intéressants et constructifs ».
Il a aussi affirmé, que dans le cadre de la mise en place d’une évolution institutionnelle, il serait parti prenante de l’union de toutes les forces syndicales et de la synergie de toutes les compétences pour développer l’agriculture. Jean-Baptiste Arena a de son côté déclaré que sa priorité était d’unir toutes les forces vives de l’agriculture corse.Si tout cela est confirmé par des actes, le scrutin aura eu pour grand vainqueur l’agriculture corse.
Pierre Corsi
Crédit photos : liste A l’iniziu una terra
Jean-Baptiste Arena sera très probablement le prochain président de la chambre d'agriculture de Corse. Sa liste A l’iniziu una terra a devancé la liste Terra nostra conduite par le président sortant Joseph Colombani. L’un et l’autre ont exprimé la volonté de travailler ensemble.
La liste A l'Iniziu, una Terra qui avait à sa tête Jean-Baptiste Arena, vigneron de Patrimoniu, soutenue par quatre « petits syndicats », à savoir Mossa Paisana et Via Campagnola, deux syndicats locaux, et la Coordination rurale et la Confédération paysanne, deux organisations syndicales nationales, l’a emporté. Cette victoire ne permettra pas à Joseph Colombani, éleveur dans le Fium’Orbu, qui conduisait la liste Terra nostra soutenue par les FDSEA et les CDJA de Haute-Corse et Corse-du-Sud, syndicats agricoles qui pèsent lourd dans l’Hexagone et avaient toujours été majoritaires chez nous, de briguer un nouveau mandat. Cette défaite n’a toutefois pas constitué un désaveu cinglant pour le sortant. En effet, l’écart conséquent en sièges entre le vainqueur et son adversaire, a davantage relevé du mode de répartition des sièges que du nombre de suffrages obtenus. Il a d’ailleurs presque fallu attendre l’issue d’un long dépouillement pour connaître avec certitude qui l’emporterait. Le succès de la liste de Jean-Baptiste Arena a été acquis avec la victoire serrée, mais ô combien précieuse, remportée dans le collège des exploitants (avoir recueilli 52,41% des suffrages a permis l’obtention de 27 sièges sur 36). La liste A l’iniziu una terra, il convient toutefois de le souligner, a triomphé dans les trois collèges où elle présentait des candidats.
Défaite de Joseph Colombani, essai d’explication
A quoi attribuer la défaite du sortant ?
Certainement ni à un défaut d’implication dans l’exercice du mandat qu’il détenait, ni à un manque de militantisme et de combativité sur le terrain. Elle n’a pas non plus résulté - le vainqueur n’a pas bénéficié d’un raz-de-marée de suffrages - d’un rejet massif d’une personne ou d’une politique ; Jean-Baptiste Arena a d’ailleurs confié qu’il considérait que sa victoire était le produit d’un « vote de projet et d’adhésion » et non d’un « vote de rejet ».
Alors, quelles hypothèses retenir ?
D’abord, certainement, la rencontre entre une usure de la popularité et un moindre dynamisme que génèrent toujours le pouvoir et la situation de sortant, et un courant de sympathie pour un opposant ayant su, avec ses colistiers, susciter un enthousiasme communicatif et incarner la promesse d’un changement prometteur.
Ensuite, peut-être, alors que Joseph Colombani tenait un discours fondé sur une organisation globale du monde agricole et la nécessité de produire plus, Jean-Baptiste Arena a su séduire par un discours chaleureux et inclusif (engagement d’associer l’avenir de l’agriculture à celui du peuple corse, de faire de l’agriculteur l’acteur majeur d’un renouveau de la ruralité, de développer les filières en prenant à la fois en compte les réalités économiques et les aspirations individuelles).
Enfin, la crise agricole et les difficultés de la FDSEA et du CDJA, syndicats dominants au niveau national depuis des décennies mais aujourd’hui contestés car soupçonnés de notabilisation, de mollesse, de complaisance avec les gouvernements et de privilégier la défense des intérêts des gros exploitants, ont probablement aussi pesé. En ce sens, il peut être pris en compte que la très activiste Coordination rurale l’a emporté dans quatorze départements (elle avait été victorieuse dans trois départements lors des élections il y a six ans).
Confirmation de la volonté de travailler ensemble
Une fois n’est pas coutume chez nous, le résultat bien que serré a été accepté sans contestation par le battu et avec modestie par le vainqueur. En outre, l’un et l’autre ont confirmé la volonté de travailler ensemble qu’ils avaient exprimée durant la campagne électorale. En effet, Joseph Colombani a assuré qu’il mettrait volontiers ses contacts et ses compétences au service de la nouvelle équipe.
En ce sens, il a précisé ne pas s’inscrire dans une posture ou un positionnement d’opposition, mais dans le soutien aux projets pour peu qu’ils lui paraissent « intéressants et constructifs ».
Il a aussi affirmé, que dans le cadre de la mise en place d’une évolution institutionnelle, il serait parti prenante de l’union de toutes les forces syndicales et de la synergie de toutes les compétences pour développer l’agriculture. Jean-Baptiste Arena a de son côté déclaré que sa priorité était d’unir toutes les forces vives de l’agriculture corse.Si tout cela est confirmé par des actes, le scrutin aura eu pour grand vainqueur l’agriculture corse.
Pierre Corsi
Crédit photos : liste A l’iniziu una terra