Dérives mafieuses : Nazione dénonce et fixe des garde-fous
Nazione a affirmé la nécessité de combattre les groupes mafieux et dit son opposition à une entreprise ambiante de culpabilisation de la société corse.....
Dérives mafieuses : Nazione dénonce et fixe des garde-fous
Nazione a affirmé la nécessité de combattre les groupes mafieux et dit son opposition à une entreprise ambiante de culpabilisation de la société corse ainsi qu’aux législations et juridictions d’exception.
Les responsables de Nazione et les militants ajacciens du parti indépendantiste ont dernièrement dénoncé le développement inquiétant du trafic de stupéfiants en tenant une conférence de presse. L‘actualité s’y prêtait du fait que si les arrestations de trafiquants et de leurs revendeurs et les saisies de stupéfiants qui se multiplient, révèlent certes une intensification performante des actions policière et judiciaire, elles indiquent, malheureusement aussi, une gravité de la situation. C’est d’ailleurs dans un quartier où les habitants sont affectés dans leur vie quotidienne par le deal ainsi que par ce qui en résulte, le quartier d’I Canni, que Nazione a pris la parole. Le choix du lieu a cependant été auparavant expliqué afin de prévenir toute équivoque ou exploitation malsaine: « Dans cet endroit, il existe un certain nombre de situations préoccupantes. Les rixes se multiplient. Les points de deal prospèrent à la vue de tout le monde, par exemple aux abords des immeubles, à proximité d'une école primaire [..] Notre présence à I Canni ne vise pas à stigmatiser ce quartier. La drogue se retrouve aujourd'hui partout en Corse, dans les villes, les villages. »
Un fléau dénoncé depuis longtemps
Au fil de la conférence de presse, Nazione a d’abord signifié son inquiétude face à la croissance du trafic et dénoncé l’apport de celui-ci aux dérives mafieuses : « Le trafic de drogue est, aujourd’hui plus que jamais, la cause majeure des dérives de type mafieuses que connaît la Corse et des drames qui en découlent. La manne financière issue de ce trafic est l'une des causes principales de ces dérives.» Nazione a ajouté et ainsi rappelé que, contrairement à l’État qui longtemps « a préféré concentrer ses forces dans la traque aux nationalistes » et à d’autres forces politiques, la lutte de libération nationale a très tôt dénoncé et combattu le trafic de stupéfiants et ses méfaits sur la société corse : « Cette action a été portée durant des décennies dans l’indifférence générale, voire dans le déni, des autres forces politiques et des représentants de l’État français […] En 2011, le courant indépendantiste, alors par l’intermédiaire de Corsica Libera, tenait une conférence de presse ici même [..] Il livrait cette analyse qui s’est avérée malheureusement lucide et même tristement prémonitoire : on assiste à la montée en puissance de petits voyous qui contrôlent ce trafic lucratif et sans risques au bénéfice de bandes qui en réinjectent les énormes profits dans l’économie. Ce qui veut dire que la société corse est doublement touchée : d’une part, elle subit les ravages de la consommation de drogue, d’autre part, elle voit une partie de son économie contrôlée par des groupes mafieux qui se livrent une guerre sans merci, mettant même en danger les simples citoyens. »
Nécessité de garde-fous
Nazione a affirmé que l’impératif de combattre ces groupes mafieux, nécessitait néanmoins des garde-fous. Le parti indépendantiste a en effet dit son opposition à une entreprise ambiante de culpabilisation de la société corse à des fins politiques (notamment par les déclarations de l’ancien préfet de Corse Amaury de Saint-Quentin soutenant que le crime organisé imprégnait l’intégralité de la société corse) : « Contrairement au refrain repris en chœur par les opposants à toute évolution dans notre pays, ce n’est pas la Corse autonome, et moins encore la Corse indépendante, qui ont enfanté les dérives mortifères actuelles mais bien la Corse française républicaine. » Le parti indépendantiste a aussi mis en garde contre les risques de dérive répressive que représenterait l’instauration de législations et de juridictions d'exception anti-mafia : « Notre histoire récente démontre qu’elles ont été la source de tous les abus de la part de la justice et de la police française. Le mouvement national en a payé le prix fort. Les législations et juridictions dites antiterroristes ont, en effet, démontré combien les régimes d’exception ont engendré des mécanismes de répression arbitraire et d’amalgames judiciaires. » Nazione a d’ailleurs justifié sa non-participation à la manifestation anti-mafia du 8 mars dernier, par le fait que l’instauration d’une législation et d’une juridiction d’exception était revendiquée par les deux collectifs anti-mafia qui appelaient à défiler.»
Pierre Corsi
Crédit photo : Nazione