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Ghjuvan-Petru Arrighi : un demi-siècle de militantisme

Jean- Pierre n'est plus.Il représentait, à lui seul, un condensé de ce qu'a été le combat nationaliste corse durant plus d'un demi siècle
Ghjuvan-Petru Arrighi : une demi-siècle de militantisme


Jean-Pierre n’est plus. Il représentait, à lui seul, un condensé de ce qu’a été le combat nationaliste corse durant plus d’un demi siècle. Lui rendre hommage, c’est aussi honorer la mémoire de centaines et centaines de belles personnes.



Pourquoi ces quelques mots ? Jean-Pierre était certes un patriote corse de longue date, un militant de la lutte de libération nationale (LLN), un homme de conviction, un intellect pétillant, un esprit pétri de générosité, un humaniste. Il avait sans doute aussi quelques défauts comme tout être humain. Comme vous et moi. Mais tout cela pourrait caractériser beaucoup de militantes et militants qui ont beaucoup donné pour que soient reconnus le peuple corse et ses droits et auxquels il n’est pas consacré des dizaine lignes dans notre hebdo quand ils prennent congé de notre bas monde. Pourtant toutes et tous le mériteraient. L’écriture et la publication de ces lignes sont toutefois justifiées par le fait que Jean-Pierre représentait, à lui seul, un condensé de ce qu’a été le combat nationaliste corse durant plus d’un demi siècle. Et que, de ce fait, lui rendre hommage, c’est aussi honorer la mémoire de centaines et centaines de belles personnes,


D’abord à Paris


Entre 1975 et 1976, à Paris, étant alors un corse de la Diaspora, Jean-Pierre a été un des animateurs du Comité de soutien à Edmond Simeoni qui apportait aussi son soutien au regretté Serge Cacciari ; comité qui se réunissait et planifiait ses actions dans le quartier des Halles, dans les locaux de l’Office corse (structure qui avait été créée quelques années plus tôt par des militants corsistes et culturels pour proposer aux corses habitants Paris ou la région parisienne, un lieu de rencontres conviviales et d’échanges d’idées, un espace de promotion et de commercialisation des productions corses, notamment culturelles et intellectuelles). Jean-Pierre n’était pas uniquement un animateur du Comité de soutien. Il était déjà un nationaliste corse. En l’homme de gauche qu’il était car ayant été cégétiste et communiste, avait d’abord rejoint les rangs autonomistes et plutôt à gauche du Front Régionaliste Corse puis opté pour l’indépendantiste Partitu Corsu pè u Sucialisimu (PCS) qu’avaient fondé des nationalistes d’obédience marxiste-léniniste.


Retour en Corse


Durant l’été1976, Jean-Pierre a réalisé « u ritornu ». S’étant établi à Aiacciu, il a été embauché par le regretté Dominique Alfonsi qui s’échinait à faire vivre une imprimerie et une société d’édition au service de l’initiative, de la culture et de la langue corses. Après l'Affaire du Boeing (à l’issue d’une manifestation nationaliste, l’appareil avait été immobilisé sur la piste de l’aéroport d’Aiacciu par les manifestants puis endommagé par un attentat à l’explosif du FLNC), Jean-Pierre est devenu un des animateurs du Comité Anti-Répression (CAR) qui a bataillé pour obtenir la libération de plusieurs manifestants, dont Dominique Alfonsi, qui après avoir été interpellés avaient été incarcérés à Lyon, et qui observaient une grève de la faim pour arracher leur libération. Avec le CAR, Jean-Pierre a aussi été à la pointe de la lutte contre toutes les formes de répression contre les nationalistes, et de la revendication de dissolution de la Cour de Sûreté de l’État. Au sein du FLNC, à la fin des années 1970, il a contribué à l’impression du premier numéro d’U Ribellu, A voce di i Fronte (le bulletin de propagande du FLNC). Entre 1976 et 1981, il a aussi participé aux manifestations nationalistes et à de nombreuses autres mobilisations.


Militant toujours


Début 1983, à Aiacciu, lors de l'arrivée en Corse de Robert Broussard, alors que la répression du nationalisme allait crescendo et qu’une campagne de dénigrement du FLNC était en cours, Jean-Pierre a été interpellé alors qu’il bombait « Broussard Fora » sur un mur de la Préfecture. Durant les années 1980, Jean-Pierre a été de tous les combats : lutte contre la Corse Française et Républicaine (CFR), investissement dans plusieurs des contre-pouvoirs de la lutte de libération nationale (LLN), participation aux campagnes électorales… Les déchirures des années 1990 au sein de la lutte de libération nationale, n’ont pas eu raison de son engagement militant. Elles ne l’ont pas non plus conduit à pratiquer l’affrontement, bien qu’ayant pris parti pour le FLNC Canal historique et la Cuncolta Naziunalistà. Après l'accord de réconciliation signé en juillet 1999 entre toutes les sensibilités nationalistes à U Migliacciaru, dans le Fium'Orbu, Jean-Pierre a rejoint A Chjama fondée par d'Edmond ; En 2015, il a affiché son soutien à Femu a Corsica. Ceux qui le connaissaient et l’appréciaient retiendront aussi que Jean-Pierre était depuis deux décennies un militant de Ligue des Droits de l'Homme (LDH). Ils auron aussi longtemps en mémoire, qu’il était un pratiquant assidu de la la course à pied. Ch’ellu riposi in pace. Sincere cunduglianze à i soi.


JPB
Crédit photo : page facebook, archive militante
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