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Sardegna : cusi vicina , cusi luntana

Les liaisons maritimes Corse-Sardaigne sont à ce jour , très loin de donner satisfaction aux particuliers et aux acteurs économiques

Sardegna : cusì vicina, cusì luntana


Les liaisons maritimes Corse-Sardaigne sont à ce jour loin, très loin, de donner satisfaction aux particuliers et aux acteurs économiques. Les interruptions de rotations sont préjudiciables à la circulation des hommes et des véhicules, à l’activité touristique et aux échanges commerciaux.


Les quelques milles nautiques séparant le port de Santa Teresa di Gallura et le port de Bunifaziu représentent l’itinéraire le plus court entre la Sardaigne et la Corse. Deux compagnies maritimes italiennes, Moby Lines et Ichnusa Lines, se sont engagées à desservir les deux ports selon les conditions suivantes. Du 1er avril au 31 octobre, les deux compagnies effectuent des rotations quotidiennes selon une exploitation ouverte à toutopérateur et ne sont soumises à aucune obligation contractuelle de fréquence et de continuité du service. Du 1er novembre au 31 mars, dans le cadre d’une délégation de service public lui ayant été attribuée par la Région Autonome de Sardaigne et la préservant de toute concurrence, Moby Lines est tenue d’assurer quatre allers-retours quotidiens. Tout au long de l’année 2024, aussi bien dans le cadre du service public que de la libre exploitation, il a été déploré des interruptions de desserte. Dès janvier, le navire de la Moby Lines n'a pas quitté Santa Teresa di Gallura durant plusieurs jours. La compagnie a alors invoqué « une mauvaise météo due au vent ».
Durant l’été, la desserte a été perturbée par l’indisponibilité, à partir de la mi-juin, pendant plusieurs semaines, pour des raisons techniques, d’un navire de la Moby Lines, le Giraglia, ainsi que par une immobilisation, mi-juillet, quelques jours, du navire de remplacement pour cause de contrôles demandés par le centre de sécurité des navires de la Direction des Affaires maritimes. Depuis l’automne dernier : aucune rotation entre Santa Teresa di Gallura et Bunifaziu.
La Moby Lines qui, au titre du service public, devrait assurer quatre rotations quotidiennes entre les deux ports, n’est pas en mesure de le faire car elle ne peut remplacer par une unité de même type (courant d’eau adapté à la configuration des ports de Santa Teresa di Gallura et Bunifaziu), le navire dédié au service, le Giraglia, qui présente une grave avarie moteur.
La compagnie a cependant mis en place un service de remplacement : des rotations entre entre Porto Aranci et Porti Vechju sont effectuées par une grande unité, le Mody Zaza. Mais cette alternative présente des inconvénients. Une durée de voyage plus longue : environ 4 heures au lieu de 30 à 45 minutes).
Une moindre fréquence des rotations : un aller-retour quotidien. Mais, entre la mi-décembre de l’an passé et la mi-janvier de cette année, pour cause d’avaries ayant affecté le Moby Zaza, les rotations ont été interrompues. Les liaisons maritimes Corse-Sardaigne sont donc à ce jour loin, très loin, de donner satisfaction aux particuliers et aux acteurs économiques. Les interruptions de rotations sont préjudiciables à la circulation des hommes et des véhicules, à l’activité touristique et aux échanges commerciaux.


C’est toujours ça...


Cependant, ces derniers jours, enfin deux bonnes nouvelles. La première est que pourraient bientôt être rétablies les rotations entre Santa Teresa Gallura et Bunifaziu. En effet, la compagnie italienne Toremar aurait accepté de mettre à disposition de la Moby Lines, le ferry Liburna dont le tirant d’eau est adapté aux caractéristiques du port sarde et du port corse. Toutefois, Barbara Manca, conseillère aux transports de la Région Autonome de Sardaigne, a prévenu que « la partie n’est pas encore terminée » car « le Liburna n’a pas actuellement la certification pour exploiter le transport de passagers sur une ligne internationale ». Une issue favorable devrait toutefois être trouvée avant la fin de ce mois. Le député Dario Giagoni, secrétaire régional de la Ligue pour Salvini, et ayant donc l’écoute de Matteo Salvini, vice-président du Conseil des ministres et ministre des Infrastructures et de la Mobilité durable, a d’ailleurs indiqué suivre de près la demande de certification et fait part de sa confiance. Deuxième bonne nouvelle : lors de la deuxième réunion de la Commission de coopération frontalière italo-française, dans le cadre du suivi du traité du Quirinal (Traité de coopération renforcée entre la France et l’Italie signé le 26 novembre 2021), la délégation de la Région Autonome de Sardaigne conduite par Barbara Manca, a présenté une proposition visant à « résoudre les problèmes critiques de la liaison maritime entre Santa Teresa di Gallura et Bunifaziu ».
En effet, la délégation sarde a demandé une modification réglementaire devant permettre de considérer l’itinéraire comme national, afin d’effacer les contraintes et interdictions liées à la classification internationale. Après avoir exposé sa proposition aux représentants des autres régions frontalières dont la Corse, la délégation sarde l’a soumise à l’attention des ministres présents. La Région Autonome de Sardaigne entend poursuivre sa démarche avec les autorités italiennes et françaises afin d’aboutir. Reste à espérer que du côté français, ne soit pas reproduite la mauvaise volonté gouvernementale ayant fait que faute de publication dans les temps du texte prévoyant la création du GECT (Groupement Européen de Coopération Territoriale qui avait comme objectif une intensification du transport de passagers et marchandises entre Corse, Sardaigne et Elbe), l’Union Européenne a déclaré le texte frappé de forclusion bien qu’il ait été validé par les États italien et français, la Région Autonome de Sardaigne et la Collectivité de Corse. C’est toujours ça...


Jean-Pierre Bustori



Core in Fronte veut un service public corso-sarde

Core in Fronte porte une grande attention à la situation de la liaison maritime entre Santa Teresa di Gallura et Bunifaziu, et déplore que les institutionnel, notamment la CDC, et les forces politiques corses soient insuffisamment ou pas du tout mobilisés, notamment pour élaborer et faire valider par la France, l’Italie et l’Union Européenne, un service public maritime corso-sarde. L’an passé et au début de cette année, le parti indépendantiste a fait flèche de tout bois.


- Pruprià, 23 janvier 2024 / Blocage symbolique de l'embarquement sur un navire de la Corsica Linea. Action visant notamment à demander « une vraie logique d’échanges maritimes entre la Corse et la Sardaigne ». Action ayant aussi pour objet d’appeler le Conseil Exécutif de Corse à tenir ses engagements : « Il y a trois ans, on nous avait promis des avancées. Mais nous sommes en 2024 et on est toujours au point zéro. Nous sommes aux antipodes d’une délégation de service public et d’échanges maritimes pérennes ».

- Assemblée de Corse, 1er Février 2024 / Intervention du groupe Core in Fronte : « En décembre 2021, nous avions interrogé l'Exécutif de Corse sur la création d'un GECT (Groupement Européen de Coopération Territoriale) entre la Corse et la Sardaigne. Depuis 2015, les différentes majorités territoriales nationalistes (Per a Corsica, Fà Populu Inseme) ont régulièrement annoncé la mise en place de ce GECT. Or, à ce jour rien n’existe ». Le Conseil exécutif a répondu que la faute revenait à l’État. Il l’a fait en rappelant que concernant le projet européen de créer un GECT (Groupement Européen de Coopération Territoriale ayant comme objectif une intensification du transport des passagers et marchandises entre les îles Corse-Sardaigne-Elbe), la Région Autonome de Sardaigne et la Collectivité de Corse avaient adopté les statuts et conventions ; que les États italien et français avaient pris un décret de création ; mais que Paris ayant tardé à publier le texte, l’Union Européenne avait sanctionné ce retard en prononçant une forclusion.

- 2 février 2024, Bunifaziu / Conférence de presse, barrage filtrant et tractage Core in Fronte pour dénoncer la dégradation du trafic maritime entre Corse et Sardaigne et demander l’instauration d’un service public pour répondre à « une exigence naturelle, historique, culturelle, géographique ».

- 11 juillet 2024, communiqué / Constatant que, depuis le 14 juin, les liaisons maritimes entre Bunifaziu et Santa Teresa di Gallura sont mises à mal du fait que le navire dédié est en panne et n’est pas remplacé, Core in Fronte dénonce « un manquement contraire aux conditions stipulées par l’offre de la desserte concernée » et demande que « la Sardaigne et la Corse interviennent en urgence pour, d’une part, mettre un terme immédiat à cette gabegie et, d’autre part, prennent les initiatives opérationnelles qui s’imposent ».

- 18 novembre 2024, communiqué / Core in Fronte indique que « Depuis le 13 novembre, il n'y a plus de traversées entre Bonifaziu et Santa Teresa di Gallura » du fait d’une « énième avarie moteur sur le navire Giraglia de la compagnie Moby » ; déplore que « les rotations maritimes entre la Corse et la Sardaigne se dégradent depuis plusieurs mois » et que « cela entraîne une rupture des liens économiques, sociaux et culturels entre les deux îles » ; rappelle « la nécessité d'un GECT (Groupement Européen de Coopération Territoriale) pour un véritable service public maritime ».

- 28 novembre 2024, Assemblée de Corse / Question orale du groupe Core in Fronte au Conseil Exécutif à la suite de la nouvelle interruption des rotations Santa Teresa di Gallura-Bunifaziu : « Où en sommes-nous du renforcement de cette ligne ? Quelles sont les initiatives que vous allez prendre avec la Sardaigne ? »

- 30 novembre 2024, Santa Teresa di Gallura / Conférence de presse commune avec un parti indépendantiste sarde concernant les rotations entre la Corse et la Sardaigne. Les deux partis les qualifient de « dégradées, affaiblies et désorganisées » et dénoncent que la Collectivité de Corse et la Région Autonome de Sardaigne n’aient pas pris la responsabilité commune d'assurer un lien structuré de délégation de service public entre les deux territoires.

· 10 janvier 2025, communiqué / Core in Fronte dénonce que rien ne change : « Force est de constater que les autorités concernées, d’une part, la compagnie délégataire de service public, la Moby, d’autre part, ne répondent toujours pas aux attentes populaires. La situation a même empiré. Il n’y a plus de traversées - qui étaient au nombre de quatre par jour - entre Bonifaziu et Santa Teresa di Gallura depuis le 13 novembre 2024 […] Une rotation de substitution a été mise en place, entre Portivechju et Golfo Aranci, mais elle est soumise à une baisse du nombre des trajets […] Le silence des ministères italiens et français est assourdissant, et l’indécision politique de la Région de Sardaigne et de la Collectivité de Corse interpelle ».



Crédit photos : Journal de la Corse, Core in Fronte
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