L'impérialisme américain tout puissant
On peut être l'ami d'Israël et condamner l'occupation militaire de la Cisjordanie ......
L’impérialisme américain tout-puissant
On peut être l’ami d’Israël et condamner l’occupation militaire de la Cisjordanie territoire théoriquement indépendant de l’État hébreu, mais convoité par les colons juifs. On peut défendre inconditionnellement l’existence d’Israël et trouver scandaleuse la proposition de Donald Trump, bien entendu appuyé par un Netanyahou enthousiaste, de vider Gaza de sa population pour transformer ce lieu « en une nouvelle Côte d’Azur » dixit l’imperator américain. Désormais, le délire et le grotesque se marient avec le tragique. Bien évidemment, la Jordanie et l’Égypte, pays désigné sans complexe par le président américain pour accueillir le million et demi de Gazaouis, ont fait connaître leur refus.
L’indécence de la toute-puissance
Il ne fait aucun doute que Trump a les moyens d’imposer ses vues pour le moins baroques concernant le partage du monde. Il veut imposer la paix en Ukraine. Il a évidemment les moyens de bâillonner le pays agressé. C’est lui qui fournit les armes. Il va suffire qu’il commence à fermer le robinet pour que Zelinsky soit obligé de céder. En théorie, le cas d’Israël est identique. Mais une bonne part de l’électorat trumpiste est composée d’évangéliques qui pensent que la parousie, la seconde venue du Christ, ne pourra advenir que si l’État d’Israël existe. Néanmoins, Donald Trump comptait bien sur l’Arabie saoudite pour faire baisser les prix du baril de pétrole et ainsi pouvoir faire pression sur la Russie qui vit en grande partie de la rente pétrolière. Mais voilà que son idée de nettoyer ethniquement Gaza vient faire capoter cette ingénieuse trouvaille. La Jordanie a déjà donné dans le passé jusqu’à ce qu’en septembre 1970, le roi de l’époque s’aperçoive que le Fatah de Yasser Arafat s’apprêtait à exécuter un coup d’État. Car la Jordanie fait partie de la grande Palestine, revendiquée par les organisations de combat palestiniennes. Quant à l’Arabie saoudite, elle a dit ne reconnaître l’existence d’Israël qu’à la condition qu’il existe un État palestinien. Or si la Cisjordanie sert à cela — ce qui serait logique — c’est une guerre civile qui éclate en Israël où la pression démographique est telle que désormais aux « fous de Dieu » qui s’y étaient installés sont venus s’ajouter des citoyens juifs qui cherchent des logements moins chers qu’à Tel-Aviv ou à Jérusalem. Il n’empêche que les prétentions trumpistes témoignent d’une indécence à toute épreuve.
Le Canada, le Panama, le Groenland et Gaza… et l’Europe
L’arrogance trumpiste ne connaît aucune limite et surtout n’a aucune élégance. Revendiquer l’annexion du Canada prêterait à rire si cela n’était pas formulé par une sorte de dictateur en herbe. Son culot l’ayant mené à une situation de toute puissance, il croit désormais, selon les observateurs, être un homme choisi par Dieu pour remodeler la planète. Il est vraisemblable que dans un certain nombre de domaines son culot monstre va payer. Il apparaît également comme celui qui va corriger les excès délirants du wokisme. Mais nous pouvons être certains que ces noms qu’il égrène et dont il entend faire des dominions américains ne sont qu’un début. Donald Trump possède cette volonté inconsciente d’abaisser le vieux continent afin que les États-Unis d’Amérique deviennent l’alpha et l’oméga de la civilisation occidentale. La démarche est similaire à celle de la chrétienté dont l’antisémitisme consistait à affirmer la primauté du christianisme, réduisant le judaïsme à une vieille souche qu’il était bon d’avaler et de digérer. L’Europe a tout à craindre d’une Amérique impériale et impérialiste qui va inévitablement chercher à la réduire à un territoire commercial conquis sans véritable importance.
Une Europe pathétique
Il faut bien reconnaître qu’aujourd’hui l’Europe apparaît comme un chiffon roulé en boule dans un coin, incapable d’affirmer son identité et encore moins sa force face à la Russie d’un côté et les États-Unis de l’autre. Si elle rate cette marche, l’Europe va disparaître au profit d’États-nation en pleine renaissance. Depuis quelques années, les citoyens perçoivent de plus en plus mal les intérêts d’une fédération qui ajoute de la bureaucratie à la bureaucratie, mais ne constitue plus une protection des peuples qui l’habitent. Or, si nous, les Européens, ne faisons rien pour affirmer notre vigueur, nous serons dévorés par les deux monstres commerciaux : les USA d’un côté, mais également la Chine, prête à casser ses prix pour écouler ses stocks de marchandises qui s’accumulent sur fond de crise. L’Europe est pathétique et, pire que tout, sa faiblesse encourage en son sein les zélateurs de Trump et de Poutine. Nous réalisons maintenant qu’elle n’a été qu’un montage économico-commercial pour favoriser des délocalisations à l’interne. Redonner ses couleurs aux industries européennes et combattre un grand patronat qui en vient à encourager le départ vers l’Amérique, telle devrait être notre ligne de conduite si nous ne voulons pas terminer dans les estomacs des ogres planétaires.
GXC
Photo: D.R