Ode sauvage à Bussaghja
Un galet posé sur la Méditerranée.......
Ode sauvage à Bussaghja
Galet posé sur la Méditerranée, Combien de fois t’ai-je cherché
Dans la mer blanche des nuages !Et découverte sur un ciel de mer… Avec quelle allégresse je piquais vers toi
Dans le vrombissement de mes mille chevaux !Alors je coupais les gaz. Silencieuse comme une flèche,
Inexistante comme elle,
Tu devenais le but, la force attractive, la sirène. Tu m’apparaissais dans tout ton dessin,
Dans (toute) ta grâce offerte nue à mes regards, Comme celle qui voulait justifier
Mes péchés et m’absoudre.
J’attachais mes yeux sur tes golfes merveilleux, Aux arabesques d’ agate,
Sur tes plages et sur tes criques secrètes.Tes monts aiguisés de neige, Tes forêts et tes maquis mystérieux,
Tes cours d’eau, tes cascades et tes mille sentiers Bleus comme des veines,
Tout te rendait humaine dans une (ton) immensité hostile. Soudain, dans le silence dangereux qu’il me fallait rompre, Un parfum chaud m’environnait : thym, lavande,
Œillet des rochers, menthe sauvage, Fruits de mer, fruits éclatés au soleil.
Elle n’en finissait pas de rendre son parfum, Parfum qui me grisait et m’ensorcelait…
Poème Ode à la Corse d’Antoine de Saint-Exupéry
Ainsi Antoine de Saint-Exupéry décrivait-il la Corse, dans l’un de ses nombreux poèmes, après l‘avoir survolée. Les mots de l’aventurier ne sauraient mieux résonner dans le cœur du voyageur qui a sillonné l'Île de Beauté pour y explorer vallées, cimes enneigées et caps déchiquetés. Une ode sauvage à chaque virage.
Vestige majestueux de la chaîne hercynienne, la Corse porte bien des noms. Celui de montagne dans la mer, qui lui est prêté communément, est certainement le plus fidèle aux paysages insulaires. Nimbée par le soleil méditerranéen doux de l’hiver et âpre de l’été, la chaîne du Monte Cintu termine sa course dans les eaux turquoise du golfe de Porto. C’est ici que les falaises de granit rose sont sculptées par les embruns marins arrachés à la crête des vagues.
Nichée entre Porto et Galeria, la plage de Bussaghja et sa crique secrète inspire le respect dû à l’environnement. Une nature brute, farouche, indomptée par l’homme,soumise simplement à la houle et aux vents. Seuls les galets ont été polis par l’usure du temps. Dans ce décor minéral et marin il est malgré tout possible, après une paisible journée d’été, de s’attabler et profiter d’un coucher de soleil autour d’un verre ou d’un filet de poisson.
Les plus curieux, en quête de découverte, pourront, après quelques brasses, tutoyer la falaise abrupte dont les racines baignent dans la mer. Cette cathédrale de pierre s’accompagne d’une crique de galets gris propice à une sieste réparatrice. Pour s’y rendre, positionnez-vous de manière à avoir les paillotes dans votre dos et la mer en face de vous. Partez sur votre gauche et marchez jusqu’au bout de la plage. Ici, traversez les blocs de pierre, et poursuivez encore. Vous êtes maintenant au pied d’un édifice rocheux. C’est le moment de vous mettre à l’eau et de longer la côte
comme pour se rendre à Porto. Heureusement, seulement 250 mètres vous séparent de la crique. Il ne faudra pas oublier d’emporter avec soi un sac étanche si vous désirez poser serviettes et parasol.
— Sébastien Leroy
Photo: Sébastien Leroy