Syrie : Les Kurdes sous la menace et dans l'incertitude
Aprés le renversemet dunrégime de bachar Al-Assad, dans les territoires syriens du nord et de l'ouest, le pouvoir.......
Syrie : les Kurdes sous la menace et dans l’incertitude
Après le renversement du régime de Bachar Al-Assad, dans les territoires syriens du Nord et de l’Ouest, le pouvoir militaire des Forces démocratiques syriennes (FDS) et le pouvoir politique de l’Administration autonome (AANES) à dominante kurde sont contestés et incertains.Dans le Nord et l’Ouest de la Syrie, la Turquie use de son artillerie, de ses bombardiers et de ses drones pour soutenir les offensives anti-kurdes de ses proxies (milices qu’elle arme et finance). Ces dernières semaines, selon l’ONU, plus de 100 000 personnes, en grande majorité kurdes, ont dû trouver refuge dans les territoires défendus par les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes. Ailleurs dans le pays, où les islamistes de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) sont aux commandes depuis la chute du régime de Bachar Al-Assad, les déclarations de leur leader Ahmed Al-Charaa affirmant vouloir une Syrie inclusive, ne suffisent pas à apaiser les inquiétudes kurdes. Celles-ci son avivées par le fait que l’homme de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) compte dans son entourage des chef de guerre auteurs de nombreux crimes.
Négociations difficiles avec le nouveau gouvernement de Damas
Le commandant général des FDS veut toutefois espérer. En ce sens, il a entrepris de négocier avec le nouveau gouvernement de Damas. Quatre points sont discutés : l’intégration militaire des FDS dans l’armée syrienne de l’après Assad ; les institutions politiques (les FDS veulent la participation de leur représentation politique - l’Administration autonome, AANES, des territoires du Nord et de l’Ouest- au pouvoir à Damas et à la rédaction de la nouvelle Constitution syrienne pour garantir le respect des droits des communautés, des femmes et des différentes religions) ; le contrôle des ressources énergétiques (les FDS et l’AANES,revendiquent une répartition équitable des revenus gaziers et pétroliers entre leur administration et le gouvernement de Damas). C’est loin d’être acquis. En effet, alors que rien n’est sûr du côté de Damas, la Turquie se refuse à envisager un cessez-le-feu et s’ingère dans les affaires syriennes avec, parmi ses priorités, s’opposer à la reconnaissance de droits spécifiques pour les Kurdes. Pour mener son action, outre de son armée et de ses proxies, Ankara use redoutablement de son influence au sein du commandement militaire et des ministères à Damas, ainsi que du pouvoir économique de ses investisseurs et entreprises qui participent dans la reconstruction de la Syrie.
Beaucoup dépendra des USA
Pour l’heure, rien n’est donc joué. Les propositions mises sur la table par les FDS et l’AANES sont discutées. Les modalités d’intégration des FDS dans une armée nationale représentent un des principaux points d’achoppement. Le ministre syrien de la défense a avancé l’idée d’une force militaire unifiée sous un commandement centralisé avec ralliement individuel des combattants des FDS. Les FDS demandent de rejoindre l’armée syrienne comme entité et en unités constituées. Le rejet de la proposition syrienne provient particulièrement des femmes combattantes qui veulent préserver le droit et la capacité de se défendre en tant que femmes et préserver l’égalité avec les hommes. Une partie de leurs combattants arabes représentent le talon d’Achille des FDS et de l’AANES. Ceux-ci demandent leur rattachement au gouvernement central de Damas. Ils sont soutenus ou influencés par des notables arabes qui, tout en reconnaissant que les FDS et l’AANES ont eu un rôle positif, estiment qu’un État fédéral mènera à la division et sera générateur de conflits entre les régions ou entre les communautés. Plusieurs combattants FDS ont déjà fait défection pour faire allégeance à Damas. Toutefois, de nombreux militaires et dignitaires arabes qui ont rejoint les FDS et l’AANES durant la guerre, considérant que leurs territoires a successivement souffert du centralisme et de l’autoritarisme du régime Assad et des islamistes, sont favorables à la construction d’une Syrie décentralisée respectant les droits de toutes les communautés. FDS et AANES garderont-ils un poids suffisant pour faire valoir leurs conception de la nouvelle Syrie ? Beaucoup dépendra de leur composante arabe, et aussi de la poursuite du soutien militaire, financier et diplomatique des USA. Or, avec Donald Trump, rien n’est prévisible...
Alexandra Sereni
Crédit photo :Créative Commons Wikipédia / lutte kurde