Donalt Trump et Vladimir Poutine se partagent le monde
Trump , un maître chanteur planétaire et miroir de nos faiblesses
Quand Donald Trump et Vladimir Poutine se partagent le monde
Pouvaient-ils être aussi cyniques et aussi humiliants qu’en se partageant notre Europe hors la présence de l’Ukraine et de l’Europe ? Cela ressemble fort au pacte germano-soviétique de 1939 avec un Trump qui incarnerait désormais Hitler. Cette connivence affichée est aussi importante pour l’histoire de l’humanité et plus encore pour la nôtre que le pacte de Munich de 1938 complété par celui de Yalta en 1944 et la chute du mur de Berlin en 1989.
Réalistes et cyniques
Si nous raisonnons avec réalisme, l’impudeur cynique de Trump et de Poutine est un pur produit de la real politique qui, se moquant totalement du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ne connaît que le rapport de force permanent. Il n’y a plus de droit international mais un tumulte de légitimités qui s’affrontent dès lors qu’elles ne craignent pas les conséquences d’un conflit. L’accord passé entre le maître du nouveau continent et celui du Kremlin est un évènement qui marque un changement de civilisation et pour l’Europe un défi potentiellement mortel. Résumons : Donald Trump joue la carte de l’isolationnisme afin de mieux se préparer à un conflit majeur avec la Chine. Il ne veut plus disperser ses forces à l’ouest où il juge les Européens peu fiables et terriblement coûteux à entretenir. En bon autocrate, il juge pouvoir s’entendre avec Vladimir Poutine qui joue lui aussi la carte d’un empire à restaurer. Et tant pis si l’Occident passe en partie sous la coupe de la Russie. Ce qui intéresse Trump ce sont les accords commerciaux seuls capables de sauver les USA d’une crise financière majeure. Car à bien y regarder, l’économie américaine ne se porte bien qu’en apparence. Sa santé repose sur une dette abyssale qui ne peut tenir que si la planche à billets du dollar, cette fausse monnaie mondiale, continue de fonctionner. Trump veut le Groenland, le Canada pour agrandir son territoire et en posséder les richesses. Il désire les productions minières de l’Ukraine qu’il partagera avec la Russie. Entre compères, il y a toujours moyen de s’entendre.
Une Europe à la dérive
Il est vraisemblable que Poutine ne vise que les anciens pays du glacis soviétique en commençant par les pays baltes. Et que ferons-nous quand il les soumettra ? Nous ne possédons pas d’armée digne de ce nom. Comme en 1938-39 avec les Sudètes puis la Pologne, nous nous inclinerons toute honte bue. Le monde a changé de cap. Hier, grâce à une certaine aisance économique due au pillage du tiers-monde nous pouvions offrir démocratie et justice sociale. Désormais les cordons de la bourse se resserrent inexorablement et le coût d’une armée européenne va plus encore réduire les budgets alloués aux plus démunis. Au niveau européen, il ne fait aucun doute que les États-Unis ont d’ores et déjà gagné la bataille. L’Allemagne dépend de ses exportations vers le Nouveau continent. Giorgia Meloni est tout acquise à Trump. Les pays du groupe de Visegrad formé en 1991 sont désormais réunis par l’alliance russo-américaine. Que reste-t-il sinon une partie de l’arc méditerranéen européen à la santé défaillante. La France, ravagée par la crise de régime, ne saurait tenir lieu de locomotive.
Un bouleversement culturel
Paradoxalement, la culture française est plus proche de la russe que de l’américaine. Cette dernière est basée sur un protestantisme dévoyé. Au nom d’un Dieu en ligne directe avec chacun de ses fidèles, ces derniers donnent libre cours à leurs pulsions. Et parce que Dieu récompenserait le travail, l’affairisme est au cœur de toutes les préoccupations. Il n’y a pas de véritable règle sinon de réussir. L’américanisme avait gagné après guerre la bataille de la musique, puis celle du livre et enfin celle de la nourriture avec la fast food. Elle a commencé à déconstruire le monde catholique avec le wokisme et l’achève le libertarisme incarné par Trump. Bienvenue dans un monde sans règle et sans autre justice que celle imposée par la force. Les églises kitch des prédicateurs loufoques vont en imposer à nos cathédrales séculaires. Et parce que le modèle des vainqueurs finit toujours par emporter l’adhésion des foules nul doute que si la résistance ne s’organise pas, l’Europe va devenir cet entre-deux, avec à l’Ouest un lointain territoire outre-Atlantique et à l’Est l’empire de l’Eurasie.
L’inconnu à nos portes
Nous avons cru que le marché apportait la démocratie. Il a au contraire créé de nouvelles autocraties qui réveillent les anciens impérialismes. S’affoler ne sert à rien sinon à semer la confusion. Il s’agit d’analyser la situation et de bâtir des stratégies. Au lieu de cela, nos dirigeants préfèrent s’écharper sur les vestiges d’un monde qui n’est déjà plus. Nous avons à peine quelques années pour sauver l’humanité d’une catastrophe climatique et ça s’annonce mal. Mais nous avons encore moins de temps pour trouver une solution afin que l’Ukraine ne s’effondre pas comme un château de cartes avec derrière une menace existentielle pour notre vieille Europ
Trump, un maître chanteur planétaire et miroir de nos faiblesses
Jour après jour, Donald Trump, l’idole de l’extrême droite européenne, révèle son vrai visage : celui d’un maître chanteur vulgaire et confit de suffisance. Selon des journalistes américains « il s’est montré très critique à l’égard du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qu’il semble tenir pour responsable de la guerre et de la durée du conflit », le président Donald Trump a accusé Kiev d’avoir déclenché la guerre entre la Russie et l’Ukraine ». Selon le Washington Post il a affirmé que « si l’Ukraine voulait avoir un siège à la table, elle aurait pu ouvrir des négociations de paix à tout moment au cours des trois dernières années. Aujourd’hui, j’ai entendu : « Oh, nous n’avons pas été invités ! » Eh bien, vous êtes là depuis trois ans : vous auriez dû y mettre un terme il y a trois ans. Vous n’auriez jamais dû la commencer. » Et voilà que Trum exige de l’Ukraine 500 milliards de dollars en contrepartie des 175 milliards prêtés pour l’aide militaire. Un taux usuraire égal à ceux pratiqués par les mafias italiennes.
Un racket officiel
Le président Trump a « proposé », début février, à au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, de compenser l’aide octroyée depuis 2022 à l’Ukraine sous forme d’armement. Sans aucune pudeur, il demande à l’Ukraine, déjà à genoux économiquement, les droits exclusifs et « à perpétuité sur les ressources minérales, pétrolières et gazières, les ports, les autres infrastructures ». Le précontrat stipule que les États-Unis percevront, avec une clause de priorité, la moitié des revenus perçus par Kiev au titre de l’extraction des ressources, ainsi que 50 % de la valeur financière de « toutes les nouvelles licences délivrées à des tiers » pour la future monétisation de ces ressources soit l’équivalent de 500 milliards de dollars. Trump a ajouté sur Cnews qu’il n’entendait pas dépenser davantage pour l’Ukraine. En fait, Trump convoite les terres rares et les terres arables de l’Ukraine ce qui priverait ce pays de toute ressource. Le pactole exigé revient à la moitié des licences minières actuelles.
Le prix d’une défaite militaire
Les États-Unis sont des habitués de la trahison érigée en valeur morale. Trump dit vouloir la paix et il inflige à l’Ukraine le traitement qui avait administré à l’Allemagne nazie. Il est par ailleurs évident que sans l’armement américain le pays envahi par la Russie va militairement s’effondrer. Ils avaient déjà lâché leurs alliés sud-américains, vietnamiens, afghans, kurdes et désormais ukrainiens. Or l’Europe n’est pas en mesure de compenser l’aide américaine. Elle est de plus divisée. Une bonne partie des pays qui la composent font les yeux doux aux États-Unis. Comment expliquer l’attitude des partis de l’extrême droite qui n’ont de cesse de plaider la cause nationale contre l’Europe et qui se donne à l’Empire de l’Ouest ?
Un nouveau Munich
Il ne fait plus aucun doute que Donald Trump a fait une croix sur le vieux continent pour mieux se postillonner en face de la Chine. Sotto voce, il envoie un message terrible à Vladimir Poutine : faites ce que vous voulez en Europe, je n’interviendrais pas. Même si Trump n’est pas Hitler, il s’est livré à un marché de dupe qui ressemble fort à la conférence de Munich de 1938 quand le dictateur nazi avait annexé une partie de la Tchécoslovaquie avec le lâche assentiment de la France et de la Grande-Bretagne. Puis avaient suivi la Pologne, la Hollande, la Belgique et la France. L’histoire bégaie et l’époque est à un réveil des grands empires. Ce qui signifie très concrètement que jamais le risque d’un embrasement mondial n’a jamais été aussi proche.
Refaire une Europe des peuples et non une Europe des marchés
L’Europe technocratique et mercantile est un échec patent. Elle s'est contentée de la protection atlantiste. Elle a voulu ignorer les périls et s’est jetée à corps perdu dans l’océan commercial oubliant les peuples qui la composaient. . Ces derniers ont fini par détester cette structure froide et insensible aux malheurs des plus pauvres. À défaut d’une proposition de gauche, ils se tournent de plus en plus nombreux vers une extrême droite qui est devenue le vassal du géant américain. Une défaite de l’Ukraine serait une catastrophe dont on a aujourd’hui du mal à mesurer l’ampleur. Il ne s’agit pas seulement d’une question morale, mais d’un problème géopolitique : si le verrou ukrainien est brisé ce sont tous les peuples d’Europe qui seront menacés d’invasion pour les uns de guerre civile pour les autres. Sans compter qu’une défaite ukrainienne sera un signal fort lancé à la Chine pour ce qui concerne Taïwan.
Recréer des cohésions nationales
Il est parfois impossible d’empêcher des évènements qui sont la résultante d’une chaîne de causes et d’effets. Tout au plus, peut-on tenter d’en atténuer les effets. Mais la lâcheté et l’aveuglement n’ont jamais été des armes efficaces pour lutter contre l’oppression et la mainmise des grandes puissances.
GXC
Photos D.R
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