Paroles de préfet ...
L'information a été donnée par RCFM puis reprise par les médias insulaires. Elle est potentiellement explosive.
Paroles de préfet
L’information a été donnée par RCFM puis reprise par les médias insulaires. Elle est potentiellement explosive. Entendu par une commission parlementaire sur l'avenir de l'île venue dans notre île pour étudier la question d’une éventuelle autonomie, le préfet Amaury de Saint-Quentin, désormais en charge de l’Ille-et-Vilaine interrogé à huis clos sur « le degré de pénétration de la mafia », a déclaré de sources concordantes que « le crime organisé imprègne l’intégralité de la société corse ». Puis, détaillant le type de structures concernées, il a désigné des associations ou des entreprises, « et les services de l’État »
Un préfet qui aurait dû se servir de l’article 40
Les propos du haut fonctionnaire qui a occupé le poste de préfet de Corse de 2022 à 2024 sont étonnants à plus d’un titre. En premier lieu, on ne peut que suggérer Jérôme Fillipini, son successeur, de s’emparer de ces précieuses informations, reçues en héritage empoisonné, pour tenter d’en connaître la réalité et faire le ménage jusque dans ses services. Il va pouvoir actionner le fameux article 40 du code de procédure pénale ainsi libellé : « Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui dans l’exercice de ses fonctions acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur. » On est en conséquence en droit de se demander pourquoi le préfet Amaury de Saint Quentin n’en a pas fait usage dès qu’il a eu connaissance des délits auxquels il fait allusion.
Mafia, grande criminalité ou mafiosisation de la société corse ?
On aura remarqué que le préfet a utilisé indifféremment les termes de mafia et de grande criminalité comme s’ils avaient le même sens. Or mafia semble désigner une organisation pyramidale dirigée par un cénacle tandis que la grande criminalité recouvre plutôt une ambiance délictueuse où les bandes se disputent des parcelles de territoire ce qui semble plus approprié à la délinquance corse. Et encore faudrait-il distinguer les bandes proprement criminelles qui tuent et qui trafiquent des complicités ambiguës entre affairistes et monde politique bien qu’en effet tout cela se rejoigne au sein de ce que l’ANC avait qualifié en 1990 de dérive mafieuse. Entendons par là une société où la faiblesse répressive de l’état autorise des arrangements plus ou moins importants notamment dans la captation des fonds publics.
Qui ? Quand ?
Mais loin de telles nuances, le préfet a indiqué à la commission parlementaire que « le crime organisé imprègne l’intégralité de la société corse ». Diable ! Comme il se disait à l’époque d’Emmanuel Arène, aux débuts de la IIIe république Ùn ci hè più un palmu di nettu. Il n’y aurait donc plus le moindre endroit de propre. Le propos semble excessif, car il semble indiquer que tous autant que nous sommes et jusqu’à sa personne, nous n’oserions dénoncer la situation. Pire, nous en serions complices voir bénéficiaires. L’État lui-même c’est-à-dire ses propres services serait gangrené à tel point que lui, le préfet nommé en Conseil des ministres, n’aurait osé dénoncer la situation qu’une fois réfugié en Bretagne. Hallucinant non ? Alors qui est porteur du germe ? Quand s’est-il répandu ? Le préfet désigne des entreprises. Quelles sont-elles ? Il a le devoir de les désigner. Tout aussi grave, il désigne des associations en général. On pense évidemment tout aussitôt à la très grave mise en cause par Julien Peretti provoquant en retour une plainte pour diffamation et menaces de mort. Là encore le préfet doit parler et ne pas s’en tenir à une semi-omertà.
Un choix individuel ou l’envoi d’un message
Il paraît très curieux qu’un préfet puisse tenir de pareils propos sans en avoir référé à son autorité c’est-à-dire le ministre de l’Intérieur. Si tel n’était pas le cas, il sera relevé de ses fonctions. S’il a reçu l’aval du ministre de tutelle quel peut être la portée du message ? Vraisemblablement que celle-ci prévient que l’autonomie ne saurait être confiée à une société en pareil état de déliquescence. En tous les cas, certainement pas tant que le ménage n’aura pas été fait. Il est aussi possible que le contenu de la plainte déposée par Julien Peretti contre une des responsables d’u Levante qu’il dit ’avoir tenté de le racketter — accusation qui a fait l’objet d’une plainte de la part d’u Levante et de Michelle Salotti —fasse son chemin et qu’en haut lieu on commence à se prémunir contre d’éventuelles retombées radioactives. Car le préfet de Saint-Quentin ne détestait pas les associations. Au contraire. Le collectif A maffia nò s’est réjoui de cette déclaration, mais sur une question de pure forme : l’utilisation du terme maffia évitant d’aborder le fond. Le Cullettivu Massimu Susini n’a pas réagi. Côté associations c’est zitt'è mutu ce qui peut se comprendre. Les propos du préfet sont tellement flous que s’indigner ou même questionner reviendrait à attirer l’attention sur soi. Attendons donc de voir la suite si suite il y a.
GXC
PHoto : D.R