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Drogues une réalité préoccupante

Alors que le gouvernement français durcit sa politique contre les consommateurs de drogue, la corse fait face à une consommation préocccupante, ....

Drogues : une réalité préoccupante


Alors que le gouvernement français durcit sa politique contre les consommateurs de drogue, la Corse fait face à une consommation préoccupante, notamment chez les jeunes. Les addictions représentent un réel problème de santé publique aux impacts sanitaires, économiques, sociaux et humains. Entre répression, prévention et actions locales, l’île tente de répondre à ce défi de société.


Banalisation des usages

La consommation des drogues en Corse augmente à un rythme alarmant, sans saisonnalité marquée comme auparavant. Les professionnels de santé signalent une hausse des addictions et des prises en charge médicales liées à la drogue, car la toxicomanie est désormais considérée comme une maladie et non un vice. Une étude de l'Observatoire français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT) indique que 10 % des Corses âgés de 18 à 64 ans ont consommé du cannabis en 2021, avec 20 % des 18-25 ans touchés. Le cannabis reste la substance la plus consommée des 25-40 ans. Les autres drogues comme la cocaïne et l'ecstasy connaissent également une hausse. Des drogues de synthèse telles que la méthamphétamine, le crack, et des substances comme le gaz hilarant ou encore les poppers circulent également sur l'île. Environ 3 % des adultes ont expérimenté la cocaïne. Les lieux de consommation se concentrent dans les zones urbaines comme Ajaccio et Bastia, mais les zones rurales ne sont pas épargnées. Le tabou autour de la consommation est tombé ; il touche désormais toutes les classes sociales.


Lutte active

Les forces de l’ordre intensifient leurs actions pour contrer le trafic, aussi bien sur terre qu’en mer. Les saisies de stupéfiants par la gendarmerie ont doublé en trois ans, atteignant 1,5 tonne en 2022. En 2023, une saisie record de 93 kilos de cannabis et 7,5 kilos de cocaïne a eu lieu au port de Bastia. Au cours de la même année, plus de 200 arrestations liées au trafic de stupéfiants ont été effectuées, selon la préfecture de Corse. Les saisies de cannabis et de cocaïne ont augmenté de 15 % par rapport à 2022. Les moyens déployés incluent des patrouilles renforcées, des opérations coup de poing et la collaboration avec les douanes. Les actions locales, comme les brigades antidrogue, jouent un rôle clé. La coopération entre police et gendarmerie s’accompagne d’une mobilisation accrue des magistrats pour démanteler des réseaux bien structurés, souvent connectés au continent. Cependant, les autorités reconnaissent que le trafic s’adapte, utilisant des méthodes plus discrètes, comme les livraisons par drone.


Marché novateur

Les techniques de vente de drogue ont évolué de manière significative ces dernières années, adoptant des stratégies inspirées du marketing et des services numériques. Par exemple, certains dealers proposent une livraison rapide à domicile, avec commandes passées par SMS ou messageries cryptées, dans ces « cocaïne call centres » ; d’autres proposent des livraisons selon des créneaux horaires et des lieux discrets ; certains développent une large gamme de produits (cannabis, cocaïne, MDMA, etc.) avec un packaging soigné et personnalisé. Les trafiquants optent aussi pour des campagnes promotionnelles via les réseaux sociaux, allant parfois jusqu’à proposer un programme de fidélité et des ventes flash à prix réduit. Cette «ubérisation» du trafic illégal montre une professionnalisation accrue et une adaptation aux habitudes modernes de consommation, tout en augmentant la discrétion face aux forces de l'ordre.


Priorité à la prévention

Malgré la nouvelle campagne du gouvernement qui vise les consommateurs de drogue, la prévention est essentielle pour endiguer ce fléau. La Mission interministérielle de Lutte contre les Drogues (MILDECA) coordonne des actions locales axées sur l’éducation et la sensibilisation des jeunes. En 2022, près de 5 000 jeunes ont participé à des ateliers sur les risques liés à la consommation de drogue. Des dispositifs d’écoute et d’accompagnement existent, comme ceux proposés par les deux centres insulaires d’addictologie de l’Association Addictions France. Des campagnes itinérantes et des formations pour les professionnels visent à détecter précocement les conduites addictives. Par ailleurs, des initiatives comme l’accompagnement parental et la création d’espaces publics sans tabac encouragent un changement durable des comportements. La collaboration entre institutions, associations et citoyens est cruciale pour construire un avenir sans drogue.


Maria Mariana
photo: M.M
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